« Le moindre relâchement susceptible de provoquer une flambée »
Le département suit la tendance observée partout en France avec une baisse sensible des hospitalisations en réanimation - on est passé depuis le 4 décembre au-dessous de la barre des 50. Mais, les clusters continuent de se multiplier dans certains quartiers (à BonVoyage et L’Ariane à Nice) notamment, mais aussi dans des Ehpad et dans les hôpitaux, après Antibes, c’est l’hôpital de Menton qui faisait face la semaine dernière à une vague de contaminations dans ses murs. Concernant les hospitalisations pour formes graves (hors réanimation), après une baisse régulière induite par le confinement, elles semblent repartir un peu à la hausse ces derniers jours. Le Dr Matteo Vassallo, chef du service d’infectiologie du centre hospitalier de Cannes, envisage le prolongement des mesures restrictives comme une sage décision.
On dénombre aujourd’hui dans les A.-M., patients Covid en réanimation et dans les autres services. Concernant les formes graves, les données locales, en dépit de la circulation du virus, n’incitent-elles pas un peu à l’optimisme ?
Certes, les cas très sévères et les décès sont moins nombreux que lors de la première vague, parce qu’on sait mieux soigner. Mais, il reste qu’on a eu, et que l’on continue d’avoir, beaucoup de patients hospitalisés et relativement jeunes : à ans en moyenne, avec souvent les mêmes trois facteurs de risque majeurs : diabète, obésité, hypertension.
Il y a trois semaines encore, les services de réanimation, et dans une moindre mesure, les unités d’hospitalisations conventionnelles étaient à la limite de la saturation. Par ailleurs, après avoir bénéficié des effets du confinement, on observe depuis quelques jours une petite remontée des cas. Donc, non, tout ne va pas bien.
On l’a compris lors de l’intervention du Pr Salomon, l’objectif des nouveaux cas quotidiens au décembre ne sera pas atteint. Était-il réaliste ?
Probablement pas. On se souvient que l’épidémie est repartie très fortement en septembre et octobre, après le relâchement post premier confinement. On n’avait pas cru que ça allait repartir ainsi. Mais, depuis, on a plus de visibilité. Et même si les cas graves sont moins nombreux, le nombre de contaminations est encore élevé.
Modifier le calendrier du déconfinement, prévu au décembre, vous paraîtrait-il dès lors pertinent ?
Oui, ce serait une bonne initiative. Au vu des derniers chiffres, le virus circule toujours très activement. Le moindre relâchement est susceptible de provoquer une flambée de l’épidémie. On attend une période critique après les fêtes de fin d’année. Si rien ne change, je vois mal comment on pourra éviter une troisième vague, même si on peut espérer qu’elle sera moins meurtrière que la première.
L‘Italie, pour ne citer qu’elle, a durci encore ses restrictions sanitaires pour les fêtes de fin d’année…
Oui, c’est à l’opposé des mesures prises par la France : les , et , les Italiens n’auront pas le droit de circuler d’une commune à l’autre.
Avec cette circulation active du virus, ne pourrait-on parier sur l’immunité collective, plutôt que prolonger encore les restrictions ?
Pour qu’il y ait immunité collective, il faut qu’un très grand nombre de personnes soient touchées. On peut prendre l’exemple de Bergame [ville italienne située dans la région de la Lombardie, Ndlr] ; elle a été la ville la plus touchée lors de la première vague, avec % de la population contaminée. Certes, elle n’a pas connu de deuxième vague. Mais au prix de milliers de morts. Toute une génération a disparu.
Un peu d’espoir dans la vaccination ?
Je crois beaucoup au vaccin, mais je comprends dans le même temps les réticences des Français. On manque de données scientifiques complètes nous permettant d’expliquer à la population de quoi il s’agit vraiment. Elle a besoin légitimement d’être informée sur les effets secondaires, le mode d’action, etc.
Dès janvier, les personnes les plus vulnérables, les résidents en Ehpad, seront vaccinées. Une étape importante vers la protection collective ?
Pour que la vaccination ait un effet collectif, il faut que plus de % de la population soit vaccinée, ce qui prendra quoi qu’il en soit plusieurs mois. Et qui plus est, ces premiers vaccins, intradermiques et intramusculaires, sont efficaces pour prévenir les formes graves, mais ils ne protégeront probablement pas bien du portage du virus. En clair, on pourra toujours transmettre le virus. Il est donc important de garder en tête que les mesures barrières devront rester encore longtemps d’actualité.