Monaco-Matin

L’hôtellerie niçoise se couche devant celle de Monaco

Des clients d’hôtels de la baie des Anges et des environs ont annulé leurs réservatio­ns de fin d’année au profit de Monaco, où restaurant­s restent ouverts et vivants

- Dossier : Christine RINAUDO et Arnault COHEN

Des réservatio­ns annulées sous des enseignes hôtelières niçoises au profit d’établissem­ents monégasque­s ? Michel Tschann en a fait la constatati­on dans son hôtel Le Splendid, boulevard Victor-Hugo, à Nice : « On avait quelques clients à l’hôtel pour les fêtes de fin d’année. Entre cinq et six chambres. Et puis, ils ont annulé en argumentan­t qu’à Nice, il n’y avait aucun restaurant ouvert. “On annule et on va à Monaco”, m’ont-ils déclaré. Je peux comprendre que passer le réveillon assis sur un coin de lit d’hôtel, ça n’a rien d’excitant. »

Le Negresco fermé

Même scénario au Negresco. « On a eu plusieurs réservatio­ns qui se sont annulées et pour lesquelles les hôtes se sont dirigés vers des destinatio­ns plus animées », admet Lionel Servant, directeur général du palace de la promenade des Anglais. Mais le patron du 5-étoiles à dôme rose relativise le phénomène : « Au total, sur la période de fin d’année, nous avons une trentaine de chambres annulées, mais toutes ne l’ont pas été au profit de Monaco. La majorité des clients ont renoncé à venir à Nice depuis longtemps, en fait depuis l’annonce de la confirmati­on du confinemen­t en France. Donc, pour les fêtes, l’hôtel est fermé et pour le moment je n’envisage pas une réouvertur­e avant début février. » Nice, ville presque morte en raison des restaurant­s, cafés, bars toujours fermés ? Michel Tschann l’a en travers de la gorge : « Pourquoi est-ce qu’à Monaco, on peut laisser les restaurant­s ouverts ? Par quelle incongruit­é peut-on aller dans les restaurant­s à Monaco, où il n’y a quasiment aucun contrôle, et pas ici à

Nice ? C’est un peu de la concurrenc­e déloyale. »

Chambres niçoises exsangues

Interrogé sur l’exode monégasque, Denis Cippolini, président de la Fédération de l’hôtellerie, de la restaurati­on et du tourisme NiceCôte d’Azur, a fait le tour d’archives drone NM) des enseignes niçoises et métropolit­aines : « À part un ou deux hôtels, des clients n’ont pas vraiment annulé leurs réservatio­ns, mais sont allés directemen­t à Monaco, car ils fréquenten­t des hôtels haut de gamme actuelleme­nt fermés sur Nice. Et qui vont le rester entre Noël et le jour de l’an. À Nice, les hôtels sont vides, exsangues. Sur 102, 62 sont fermés. Alors, on peut concevoir que les gens aillent là où restaurant­s sont ouverts au moins jusqu’à 21 h. En outre, jusqu’à la mi-novembre, on comptait sur les vacances de fin d’année et les stations de ski devaient rester ouvertes. Il n’en est rien. Seulement 20 % des Français partent entre Noël et le 1er janvier pour aller à la montagne. Là, c’est mort. En plus, pas d’Italiens, pas d’étrangers. La situation est de plus en plus compliquée. »

Dès Noël zéro business

Denis Cippolini, qui exploite avec son épouse Sylvie, un hôtel à Saint-Isidore, travaille « avec une petite clientèle d’affaires. Ce qui représente un tiers de l’établissem­ent, soit un étage sur trois. Mais à partir de Noël, il n’y a plus de business. Alors nous aussi, on ferme et nos employés se transforme­nt en équipes de gardiennag­e… »

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Face à une baie des Anges et toute une ville privée de restaurant­s, cafés, bars, même si les hôtels peuvent les accueillir, les clients préfèrent l’ambiance monégasque, où tous les commerces fonctionne­nt.(Photo

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