Monaco-Matin

« Noël, c’est le moment où tout est possible ! »

Pandémie, confinemen­t, masque à l’école, attentats, tempête... 2020 n’a pas été une partie de rigolade. Et si la magie de Noël était cette année plus nécessaire encore pour nos enfants ?

- Dossier : AURÉLIE SELVI et SOPHIE RAMBURE kidsmatin@nicematin.fr

D «octeur du bonheur », voilà comment Michèle Battista [ci-contre] se décrit lorsqu’elle aide les lecteurs de kidsmatin.com, notre site d’infos pour les 7-12 ans, à décrypter le monde dans lequel on vit et à en affronter les caprices. Pédopsychi­atre spécialisé­e dans les risques post-traumatiqu­es au sein de l’hôpital Lenval de Nice, elle livre, ici, ses conseils pour bien préparer Noël en cette année si particuliè­re. Une interview à partager en famille.

Les enfants sont-ils forcément perméables aux actus qui inquiètent les « grands » ?

Absolument, mais ils sont aussi toujours en quête du moindre moment de bonne humeur et de bonheur. En , ils ont dû mobiliser une grande plasticité pour s’adapter aux changement­s. Et ils ont réussi, je pense, en fonction de l’adaptation dont leurs parents ont eux-mêmes fait preuve et de la confiance qu’ils ont eue en eux. Par exemple, à l’école, tout le monde avait très peur de la rentrée masquée et puis... ça s’est fait. Ce qui semblait insurmonta­ble a été surmonté, sauf pour quelques-uns.

Noël approche... Quel enjeu cette fête représente-t-elle pour les enfants ?

Pour les enfants mais pas qu’eux, Noël, c’est le moment où tout est possible, où l’on peut souhaiter, espérer. C’est un jour où l’on peut s’autoriser à ne pas se limiter... Le Père Noël est partout, il peut donner des jouets à tout le monde, on peut même en commander par milliers… D’ailleurs, c’est génial car, en général, il vous amène les trois cadeaux auxquels vous n’aviez pas forcément pensé mais qui sont exactement faits pour vous ! Quelles que soient les conditions, Noël, c’est cette magie-là, c’est de l’amour qui circule. Cette fois, la fête sera un peu différente, mais on peut s’éclater quand même.

Ce rendez-vous est-il encore plus important cette année ?

Pas forcément, non. Mais chacun y met l’importance dont il a besoin, et il faut respecter ça. Cette fois, on verra peut-être grand-mère en FaceTime [une applicatio­n de visioconfé­rence, ndlr], ou bien on l’appellera… mais la liberté physique, ce n’est pas la liberté psychique ! Dans nos têtes, on peut être hors limites.

La fête devrait avoir lieu en petit comité. Doit-on préparer les enfants à ça, être transparen­ts ?

Si on insiste là-dessus ça veut dire que nous-mêmes, on n’est pas à l’aise avec ça. On peut aussi leur laisser le temps de réclamer leurs grands-parents et vice-versa. C’est le moment de leur laisser de l’autonomie, de donner de la place à leur désir. Tout expliquer, c’est à nouveau revenir dans un normatif du quotidien. Noël, c’est aussi s’autoriser à se débrider, à ne pas faire comme d’habitude. C’est le moment où l’on mange des choses qu’on ne mange pas d’habitude, où on sort de l’ordinaire.

OK, mais quelles alternativ­es conseillez-vous à ceux qui appréhende­nt d’être privés de cousinades ou de papy et mamie ?

Si le manque des retrouvail­les est trop fort, vous savez quoi ? Noël peut aussi s’organiser un autre jour ! C’est d’ailleurs le cas dans certaines cultures. On peut très bien faire une fête de rattrapage tous ensemble en décalé. En cette période un peu chagrine, cela ne peut que nous faire du bien.

Dans ce contexte, on peut être tenté de gâter davantage ses enfants. Bonne idée ?

Si on fait plus, c’est qu’on a quelque chose à réparer. Qu’estce qu’on a à réparer ? Quelque chose de matériel répare-t-il vraiment les sentiments ? Je laisse à chacun le soin de trouver les réponses à ces questions. Mais il faut se les poser. Certains se disent peut-être que les enfants ont souffert et que les cadeaux peuvent réparer. Mais est-ce vraiment ça dont ils ont besoin ? Je n’en suis pas convaincue. Préparer une belle déco à la maison avec eux, partager le bonheur d’être ensemble, ça oui, ça répare.

A contrario, la crise a plongé des foyers dans la précarité. Doit-on culpabilis­er de faire moins ?

Non ! Mais quand on est sidéré parce qu’on n’arrive plus à boucler ses fins de mois, ce n’est pas facile de se remobilise­r. Alors il faut la jouer collectif. Que les Pères Noël qui ont la hotte qui déborde pensent à aider ceux qui ont du mal à remplir la leur. Ce qu’on n’a pas dépensé dans un forfait de ski ou pour aller voir mamie à l’autre bout de la France, eh bien, soit ça fait un cadeau encore plus gros à lui envoyer à grand-mère, parce qu’on a envie de lui dire qu’on l’aime encore plus que d’habitude ; soit on se dit qu’il y a une petite grandmère à côté de chez nous qui, elle, n’aura pas la visite de ses petits-enfants et à qui on va faire plaisir cette année. C’est ça aussi Noël, faire ce que notre coeur nous dit.

‘‘ Que les Pères Noël qui ont la hotte pleine aident ceux qui ont du mal à la remplir !”

Doit-on dire à ses enfants que tout va mieux aller en  ?

Ceux qui le savent, qu’ils me le disent… J’ai plutôt envie de leur dire qu’on va tout faire pour. En attendant, je souhaite un bon Noël à tout le monde, plein de magie et de poudre de rêve !

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(Photo Eric Ottino)

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