« Dans l’intérêt des plus fragiles »
Chef du service pédiatrie de l’hôpital Princesse-Grace après avoir exercé aux Hôpitaux pédiatriques CHU-Lenval, le Dr Hervé Haas rappelle pourquoi la règle des six convives est un moyen de protéger les siens en période de Covid. Durant cette période de pandémie, et tout spécialement pendant des fêtes de fin d’année propices aux rassemblements, chacun est donc invité à faire preuve de responsabilité. Un certain esprit français, rétif à la réglementation, incitera sans doute de nombreux foyers à s’affranchir de cette mesure de bon sens. Voici, selon un spécialiste, pourquoi ce n’est pas forcément une bonne idée.
Pourquoi six à table ?
On aurait pu dire cinq comme on aurait pu dire sept. Il faut bien mettre une jauge.
Et dire aux gens que plus on est nombreux, plus on augmente la probabilité d’avoir autour de la table des personnes qui ont du virus dans leurs voies aériennes et qui risquent donc de contaminer l’entourage.
Or, les fêtes de fin d’année, ce sont précisément des familles réunies, dans une pièce fermée, pour une longue durée. Diminuer le nombre de convives permet, de façon mécanique, de réduire le risque de multiplier les « clusters ». Surtout dans cette période où l’on manque de ventilation parce qu’il fait froid.
Une jauge pertinente ? En Allemagne, c’est cinq…
Des études ont été faites autour d’une jauge à dix. Mais vous savez bien que si l’on dit six, les gens seront huit. En Allemagne, on a tendance à respecter les directives. Dans les pays latins, ce n’est peut-être pas tout à fait le cas. Il faut responsabiliser les Français. Pour que les gens comprennent qu’il ne s’agit pas de les embêter. C’est terrible, ce qu’on nous demande.
Ces fêtes sont fondamentales et pour moi, ce sera difficile de me dire que je devrai me passer de toute une partie de ma famille. Dans l’intérêt des plus fragiles.
Peut-on s’attendre à ce que les gens respectent ?
Je pense que s’ils ne respectent pas, il faut qu’ils sachent pourquoi. Peutêtre que les choses se passeront bien. Mais peutêtre pas. Pour les personnes fragiles de la famille, notamment âgées, on sait que, si elles attrapent la Covid, le risque, ce n’est pas seulement d’être malades, mais bien d’en décéder. La perspective n’est pas juste d’avoir une petite toux, mais d’en mourir. Toutes proportions gardées, on entend beaucoup parler de gens âgés qui succombent à la Covid comme il y a quelques jours encore avec l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing.