Roya : comment affronter l’hiver, maintenant ?
Les premières neiges sont déjà tombées sur la vallée de la Roya. Après les dégâts causés par la tempête Alex et les reconstructions encore précaires par endroits, les mois à venir inquiètent
Alors que la vallée de la Roya a entamé sa longue reconstruction (voir ci-dessous), l’arrivée de l’hiver complique la tâche et pèse déjà sur le moral des habitants. Une inquiétude légitime compte tenu de la fragilité des accès routiers, pour beaucoup encore provisoires. Département et mairies se sont mis en ordre de marche pour affronter la neige et le gel de l’hiver. L’objectif principal : qu’aucune commune ne se retrouve à nouveau coupée du monde.
Des coupures provisoires
Si les pistes provisoires ont été renforcées pour permettre d’améliorer leur résistance aux conditions météorologiques, les gués de fortune dans le lit de la Roya restent malheureusement tributaires de la pluie et des risques de crues. « Nous avons installé une équipe sur la vallée, dédiée à la reconstruction, qui surveille en permanence leur solidité. Sur place, tout est fait pour réparer dès que les conditions météorologiques ont un impact sur les gués », assure le président du Département, Charles-Ange Ginésy.
Les opérations préventives d’entretien des voiries départementales sont déjà lancées. « Depuis deux semaines, nous avons une équipe qui part de Breil-sur-Roya et une autre de Tende tous les jours à 5 heures du matin pour saler toutes les routes et les pistes accessibles. Car c’est en étant préventif que l’on évite la problématique du gel », détaille Nicolas Portmann, responsable de la SDA Menton-RoyaBévéra, qui gère les routes départementales.
Il poursuit : « Avec la fermeture du col de Tende et des accès à Casterino, notre zone d’intervention s’est nettement réduite. Le matériel mobilisé pour ces secteurs sensibles, qui nécessitaient une attention particulière, a été redéployé sur le reste de la vallée. »
Si l’entretien des routes disposant d’un enrobé ne devrait poser que peu de problèmes cet hiver, la situation est plus précaire sur les pistes. « Il est possible que nous nous trouvions face à des zones fortement gelées, difficiles d’accès, et qui vont nécessiter une intervention plus particulière que d’autres. On pourrait alors observer des coupures, mais pendant un temps raisonnable. »
Les agents municipaux aussi se tiennent prêts à intervenir pour dégager les voies communales, si besoin. À La Brigue, par exemple, les accès sont encore précaires. La commune est accessible uniquement par une piste réaménagée sur la RD 6204.
Sans pouvoir présager de la tournure que prendra l’hiver, le maire, Daniel Alberti, estime qu’il faudrait « de très fortes chutes de neige doublées d’un grand froid pour rendre cette piste inaccessible ».
Si tel était le cas, sans le train entre Breil et Tende (1), « le train vers l’Italie sera toujours une solution si jamais nous devions être bloqués longtemps ». En cas de problème sanitaire, les hélicoptères pourraient être sollicités afin de prendre en charge des évacuations. « Nous avons également fait quelques réserves alimentairesaucasoù.»
Et l’eau potable ?
L’autre point sensible qui demeure avec l’hiver, c’est l’eau potable. « Suite à la catastrophe, nous avons reconstruit de nombreux réseaux aériens. Depuis, certains ont pu être enterrés de façon définitive, c’est le cas à Breil et quasiment à Fontan »,
souligne Sylvain Michelet, directeur général des services techniques de la Communauté de la Riviera française (Carf).
Reste donc une partie des tuyaux qui, sans possibilité d’enfouissement, se retrouvent exposés aux aléas de la météo. Sur les réseaux principaux de Tende et Saorge toutefois, « nous avons pu installer des tuyaux de plus grande dimension, ce qui les rend moins fragiles aux variations de températures ».
En revanche, « nous restons vigilants sur l’alimentation, de plus petite taille, de certains hameaux »,
affirme Sylvain Michelet. Il précise : « Il faudrait des températures autour de -10 pour faire geler les tuyaux. Cela peut arriver et nous interviendrons. En quantité suffisante, la neige contribuerait à protéger les réseaux des températures pour qu’elles ne chutent pas en dessous de zéro. Si elle venait à tomber plus fortement, provoquant des effondrements de talus, nous saurons réparer ponctuellement. » 1 - La réouverture de la ligne Nice-Cuneo dans son intégralité est, pour l’heure, toujours maintenue au 18 janvier 2021.