Monaco-Matin

J.-B. Massillon, prêcheur du grand siècle

Oratorien, professeur, prédicateu­r célèbre, ce Hyérois qui fut évêque de Clermont-Ferrand devint célèbre en prononçant l’oraison funèbre de princes de sang, dont celle de Louis XIV.

- NELLY NUSSBAUM magazine@nicematin.fr

Né le 27 juin 1663 à Hyères-les-Palmiers (Var), au sein d’une famille bourgeoise, Jean-Baptiste Massillon se destine très tôt à une carrière, ecclésiast­ique. Il partage son éducation entre les collèges de la congrégati­on de l’Oratoire d’Hyères et de Marseille. À 18 ans, il y entre comme novice et étudie la théologie. Brillant, il enseigne dès 1684 la philosophi­e et les lettres dans plusieurs collèges de l’Oratoire où il se fait remarquer pour son éloquence. En 1691, alors qu’il n’est pas encore ordonné prêtre – il le sera un an plus tard à 28 ans – l’archevêché lui demande de prononcer l’oraison funèbre de l’archevêque Mgr Pierre de Villars de Vienne. Dès lors, l’église fait appel à lui pour écrire et prononcer de nombreuses oraisons, notamment celles de Mgr Camille de Neufville de Villeroy, archevêque de Lyon en 1693. Ses discours sont remarqués et incitent l’Oratoire à affecter le jeune prêtre au ministère de la chaire.

Prêtre, grand orateur et l’oreille du Roi

Ses prêches remportent un tel succès que, craignant de basculer dans le péché d’orgueil, il se réfugie en l’abbaye cistercien­ne de Sept Fonds en Auvergne pour y faire retraite. C’est sans compter sur le cardinal de Noailles, évêque de Paris qui le présente à Mme de Maintenon afin qu’il puisse prêcher devant le roi. Pari réussi et le jour de l’Avent 1700, le roi lui avoue « Mon père, j’ai entendu plusieurs grands orateurs dans ma chapelle, j’en ai été fort content. Mais vous, toutes les fois que je vous ai entendu, j’ai été très mécontent de moi-même. »

Compte tenu de sa manière de gérer le royaume et d’agir avec son entourage, les sermons de Massillon ont, semble-il, fait réfléchir le Roi Soleil sur ses comporteme­nts. Pendant plus de vingt ans,

. Prédicateu­r célèbre pendant le Grand Siècle, Massillon qui fut évêque de Clermont-Ferrand prononça des sermons, des panégyriqu­es et de nombreuses oraisons. . La plus connue de ses oraisons funèbres est celle de Louis XIV qui de son vivant avait écouté avec attention les sermons que prêchait Massillon. . Une première statue en bronze en habit épiscopal sculptée par Jean William Henri Pécou et fondue par Durenne en , est restée place de la rade jusqu’en  où elle est partie à la fonderie, victime de la Seconde Guerre mondiale.

(DR, archives du Var et carte postale ancienne)

Massillon va prêcher à Paris, Saint-Gervais ou encore Versailles où il est écouté par des foules entières. Il prononce aussi les oraisons funèbres des Grands du royaume, le prince de Conti en 1709, le Dauphin en 1711 et celle de Louis XIV en septembre 1715 où il déclame « Dieu seul est grand, mes frères et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre, plus leur gloire et leur puissance ont éclaté, plus, en s’évanouissa­nt alors, elles rendent hommage à sa grandeur suprême (…).»

Fidèle à son diocèse

En 1718, il prêche en présence du jeune Louis XV, alors âgé de huit ans. Composé à la maison de campagne de l’Oratoire, son prêche compte dix sermons qu’il réunira dans son recueil le Petit Carême et qui sont un magnifique cours de morale à l’usage des souverains.

L’année suivante, il voit sa carrière couronnée par l’onction épiscopale et un siège à l’Académie Française où il ne se rendra que le jour de son élection. Massillon prend possession de son siège épiscopal à Clermont le 29 mai 1719. Mais, ce n’est qu’à partir du 12 février 1721 qu’il s’y investit à fond, considéran­t que son devoir d’évêque est de rester dans son diocèse où il est très populaire. Il revient à Paris une dernière fois en 1723, pour prononcer l’oraison funèbre de la princesse Palatine. Massillon meurt le 28 septembre 1742 dans sa résidence campagnard­e de Beauregard, à l’âge de 79 ans. Il est inhumé le 2 octobre derrière le maître-autel de la cathédrale de Clermont-Ferrand. Qui aurait pu imaginer qu’un petit Hyérois deviendrai­t un prédicateu­r avisé, écouté et qu’il serait unanimemen­t regretté par les fidèles de son diocèse et le peuple de France ?

‘‘ Avec courage, il critique ouvertemen­t la politique du Roi Soleil”

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