Médecine : « Les étudiants sont à bout de souffle ! »
Ils sont 560 parents regroupés en collectif sur les réseaux sociaux à se mobiliser pour, disent-ils, défendre « au nom de l’équité » les intérêts de leurs enfants, tous étudiants en première année de médecine, sur le campus Pasteur à Nice. Après une pétition, toujours en ligne, pour près de 2 000 signatures, l’envoi de courrier tous azimuts, y compris sur le bureau de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ces parents en colère entendent passer la vitesse supérieure. Samedi après-midi, ils seront de distribution de tracts, place Masséna à Nice pour aller à la rencontre du public. Expliquer pourquoi la réforme de la première année des études de santé les met en colère et plonge leurs enfants étudiants « dans une détresse psychologique ».
« Triple peine »
« Détresse psychologique », n’estce pas un peu exagéré ? Pas pour Marc (1), membre du groupe de coordination de ces parents en colère qui assène : « Pour nos jeunes, c’est la triple peine : une réforme mal préparée, une année de transition bancale, dans une situation d’isolement due à la crise sanitaire. »
À cette rentrée, en première année de médecine, cohabitent deux systèmes : les 400 redoublants de Paces, l’ancien régime, et les 1 200 étudiants de la nouvelle filière Pass Las. (2)
En gros, la Pass s’organise autour d’une majeure - les études de médecine - et d’une mineure à choisir entre le droit, lettres, philo, staps, etc. La Las, c’est l’inverse, une majeure dans un domaine d’études autre que médecine et une mineure en santé. En présentant sa réforme, l’objectif de la ministre Frédérique Vidal était de supprimer le stress des étudiants soumis au concours de première année et de diversifier les profils des futurs médecins en ouvrant les champs des études.
« Les cours sur leur téléphone, faute de mot de passe pour se connecter »
À écouter ces parents, c’est raté. « Nos enfants sont à bout de souffle. Entre les facultés de l’Université Côte d’Azur, il n’y a eu aucune coordination pour quantifier le volume horaire des cours et les programmes, accuse Marc. Résultat, on aboutit à une double licence pour une masse de travail écrasante. »
Tout cela se joue en distanciel, en raison de la crise de la Covid-19, avec des néoétudiants enfermés dans leur chambre, derrière leur ordi pour suivre les cours. « Parfois, comme ils n’ont pas le mot de passe pour se connecter, ils doivent les suivre sur leur téléphone portable. Alors ne nous parlez pas de stress allégé, s’étrangle Marc qui parle au nom de tous les parents en colère. Par rapport à l’an dernier, il a été démultiplié à cause d’une réforme très discutable. »
Nombre de places toujours en attente
Ce qui les mine, c’est « le manque de transparence et d’infos ». «Les 17 et 18 décembre, les étudiants de Pass passeront leurs partiels à Acropolis. Le campus Pasteur a déjà informé qu’il n’y aurait pas de classement intermédiaire, ce qui permettait aux étudiants de se situer à mi-parcours. Pourquoi ? C’est le grand mystère » grince ce père de famille. Officiellement, il n’y a plus de concours à l’issue de la Pass et Las. « Quand vous fixez un quota de places et que vous classez les étudiants, ça s’appelle un concours »
conteste-t-il. Justement, le « numerus apertus » (nombre de places), les parents et les étudiants de Pass-Las l’attendent. De pied ferme. Il devrait être annoncé d’ici à la fin de l’année. En même temps que le numerus clausus des 400 redoublants de Paces, l’ancien système. Et c’est là, où les parents seront « très attentifs »,
avertissent-ils, pour éviter « toute iniquité. » Eux, réclament 200 places en médecine pour les Pas-Las ainsi que le droit exceptionnel «à titre compensatoire » d’une « annus horribilis » de redoubler cette première année de la réforme.
Affaire à suivre... 1. Le prénom a été changé à sa demande. 2.Voir nos éditions du 22 septembre et du 2 octobre.