Monaco-Matin

« L’objectif reste la NBA »

Décisif avec Nanterre, Isaïa Cordinier a pris part au dernier rassemblem­ent de l’équipe de France. À 24 ans, l’ancien Antibois veut désormais s’y installer et n’a pas abandonné son rêve américain

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER

Le garçon a bien évolué. Tant physiqueme­nt que dans son jeu. Il a appris. Patienté. Mangé son pain noir en attendant son heure. Depuis sa draft NBA par les Hawks d’Atlanta en 2016, Isaïa Cordinier a parfois fait du surplace. C’est en tout cas ce que pouvait laisser penser son évolution de carrière. Lui n’a jamais douté. Il a préféré encaisser avant d’exploser. Opéré des deux genoux en janvier 2018, l’ancien arrière des Sharks d’Antibes est resté un an sur le carreau. Il porte aujourd’hui son équipe de Nanterre avec 14.4 points et 6.2 rebonds de moyenne en cinq matchs. Il y a quelques jours, le natif de Créteil a même été rappelé par Vincent Collet pour les deux matchs de qualificat­ion de l’Équipe de France en vue du prochain EuroBasket (2022). Une étape de plus sur sa route vers la piste aux étoiles : les parquets de NBA.

Comment on se sent, après une campagne avec les Bleus ?

C’est toujours une fierté de pouvoir jouer pour son pays et avec ce maillot. On a fait le taf, on sort avec deux victoires, le devoir est accompli. Ça fait plaisir.

Il fallait à tout prix remporter les deux matchs ?

Le premier contre l’Angleterre était vraiment important. L’Allemagne était déjà qualifié en tant que pays organisate­ur donc on voulait mettre le Montenegro et l’Angleterre derrière

(). On avait aussi à coeur de battre les Allemands par rapport à la première fenêtre internatio­nale où on n’avait pas été bons chez eux (défaite -). On voulait prendre notre petite revanche.

Ces rassemblem­ents internatio­naux laissent peu de temps pour créer une alchimie !

C’est clairement ça. Il faut essayer de créer une cohésion et des automatism­es en quatre jours. Une fois que tout le monde est dans le même état d’esprit, on peut s’appuyer dessus. On essaie de construire un collectif en très peu de temps.

Vous aviez des repères ?

Je connaissai­s déjà pas mal de joueurs qui étaient là lors de la première fenêtre. Il y a aussi des gars plus expériment­és qui sont revenus et qui ont pu “driver” le truc. (Andrew) Albicy, (Amath) M’Baye, (Mathias) Lessort… Ils ont l’expérience des compétitio­ns.

Le Cordinier des Bleus est le même que celui de Nanterre ?

Je suis dans un rôle différent, il ne faut pas vouloir trop en faire. Je suis dans l’adaptation mais je joue pour être le plus performant possible. Une fois que tu as commencé à jouer pour le maillot bleu, tu as envie de faire toutes les grandes compétitio­ns. L’Euro, le mondial, les Jeux Olympiques…

Il y a une grosse concurrenc­e à votre poste. Ça donne encore plus de motivation ?

[Il réfléchit] J’essaie toujours de faire partie de l’Équipe de France, donc ça passe par ces fenêtres où je montre que je suis capable d’apporter. Mais il faut d’abord être performant en club. Oui, il y a une forte concurrenc­e, on a la chance d’avoir un gros vivier à mon poste. Mais ce n’est pas en disant : « Je n’ai aucune chance » que tu vas pouvoir y arriver.

Ces sélections valident votre début de saison.

C’était un objectif, je voulais montrer que j’avais progressé un peu partout. La confiance n’était pas la même par rapport au rassemblem­ent de février. Le sélectionn­eur était satisfait.

Il vous a parlé ?

Il m’a dit qu’il était content de ma progressio­n mais que j’avais toujours des choses à corriger pour tendre vers le plus haut niveau.

Vous évoluez actuelleme­nt à votre meilleur niveau ?

Je pense. À l’heure actuelle, je joue mon meilleur basket. Je suis serein, je connais mieux mes qualités. Au-delà du physique c’est dans la tête, sur le côté mental. Je suis en confiance. Mais je suis encore loin de ce que je peux vraiment faire.

C’est compliqué d’être régulier ?

Le rythme est dur. Il y a beaucoup de coupures, surtout si tu attrapes le virus comme moi. Ça se casse tout le temps mais il faut faire avec. On savait dans quoi on se lançait, même si on ne pensait pas que ce serait aussi compliqué.

Le virus ?

Ça a duré une semaine, comme un gros rhume. Physiqueme­nt ça ne m’a pas atteint plus que ça.

Vous êtes resté à Nanterre cet été. Le prochain objectif ?

L’objectif reste toujours la NBA, c’est assez clair. C’est pour ça que je bosse, que je me lève tous les matins. Je n’ai que ça en tête. Il faudra le temps qu’il faudra, mais je n’aurai aucun regret et ça reste l’objectif final. Si ça doit passer par des étapes supplément­aires…

Vous avez des nouvelles des Brooklyn Nets ?

Je suis en contact assez régulier avec eux. Ils regardent mes matchs, me disent sur quoi je dois m’améliorer. Ce n’est pas tous les jours, mais je ne suis pas lâché dans la nature.

Le capitanat en club ?

Ça montre une marque de confiance du staff, de Pascal [Donnadieu, le coach]. J’essaie de le rendre au quotidien sur le terrain. J’apprends. Je suis vocal, mais je ne suis pas non plus celui qui parle le plus. J’essaie d’être le relais du coach, de souder tout le monde… C’est quelque chose d’intéressan­t.

Conseiller des joueurs plus expériment­és que vous ?

C’est surtout une question de respect entre coéquipier­s. Une fois que tu l’as, peu importe l’âge. Le discours est ouvert, que tu sois capitaine ou non.

Si on vous parle de vos blessures aux genoux en  ?

Ça me parle. Je ne l’ai pas en tête, mais c’est quelque chose que je n’oublie pas. J’essaie surtout de me remémorer d’où je viens. Ça m’a apporté énormément de force. Sur le plan physique mais surtout dans la tête. C’est ton combat, c’est toi contre toi. Tu es focus sur toi, tu ne penses qu’à toi. La rééducatio­n, c’est quelque chose d’assez long et monotone.

‘‘ Je savais que j’allais revenir plus fort”

Ça impacte la vie privée ?

Il faudrait demander à ma copine, mais je pense que je suis peut-être plus “relou” quand on perd ou quand je ne suis pas performant (sourire). Ça permet de se concentrer sur les proches. Tu vois qui est vraiment là.

Le moral était bon ?

Je n’ai jamais douté. Je savais pourquoi je le faisais, je ne l’ai pas entrepris sur un coup du sort. C’est moi qui l’ai décidé. Je n’ai jamais eu peur de ne pas revenir ou d’être moins bon. Je savais que j’allais revenir plus fort. Je ne dis pas que je n’ai jamais trouvé ça long, que je ne me suis pas demandé quand est-ce que ça allait être bon. Des fois c’est “relou”, mais je n’ai jamais douté. J’avais confiance dans la rééducatio­n, ça marche aussi avec le ressenti de ton corps. 1. Les Bleus sont 1er de leur groupe et proches de la qualificat­ion pour l’Euro.

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(Photos archives NM et AFP) L’ancien antibois sort de deux sélections avec l’Équipe de France.
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