Monaco-Matin

« Voir les enfants sourire : ce qui fait le charme de ce métier »

- « Pour mon fils je n’ai pas trop de limite » FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

En novembre, le « click & collect » a explosé. Plus de 100 commandes par jour, jusqu’à 160 le lundi, calcule Ludovic, un responsabl­e du magasin JouéClub, toujours connu à Nice sous l’ancien nom de Contesso. Le jeune homme ne compte plus ses pas. Sa montre connectée le fait pour lui. Quatorze kilomètres dans la journée ; depuis la réouvertur­e attendue, l’équipe, de nouveau au complet, a abandonné le retrait en magasin. Et c’est tant mieux. « Voir les enfants sourire, c’est ce qui fait le charme de ce métier », dit Ludovic en admettant toutefois que « c’est parfois usant », puisque « notre capacité de stockage n’est pas illimitée ».

Il est, par conséquent, prudent de se dépêcher. Des références sont encore là, qui devraient bientôt manquer. Quelques exemples : la poupée Baby alive, vendue normalemen­t autour de 40 euros, se négocie entre 60 et 100 euros par des particulie­rs spéculateu­rs qui la revendent sur Internet. Des Barbie Color Reveal, il y en a encore, au prix de 19,99 euros. En ligne, c’est parfois jusqu’à 50 euros. Idem, pour un produit phare de ce Noël 2020 : Lol O.M.G. Remix, une quarantain­e d’euros, un coffret de quatre figurines dont l’une, Kitty K, se revend, seule, 60 euros. Il faut aussi faire vite pour le Cubby l’ours curieux, autour de 70 euros, dont on sait que le fournisseu­r, Hasbro, peine à couvrir toutes les commandes.

Du côté des clients, on a parfois pris son mal en patience. Alexandra venait, petite, avec ses parents. Aujourd’hui, c’est elle qui gâte son fils de quatre ans et demi : « Trois cents euros environ. Pour lui, je n’ai pas trop de limite dans le budget. » Parce qu’elle est prévoyante, Alexandra s’est dit qu’il valait mieux anticiper. « J’ai presque tout acheté avant le confinemen­t. » Aujourd’hui, il ne s’agit que d’un complément.

Gérard, 76 ans, privilégie le magasin plutôt que les sites de vente en ligne. « Les commerçant­s ont suffisamme­nt souffert », explique le retraité, une boîte de Playmobil sous le bras. Ses trois petits-enfants savent exactement ce qu’ils veulent, la liste est bouclée depuis longtemps. Marilyne aussi vient à la boutique. Parce que son comité d’entreprise lui a donné un bon d’achat. « Je n’ai pas envie de sortir de chez moi, mais je boycotte Amazon », dit cette maman qui ne passe par Internet que pour des produits artisanaux. Khalifa, 69 ans, affiche le masque de la sérénité. Treize petits-enfants ! « Je suis venu, ce matin, avec les garçons. Cet après-midi, ce sont les filles. » Son budget, autour de 500 euros, devrait suffire à faire plaisir. Pour lui non plus, pas question de commander sur un site : « Je viens seulement ici. C’est comme une tradition. Ou une mission. »

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