Shibuya Productions reste créatif dans le brouillard
La société monégasque productrice de dessins animés et mangas sort son nouveau jeu vidéo, Twin Mirror, bouclé durant le confinement. Et se tourne avec ambition vers un horizon flouté par la crise
Comme toute entreprise, Shibuya Productions essuie encore régulièrement les répliques de la vague Covid. Mais son capitaine niçois, Cédric Biscay, garde le cap pour maintenir son public en haleine. Et Shibuya a le vent en poupe !
La semaine dernière, le pavillon monégasque a ainsi été hissé simultanément dans le monde entier à l’occasion de la sortie du jeu vidéo Twin Mirror (lire cicontre), coproduit avec les prestigieux studios français Dontnod. « Il est compatible avec la PlayStation 5 et les préventes ont super bien marché. C’est un jeu narratif, ils ont bien la cote. » Un jeu bouclé en eaux troubles. « C’est super quand le produit est terminé et se vend bien, mais on a rencontré beaucoup de problématiques pour le finaliser pendant le premier confinement. Disons qu’il faut trois réunions en visio pour se comprendre aussi bien qu’en une réunion physique », résume Cédric Biscay.
En octobre, c’était le Tome II du manga Blitz, qui se déroule dans l’univers en vogue des échecs, qui sortait dans les bacs. Peu de temps après, les librairies prenaient l’eau, contraintes à la fermeture par le contexte sanitaire ! Émergeait alors l’impossibilité pour Shibuya de se replier sur les ventes dématérialisées, les sociétés monégasques n’étant pas éligibles à la marketplace d’Amazon. Et si certaines ont pu ruser en rattachant leur activité à des partenaires ou structures physiques en France, Cédric Biscay préfère attendre que l’horizon se dégage. « On est les premiers à vouloir bénéficier de l’image de Monaco, ce n’est pas pour trouver un pare-feu au moindre truc. Moralement, ça me pose un problème. »
« Cercle vertueux »
Sortir un jeu vidéo et un manga en pleine crise reste un petit miracle pour cette entreprise « atypique » et « familiale » productrice de jeux vidéo, dessins animés et mangas. Une boîte qui commence à drainer une belle communauté de fans et avance contre vents et marées grâce à sa cohésion, selon son fondateur. « Notre taille, c’est la clé. Tout le monde fait des heures et a envie de sauvegarder notre travail. On est fiers et super agiles, les décisions sont rapides. »
Un « cercle vertueux » qui explique le choix, face à la baisse d’activités, «de n’avoir mis personne au chômage temporaire ou partiel ». La dernière avarie n’a que quelques jours avec l’obligation de reporter pour la seconde année consécutive le salon Magic, dédié à la pop culture, qui ne retrouvera son vaisseau amiral du Grimaldi Forum qu’en 2022. Reste un espoir de maintenir l’évènement au Japon, en novembre 2021 à Kyoto. « Nous avons accueilli la princesse du Japon, c’est un gros événement en termes d’impact », admet Cédric Biscay, qui réfléchira à deux fois au maintien après la « grosse perte sèche » subie après l’annulation du Magic 2021 en Principauté.
Pas de quoi baisser le pavillon pour autant. Outre de « mini-events » en préparation, Shibuya s’apprête à surprendre sa communauté de fans avec un nouveau produit. Au printemps, «un jeu plus modeste, de distraction utile » verra le jour. Au programme : sport et fitness. Pour entretenir sa longévité.