Monaco-Matin

Beloï Tanta du verre àsoi

À Biot, son village et sa source d’inspiratio­n, Anaïs H. Robinson a créé Beloï Tanta, une marque de bijoux délicats et intemporel­s imaginés autour de sa matière fétiche : le verre, évidemment.

- AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr

Comme une multitude de gouttes d’eau. Alignées sur la vitrine et sur les murs de Beloï Tanta, sa boutique-atelier nichée dans une ruelle de Biot, les créations d’Anaïs H. Robinson ont quelque chose d’aquatique. De reposant. Elles semblent couler tranquille­s, attendant un peu de lumière pour révéler leurs reflets.

« Le métier de verrier est très compliqué, je ne le suis pas. Moi je fais des choses très simples, pour être sincère avec l’amour que j’ai pour le verre, pour le mettre en valeur. Pour que les gens qui visitent Biot puissent embarquer un peu de la magie qu’ils ont découvert dans les ateliers de ce village, aussi », résume timidement la créatrice de 34 ans.

Des billes translucid­es montées en boucles d’oreilles toutes simples, aériennes. Des médaillons renfermant des bulles minuscules assemblés avec d’autres petites pièces en colliers et sautoirs pleins de finesse, de caractère. « Je tourne mes médaillons à la main, avec des baguettes de verre borosilica­te et un chalumeau, sans moule, au feeling. Les choses perdent en âme quand elles sont calibrées. » Uniques donc, polies, rainurées, serties, les gouttes de verre sont ensuite assemblées. Sans fioritures pour les oreilles, façon grigris pour les colliers. « Je cherche un équilibre. J’agence différente­s chaînes, pendants, chinés ou ramenés de voyage. Que des gens m’apportent aussi, une alliance qui ne va plus, un souvenir de vacances », détaille l’ancienne élève du London College of Fashion, qui a travaillé dans la mode, pour Harrods ou Balenciaga, avant de revenir dans le village de son enfance. « Je ne l’ai pas fait longtemps. Je suis revenue pour un week-end et je ne suis plus repartie. Je crois que j’étais trop jeune. Je reste admirative du travail fait dans la mode, mais je ne m’y sentais plus très bien. À Biot, j’ai redécouver­t la richesse de mon village, de ses artisans, je les ai regardés faire et j’ai retrouvé l’envie que j’avais perdue. »

Avec les artistes du village

Le verre de Biot, Anaïs en est tombée amoureuse petite. « Mon bus scolaire me déposait devant l’atelier de Robert Pierini, au lieu de rentrer chez moi j’allais chez eux. Les odeurs, les fumées, l’alchimie, les formes qui changent, ça m’a toujours fascinée. » Alors de retour dans le Sud, la jeune styliste s’invite de nouveau chez les célèbres verriers Pierini, restera cinq ans en résidence chez eux. Ils la conseillen­t, lui prêtent du matériel. Même chose chez Bernard Gallas, chalumiste antibois.

Chez Jean-Paul Van Lith ou Claude Pelletier, artiste et orfèvre biotois. Elle se rapproche des créateurs du village. Et se lance. Ce sera Beloï Tanta. « Ça veut dire les “bijoux de ma tante” en provençal, c’est un clin d’oeil au surnom des prêteurs sur gage, et à Fernande, ma tante, une femme inspirante. »

Avec ses économies et un coup de pouce de la commune pour le local, elle ouvre son atelier il y a deux ans. Là, elle travaille en solitaire. Calme et discrète, imprimant sans doute à ses créations cette onde apaisante qui nous avait enveloppés en arrivant. « Mon nom entier, c’est Hermitte-Robinson, c’est peut-être pour ça. Il faut croire que j’étais prédestiné­e ? »

‘‘ Les choses perdent en âme quand elles sont calibrées”

Beloï Tanta. 1 rue de la Poissonner­ie à Biot. Ouvert au public les mardis, mercredis et samedis de 9 h 30 à 12 h 30 et de 15 h à 18 h 30, ou sur rendez-vous. À partir de 50 € le médaillon tout seul.

Rens. 06.67.87.66.86. et www.beloitanta.com

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