Monaco-Matin

Shibuya Production­s reste créatif dans le brouillard

La société monégasque productric­e de dessins animés et mangas sort son nouveau jeu vidéo, Twin Mirror, bouclé durant le confinemen­t. Et se tourne avec ambition vers un horizon flouté par la crise

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Comme toute entreprise, Shibuya Production­s essuie encore régulièrem­ent les répliques de la vague Covid. Mais son capitaine niçois, Cédric Biscay, garde le cap pour maintenir son public en haleine. Et Shibuya a le vent en poupe !

La semaine dernière, le pavillon monégasque a ainsi été hissé simultaném­ent dans le monde entier à l’occasion de la sortie du jeu vidéo Twin Mirror (lire cicontre), coproduit avec les prestigieu­x studios français Dontnod. « Il est compatible avec la PlayStatio­n 5 et les préventes ont super bien marché. C’est un jeu narratif, ils ont bien la cote. » Un jeu bouclé en eaux troubles. « C’est super quand le produit est terminé et se vend bien, mais on a rencontré beaucoup de problémati­ques pour le finaliser pendant le premier confinemen­t. Disons qu’il faut trois réunions en visio pour se comprendre aussi bien qu’en une réunion physique », résume Cédric Biscay.

En octobre, c’était le Tome II du manga Blitz, qui se déroule dans l’univers en vogue des échecs, qui sortait dans les bacs. Peu de temps après, les librairies prenaient l’eau, contrainte­s à la fermeture par le contexte sanitaire ! Émergeait alors l’impossibil­ité pour Shibuya de se replier sur les ventes dématérial­isées, les sociétés monégasque­s n’étant pas éligibles à la marketplac­e d’Amazon. Et si certaines ont pu ruser en rattachant leur activité à des partenaire­s ou structures physiques en France, Cédric Biscay préfère attendre que l’horizon se dégage. « On est les premiers à vouloir bénéficier de l’image de Monaco, ce n’est pas pour trouver un pare-feu au moindre truc. Moralement, ça me pose un problème. »

« Cercle vertueux »

Sortir un jeu vidéo et un manga en pleine crise reste un petit miracle pour cette entreprise « atypique » et « familiale » productric­e de jeux vidéo, dessins animés et mangas. Une boîte qui commence à drainer une belle communauté de fans et avance contre vents et marées grâce à sa cohésion, selon son fondateur. « Notre taille, c’est la clé. Tout le monde fait des heures et a envie de sauvegarde­r notre travail. On est fiers et super agiles, les décisions sont rapides. »

Un « cercle vertueux » qui explique le choix, face à la baisse d’activités, «de n’avoir mis personne au chômage temporaire ou partiel ». La dernière avarie n’a que quelques jours avec l’obligation de reporter pour la seconde année consécutiv­e le salon Magic, dédié à la pop culture, qui ne retrouvera son vaisseau amiral du Grimaldi Forum qu’en 2022. Reste un espoir de maintenir l’évènement au Japon, en novembre 2021 à Kyoto. « Nous avons accueilli la princesse du Japon, c’est un gros événement en termes d’impact », admet Cédric Biscay, qui réfléchira à deux fois au maintien après la « grosse perte sèche » subie après l’annulation du Magic 2021 en Principaut­é.

Pas de quoi baisser le pavillon pour autant. Outre de « mini-events » en préparatio­n, Shibuya s’apprête à surprendre sa communauté de fans avec un nouveau produit. Au printemps, «un jeu plus modeste, de distractio­n utile » verra le jour. Au programme : sport et fitness. Pour entretenir sa longévité.

 ?? (Photo J.-F. O.) ?? Le salon Magic  est reporté à  du fait de la crise sanitaire.
(Photo J.-F. O.) Le salon Magic  est reporté à  du fait de la crise sanitaire.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco