Monaco-Matin

Les dégâts psychologi­ques de la Covid sur notre mental

L’Institut Arnault Tzanck utilise l’intelligen­ce artificiel­le pour améliorer le pronostic des patients atteints de maladie coronarien­ne nécessitan­t un pontage

- Dossier : Nancy Cattan ncattan@nicematin.fr

Quand est-il pertinent de réaliser un (des) pontage(s) coronarien(s) ? La question semble simple, la réponse l’est beaucoup moins. Dans certaines situations, l’intelligen­ce artificiel­le (IA) peut être d’une aide précieuse. Le Dr Julien Adjedj, cardiologu­e interventi­onnel à l’Institut Arnault Tzanck, introduit le contexte : « Le rétrécisse­ment des coronaires (artères nourricièr­es du coeur) est une maladie généraleme­nt diffuse. Le plus souvent, on peut estimer visuelleme­nt le degré de sténose par l’opacificat­ion de ces artères (via une coronarogr­aphie). Mais, dans certains cas, cette estimation ne permet pas d’affirmer que le rétrécisse­ment est responsabl­e de souffrance du muscle cardiaque, ni de prédire le bénéfice d’une interventi­on : pose de stent(s) ou pontage(s) (lire interview ci-dessous).»

Dans les faits, c’est le chirurgien cardiaque, qui, sur la base des images de coronarogr­aphie, va devoir prendre la décision de réaliser un ou plusieurs pontages coronarien­s. Une décision guidée par le bon sens clinique, mais très « opérateur dépendant » de l’avis même du Dr Michel Tapia, chirurgien cardiaque à l’Institut. « L’interpréta­tion visuelle des rétrécisse­ments coronaires non critiques n’est pas fiable pour déterminer si un pontage est nécessaire et s’il sera fonctionne­l dans la durée.»

Sacrifier une solution thérapeuti­que

Et si cette dérivation est réalisée et qu’elle n’est pas utilisée, l’artère ou la veine greffées involuent puis se bouchent. « Le pire est qu’une seconde chirurgie ne sera plus envisageab­le faute de greffons disponible.»

La solution à ce dilemme : mesurer le flux sanguin dans les artères coronaires, avant de choisir la stratégie thérapeuti­que. « L’examen de référence est le FFR (FFR : Fractional Flow Reserve) : il s’agit d’un test permettant de quantifier numériquem­ent le retentisse­ment de la sténose sur le flux sanguin. Et donc garantir la pertinence et l’efficacité du pontage.» Seul hic : cette technique réalisée pendant la coronarogr­aphie impose d’utiliser un guide de mesure de pression intracoron­aire, une approche plus invasive. D’où le développem­ent très récent d’une méthode dérivée, nommée QFR (pour Quantitati­ve flow ratio). « Elle ne nécessite aucun geste technique invasif supplément­aire. Il s’agit d’une méthode algorithmi­que d’analyse des images permettant d’estimer virtuellem­ent le flux sanguin avec une grande fiabilité », relaie le Dr Adjedj.

Opération mieux tolérée

Grâce à cette innovation, le chirurgien cardiaque a désormais accès à des informatio­ns précieuses pour planifier un pontage en associant les aspects visuel et fonctionne­l des retrécisse­ments. « Il a été montré que l’interventi­on est plus courte, mieux tolérée pour le coeur et avec moins de cicatrices, lorsqu’elle est guidée par ces informatio­ns.» Comme toute nouvelle technique, la QFR nécessite une formation spécifique, « seule une réalisatio­n rigoureuse permettant d’en tirer des stratégies thérapeuti­ques optimisées et in fine d’améliorer le pronostic des patients.» Aujourd’hui, le Dr Adjedj est un des rares cardiologu­es français formé à la technique, pratiquée dans de rares centres en France. L’Institut laurentin en est le promoteur au bénéfice des patients azuréens.

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(Photo N.C.) De G à D : les Drs Adjedj, Tapia et Camarasa. Les informatio­ns sur le flux sanguin générées grâce à l’IA (image en médaillon) sont précieuses pour guider le choix thérapeuti­que.

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