Les dégâts psychologiques de la Covid sur notre mental
L’Institut Arnault Tzanck utilise l’intelligence artificielle pour améliorer le pronostic des patients atteints de maladie coronarienne nécessitant un pontage
Quand est-il pertinent de réaliser un (des) pontage(s) coronarien(s) ? La question semble simple, la réponse l’est beaucoup moins. Dans certaines situations, l’intelligence artificielle (IA) peut être d’une aide précieuse. Le Dr Julien Adjedj, cardiologue interventionnel à l’Institut Arnault Tzanck, introduit le contexte : « Le rétrécissement des coronaires (artères nourricières du coeur) est une maladie généralement diffuse. Le plus souvent, on peut estimer visuellement le degré de sténose par l’opacification de ces artères (via une coronarographie). Mais, dans certains cas, cette estimation ne permet pas d’affirmer que le rétrécissement est responsable de souffrance du muscle cardiaque, ni de prédire le bénéfice d’une intervention : pose de stent(s) ou pontage(s) (lire interview ci-dessous).»
Dans les faits, c’est le chirurgien cardiaque, qui, sur la base des images de coronarographie, va devoir prendre la décision de réaliser un ou plusieurs pontages coronariens. Une décision guidée par le bon sens clinique, mais très « opérateur dépendant » de l’avis même du Dr Michel Tapia, chirurgien cardiaque à l’Institut. « L’interprétation visuelle des rétrécissements coronaires non critiques n’est pas fiable pour déterminer si un pontage est nécessaire et s’il sera fonctionnel dans la durée.»
Sacrifier une solution thérapeutique
Et si cette dérivation est réalisée et qu’elle n’est pas utilisée, l’artère ou la veine greffées involuent puis se bouchent. « Le pire est qu’une seconde chirurgie ne sera plus envisageable faute de greffons disponible.»
La solution à ce dilemme : mesurer le flux sanguin dans les artères coronaires, avant de choisir la stratégie thérapeutique. « L’examen de référence est le FFR (FFR : Fractional Flow Reserve) : il s’agit d’un test permettant de quantifier numériquement le retentissement de la sténose sur le flux sanguin. Et donc garantir la pertinence et l’efficacité du pontage.» Seul hic : cette technique réalisée pendant la coronarographie impose d’utiliser un guide de mesure de pression intracoronaire, une approche plus invasive. D’où le développement très récent d’une méthode dérivée, nommée QFR (pour Quantitative flow ratio). « Elle ne nécessite aucun geste technique invasif supplémentaire. Il s’agit d’une méthode algorithmique d’analyse des images permettant d’estimer virtuellement le flux sanguin avec une grande fiabilité », relaie le Dr Adjedj.
Opération mieux tolérée
Grâce à cette innovation, le chirurgien cardiaque a désormais accès à des informations précieuses pour planifier un pontage en associant les aspects visuel et fonctionnel des retrécissements. « Il a été montré que l’intervention est plus courte, mieux tolérée pour le coeur et avec moins de cicatrices, lorsqu’elle est guidée par ces informations.» Comme toute nouvelle technique, la QFR nécessite une formation spécifique, « seule une réalisation rigoureuse permettant d’en tirer des stratégies thérapeutiques optimisées et in fine d’améliorer le pronostic des patients.» Aujourd’hui, le Dr Adjedj est un des rares cardiologues français formé à la technique, pratiquée dans de rares centres en France. L’Institut laurentin en est le promoteur au bénéfice des patients azuréens.