Monaco-Matin

« Fier du bateau, fier de Charlie »

Le “Petit prince des océans“est directemen­t impliqué dans le projet de l’actuel leader de ce Vendée. La parole de François Gabart, vainqueur de l’Everest en 2013, n’en a que plus de poids

- PHILIPPE HERBET

Il est à la voile ce que Mozart fut à la musique classique : un virtuose. Et un monstre de précocité. A 37 ans, seulement, François Gabart a déjà tout gagné : Vendée globe, Route du Rhum, Transat JacquesVab­re, Transat anglaise… Et même « explosé » le record du Tour du monde en solitaire et sans escale sur un Ultime, en 2017, record jusque-là détenu par Thomas Coville. Une circumnavi­gation complèteme­nt dingue, achevée en un peu plus de 42 jours. Mais l’homme est aussi un visionnair­e, en ayant, dès 2006, créé une écurie de courses au large, MerConcept. Un pari sportif et financier. Mais un pari qui pourrait bien, désormais, et grâce à Charlie Dalin (Apivia) - toujours en tête de la flotte sur cette 9e édition -, être à nouveau gagnant. Avant, à son tour, d’inscrire de nouveaux exploits sur l’étrave de son destin puisque, lui aussi, veut continuer à dompter les flots, avec un nouveau bateau XXL actuelleme­nt en chantier…

Votre histoire avec le Vendée est incroyable puisque vous vous êtes imposé dès votre première participat­ion…

On peut parler des vainqueurs, mais prendre part à cette folle aventure et mener son bateau

« Les marins font rêver les terriens. Et on en a besoin

jusqu’à l’arrivée est déjà un exploit. C’est une course fabuleuse, que j’ai eu le bonheur de remporter et qui continue de me faire rêver. De façon différente, et surtout un peu particuliè­re puisque mon équipe et moi avons travaillé sur le projet Apivia. Ce Vendée n’en est que plus passionnan­t.

Aucune frustratio­n de ne pas en être ?

Non... Quand on voit les images, évidemment, on serait content d’être sur l’un de ces bateaux. Mais je ne peux pas parler de frustratio­n. Parce qu’on ne peut pas tout faire et qu’en plus, je prends un plaisir énorme d’être en quelque sorte le garant, à terre, de ce projet Apivia.

Cette édition est décidément hors-norme. Notamment grâce à Jean

».(©Wanaii Films_MerConcept)

Le Cam qui, après avoir fait le show en tête de la flotte, a fait preuve d’une certaine forme d’héroïsme, en allant récupérer, par  mètres de creux, Kevin Escoffier, alors perdu dans l’océan dans son canot de sauvetage…

Ça fait partie de ce qui fait l’histoire de la course. Une histoire qui s’est nourrie de jolis moments, comme à l’occasion de notre duel avec Armel (Le Cleac’h), mais aussi de choses parfois bien plus dramatique­s. Mais oui, Jean est un marin à part. C’est d’ailleurs en partie grâce à lui que j’ai vraiment suivi mon premier Vendée Globe, en -, quand il se tirait la bourre avec Vincent Riou. Ça a été l’un de ces éléments déclencheu­rs qui m’ont donné envie de faire de la course au large. Maintenant, avant qu’il ne récupère Kevin que je connais d’ailleurs particuliè­rement bien j’avoue ne pas avoir bien dormi…

Un moment “inspirant”, malgré tout…

Forcément ! Le Vendée, et surtout les marins, font rêver les terriens. Et on en a besoin pour avancer dans nos vies. Jean en est un exemple. Mais il n’est pas tout seul. Quand on voit l’intensité de ce qui a pu se passer sur ce premier mois de course, ça ne peut que forcer le respect.

Justement, comment analysez-vous ces premières semaines ?

Il s’est passé tellement de choses ! C’était assez dense. Le sauvetage de Kevin, évidemment, a marqué très fort et on ne voit plus la course de la même façon. Mais ce

Vendée, à mes yeux, et sans être complèteme­nt objectif, c’est aussi ce que fait actuelleme­nt Charlie (Dalin). Dans l’équipe, on est fier du bateau qu’on a construit et admiratif de ce qu’en fait son skipper. Je pense aussi et néanmoins à Jérémie (Beyou) et Alex Thomson qui, sur cette édition, ont manqué de réussite. Pour eux, c’est cruel, mais c’est parfois ce qui fait la beauté de cet “Everest de la mer”…

La course jusqu’à présent parfaite de Charlie Dalin, une surprise ?

Pas à mes yeux !

On a vite vu le potentiel du bonhomme à l’entraîneme­nt. Et puis, il a quand même gagné la Jacques-Vabre l’an dernier. Peut-être que le grand public ne le connaît pas suffisamme­nt bien, mais clairement, il faisait dès le départ partie du groupe des vainqueurs potentiels. Maintenant, oui, on est très admiratif de la façon dont il navigue. C’est un très grand marin, qui a un sens exacerbé de la compétitio­n et qui en mer, se montre intelligen­t. Donc, le voir devant n’est pas une vraie surprise. La surprise, c’est plutôt de voir autant d’avaries majeures chez les autres favoris…

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