Héroïques malgré tout
Malgré leur défaite au bout de la prolongation sur une « pénalité en or » (22-19), les jeunes Bleus ont poussé les Anglais dans leurs derniers retranchements. Loin de la farce annoncée
À Londres, stade Twickenham, l’Angleterre bat la France 22-19 après prolongation (6-13 à la mi-temps, 19-19 à la fin du temps réglementaire).
Spectateurs : 2 000 personnes.
Arbitre : Andrew Brace (Irlande).
Les points :
Angleterre : 1 essai de Lowan-Dickie (80) ; 1 transformation de Farrell (80+1) ; 5 pénalités de Farrell (8, 48, 73, 96) et Daly (19).
France : 1 essai de Dulin (15) ; 1 transformation de Jalibert (16) ; 4 pénalités de Jalibert (28, 36) et Carbonel (70, 76).
ANGLETERRE : Daly - Watson (Malins 69), H. Slade, O. Farrell, May (o) Ford, (m) B. Youngs (Robson 69) - Underhill (Earl 43), B. Vunipola, T. Curry - Launchbury (Hill 43), Itoje - Sinckler (Stuart 65), George (Cowan-Dickie 65), Genge (Marler 58).
FRANCE : Dulin - Raka, Moefana, Danty (Barassi 47), Villière - (o) Jalibert (Carbonel 61), (m) Couilloud (S. Bézy 80) - Jelonch, S. Tolofua, Woki (Macalou 55) - Pesenti (Ducat 55), Geraci - Aldegheri (Atonio 39), Bourgarit (Mauvaka 52), Kolingar (Neti 52).
AANGLETERRE - FRANCE : - (AP)
ussi rajeuni qu’inexpérimenté, le XV de France a longtemps fait trembler les vice-champions du monde anglais à Twickenham avant de chuter en prolongation (22-19), hier, en finale de la Coupe d’automne des nations. Ainsi, au terme d’un match intense et tendu, le XV de la Rose s’est imposé grâce à une pénalité d’Owen Farrell dans la seconde période de la prolongation. Dominés, les Anglais avaient déjà égalisé à la dernière minute par un essai de Luke Cowan Dickie, transformé par Farrell (19-19, 79e). Les Bleus ne finissent donc pas l’année comme ils l’avaient commencée, en s’offrant le XV de la Rose, mais ils ont frôlé l’exploit. Ils terminent deuxièmes de cette Coupe d’automne des nations, derrière les Anglais, comme dans le Tournoi des six nations 2020.
Un essai de Brice Dulin (15e), son premier en Bleu depuis mars 2017, en première période et une performance parfaite au pied
des buteurs, Matthieu Jalibert (8 points) puis Louis Carbonel (6), ont permis aux Français de boucler une année quasi parfaite (sept victoires), seulement gâchée par le faux pas face à l’Écosse (défaite 28-17).
Du XV de la farce à celui de la force
La victoire aurait été d’autant plus belle qu’elle serait intervenue avec une équipe fortement remaniée en raison du compromis entre les deux instances du rugby français, la LNR et la FFR, qui a limité les feuilles de matches à trois pour les internationaux. Heureusement pour Fabien Galthié et sa bleusaille, les chiffres ne suffisent pas pour gagner un match. Car ces jeunes Bleus n’ont pas eu froid aux yeux, bien décidés à faire taire la presse anglaise, qui évoquait « une farce »etune « équipe désespérément appauvrie » pour le Crunch final de l’automne. La réponse est venue du terrain. Avec talent mais aussi un gros caractère, notamment en fin de première période où les Bleus n’ont pas plié devant la pression anglaise, au terme d’une séquence défensive étouffante.
Au bout de la prolongation
Ils ont certes été aidés par les quatre pénalités ratées d’Owen Farrell, mais ils ont surtout fait preuve d’un courage admirable pour faire déjouer les vice-champions du monde. Douze joueurs présents au coup d’envoi à Twickenham l’étaient déjà à Tokyo, en finale du Mondial-2019, perdue devant l’Afrique du Sud (32-12). Peu importe, l’expérience n’a pas beaucoup pesé face à la vaillante jeunesse française, survoltée et portée par la génération championne du monde U20 en 2018 et 2019. Hassane Kolingar (7 plaquages), Killian
Geraci (11 plaquages) ou Cameron Woki (8 plaquages, un ballon volé en touche) ont joué leur rôle, faisant trembler les hommes d’Eddie Jones.
Car ce XV de France-là a été impressionnant de solidité, de courage, de solidarité et d’abnégation. À l’image d’Anthony Jelonch, habituel troisième ligne de Castres, qui a su élever son niveau avec 17 plaquages.
Cela n’a malheureusement pas été suffisant. Pragmatiques, les Anglais ont grappillé leur retard pour aller chercher la victoire après près de 100 minutes de combat.
Avec une moyenne d’âge de 24 ans et cinq petites sélections au coup d’envoi, ces Bleus un peu verts ont certes chuté mais ils ont démontré que l’avenir était rose.