Monaco-Matin

Inéluctabl­e

- PHILIPPE CAMPS

Un jour, Patrick Vieira écrira ses mémoires. Il ne faudra pas rater le chapitre niçois. En attendant, on est devant un beau fatras. Y’a des opinions partout et des accusation­s qui traînent. Reste à ranger. La raison, le bilan d’un côté, les émotions de l’autre. Quand la situation est chaotique, un brin de ménage s’impose. Même s’il est grand et costaud, il serait trop facile de tout mettre sur le dos de l’ex-entraîneur du Gym. N’importe quel avocat lui trouverait une flopée de circonstan­ces atténuante­s. Toutes recevables. Fallait-il pour autant lui laisser les clés de l’équipe et du fameux projet ? La question se posait. En cachant sa prolongati­on de contrat sous le tapis, les dirigeants avaient offert un début de réponse. Ils ont juste anticipé l’inéluctabl­e. Sauf revirement, Vieira serait parti fin mai. Il l’a fait début décembre. Le froid est plus vif. Le désespoir aussi. Les histoires d’amour finissent mal. En général. Ça arrive aussi aux histoires d’hommes, de foot et d’amitié. Pas sûr, pourtant, que Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier regrettent d’avoir été chercher le champion du monde  à New York. C’était trop tentant. Et ils ont tenté. Ça n’a pas toujours marché. Vieira n’a pas fait progresser l’équipe, et encore moins certains joueurs. Il n’a pas su porter le groupe, ni élever le jeu. Il s’est trompé de camp lorsque le duo RivèreFour­nier a tenté le coup de force face aux Sino-américains experts en atermoieme­nts. Il a misé sur Ganaye et Grimandi quand la famille Ratcliffe dévoilait ses cartes. Enfin, il n’a pas su se faire aimer des Niçois, ce qui est une faute quand on n’ignore rien du contexte actuel et du passé d’un club à l’environnem­ent parfois volcanique. Tout ça ne fait pas de Patrick Vieira un homme infréquent­able et un mauvais coach. Dans une séparation, les torts sont souvent partagés. Il s’est senti trahi le jour où Rivère et Fournier ont claqué la porte, puis lâché quand Chien Lee a déguerpi. Ça fait beaucoup. Le soir, il n’était pas sur le terrain. Ce qu’on peut regretter quand on sait l’immense joueur et guerrier qu’il a été. Demain, il sera peut-être un entraîneur coté, reconnu, copié, recherché. Emportées par son souffle, ses équipes sèmeront de l’émotion et récolteron­t des victoires. Ce qui n’a pas été le cas au Gym. Demain, Nice sera derrière lui. Il valait mieux que ce soit hier.

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