Braquage à Villefranche : un paquet de cigarettes accuse
Des retraités avaient été attaqués chez eux la nuit du réveillon du jour de l’an. Mais un paquet de cigarettes qui traînait a permis de confondre l’un des auteurs condamné à cinq ans de prison
Yannick Matta, 29 ans, l’a répété au tribunal correctionnel : «Je suis innocent. » La justice lui reproche depuis son incarcération, le 10 juillet 2019, l’attaque nocturne à main armée de retraités dans leur villa de Villefranche, dans le secteur de l’avenue des Caroubiers le soir du réveillon 2019.
Aldo, 89 ans, Sylviane, sa femme, et Annasa la bellesoeur ont été réveillés vers 2 heures du matin par deux hommes. Et pas pour leur souhaiter une bonne année. Les individus menaçants, violents même, font ouvrir le coffre-fort et dérobent des montres de valeur (notamment une Patek Philippe en or), deux téléphones, un sac de luxe et 4 000 euros en liquide.
Selon l’enquête, trois hommes ont agi de concert. On les aperçoit fuir à bord d’un 4x4, véhicule volé à Aspremont quelques mois plus tôt et équipé de fausses plaques. Il a été retrouvé incendié dans le quartier de l’Ariane à Nice.
Les indices pour identifier les agresseurs sont rares. Les malfaiteurs n’ont pas laissé leurs empreintes hormis... un paquet de cigarettes découvert à deux pas de la propriété. Et sur ce paquet les techniciens de la police isolent l’ADN de Yannick Matta, une vieille connaissance.
« J’ai eu une relation sexuelle dans cette impasse avec ma maîtresse », affirme très sérieusement le prévenu. Ladite maîtresse l’a d’ailleurs confirmé. « Pas très confortable en plein hiver » ,notele président Guillaume SaintCricq,
sourire en coin. «Les saisons, ce n’est plus ça Monsieur le juge », rétorque le prévenu.
D’autres amis se sont empressés de lui fournir un alibi. Ce qui ne manque pas d’amuser la procureure Clotilde Ledru-Tinseau qui les qualifie de « bien ficelés ».
Un peu trop sans doute car certains alibis se contredisent.
Il avait tenté de s’évader en garde à vue
Le comportement du suspect pose également question. Placé en garde à vue à la caserne Auvare, Yannick Matta refuse de donner le code déverrouillage de son téléphone puis enlève ses tongs pour fuir de la caserne Auvare. Une tentative d’évasion caractérisée qui ne facilite pas sa défense, représentée par Me Lionel Ferlaud.
Les policiers avaient de nombreuses questions à poser à Yannick Matta : pourquoi avoir coupé son téléphone la nuit de la SaintSylvestre ? Pourquoi avoir fait des recherches sur Internet sur des montres de valeur deux jours après le vol ? Pourquoi avoir pris une photo de billets de banque ? L’autre handicap du prévenu est son casier judiciaire avec, entre autres, une condamnation en 2015 pour une attaque en tout similaire. « J’étais un délinquant mais ça appartient au passé », s’agace Yannick Matta.
Le 3 janvier, cherche-t-il à écouler des montres et une pierre précieuse de 14 carats ? Yannick Matta s’explique : » En réalité je cherchais à mettre en relation un vendeur de diamant avec un acheteur pour prendre une commission au passage. » Le parquet peu sensible aux arguments du prévenu, requiert cinq ans de prison pour réprimer le vol avec arme et un an pour l’évasion.
Yannick Matta, reconnu coupable de vol aggravé malgré ses dénégations, a finalement été condamné par les juges à un total de cinq ans de prison. Il reste en détention.