Monaco-Matin

Victoire Loup femme de goûts

La Cannoise, qui a d’abord pensé suivre la tradition familiale en travaillan­t dans le parfum à Grasse, s’est fait un nom dans la critique culinaire. Elle vient de sortir À la maison et Cuites, deux livres de cuisine avec de grands chefs.

- Rens. alamaisonl­elivre.com Plat réconforta­nt ou petit bouillon AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr

J’ai toujours aimé manger. J’aime bien parler de cuisine et pas de gastronomi­e, parce que manger est un besoin humain, nécessaire, par opposition au luxe qui est sous-entendu dans la gastronomi­e. La cuisine, c’est un langage universel, terre à terre, généreux. J’adore tout ce qui a trait à la nourriture et, surtout, aux histoires humaines derrière. »

À trente ans tout rond, Victoire Loup (Louapre de son vrai nom), a fait de sa passion son métier. Pas aux fourneaux, plutôt au stylo. Blogueuse et critique culinaire suivie par plus de 30 000 personnes sur son compte Instagram, celle qui est née à Cannes et a grandi dans une famille de parfumeurs entre Cannes, Mougins, Marseille et Paris, s’est spécialisé­e dans le

consulting culinaire. Le quoi ? Le

consulting culinaire.

Avec sa société, In The Loup, qu’elle a créée en 2015 entre Los Angeles et Paris, la jeune femme conseille des chefs qui s’installent aux États-Unis ou des profession­nels qui y développen­t des produits. Avec le chef Ludo Lefebvre, avec les marques Airbnb ou Pommery, elle joue les guides sous le soleil de la Californie. Elle a même assuré le rôle de juré dans des émissions télé culinaires de l’autre côté de l’Atlantique. Hyperactiv­e ? Sans doute.

Ne pas mollir !

Pendant le confinemen­t du mois de mars, qui perturbe sérieuseme­nt le secteur, et qu’elle a passé dans le Var chez ses beaux-parents du côté de Bormes-les-Mimosas, la jeune femme s’est aussi lancée dans la rédaction de beaux livres saveurs, histoire de ne pas mollir. Un livre sur les recettes de grands chefs chez eux, À la maison ,un autre sur des recettes anti-gueule de bois, Cuites (lire ci-dessous), qui ont reçu un bel accueil.

« Avec Cuites, on a été sold out en

◗ À la maison. 170 x 220 mm. 172 pages. 24,90 €.

◗ Cuites. 170 x 220 mm. 155 pages. 19,90 €.

Textes Victoire Loup. Photos Victor Picon. Édition Human Humans. deux semaines et on en a fait imprimer de nouveau, on est très contents », glisse-t-elle. «Cesontles éditeurs, Human Humans, qui m’ont contactée pour Cuites d’abord, À la maison est venu ensuite et s’est fait assez vite. Human Humans sont des amis que j’ai rencontrés il y a une dizaine d’années », raconte celle qui est en train de se transforme­r en business woman à qui tout réussit. Parce que décidément, Victoire Loup fait tout ça avec une simplicité et un enthousias­me désarmant.

« En fait, j’ai étudié les sciences politiques. Pour mes études, je suis partie à Londres, en Australie, en Allemagne, j’adore vivre à l’étranger et découvrir les cuisines locales… Étudiante, je préférais courir les petits restos que réviser… », s’amuse-t-elle.

Elle fait d’abord des stages dans le

Première expérience en librairie pour Victoire Loup, le beau livre À la maison. Sorti à la rentrée, en collaborat­ion avec le studio de production Human Humans, l’ouvrage est vendu au profit de l’associatio­n Ernest, qui porte des paniers bio aux familles en grande précarité. Dedans, soixante recettes et anecdotes livrées par de grands chefs français. Pierre Gagnaire y dévoile une ventrèche de thon au navet blanc, Anne-Sophie Pic des ravioles de blette, brousse et ricotta, Christophe Michalak un curry végétal. Les Azuréens Mauro Colagreco (Le Mirazur, à Menton) et Gaël et Mickaël Tourteaux (Flaveur, à Nice), proposent une salade printanièr­e et un chapon farci à la niçoise… milieu de la parfumerie, où travaille sa famille et où elle s’imagine travailler plus tard. «Les odeurs, les huiles essentiell­es, tout ça a, je pense, aiguisé ma curiosité. Il y a un vrai lien entre le parfum et les saveurs… », dit-elle. Pour son dernier stage, elle change de secteur et atterri au Fooding à

Paris, le guide culinaire branché qui présente les établissem­ents «qui font le goût de l’époque ». « J’ai adoré ! » Tellement, qu’elle en devient même un temps la directrice communicat­ion et continue, depuis, d’y chroniquer des établissem­ents.

Socca du Vieux-Nice et fruits du marché Forville

C’est décidé, Victoire préférera donc le palais au nez. Et se fera vite un nom dans le domaine de la critique culinaire. Toujours en quête de nouvelles adresses et de nouvelles saveurs. « Mes parents « Ce livre est né pendant le premier confinemen­t, avec un sentiment d’urgence, il a été écrit en un mois, raconte Victoire Loup. On a l’habitude de voir ces grands chefs sous une toque, dans leurs belles cuisines, la situation nous a donné l’envie de rentrer un peu dans leur intimité. Tous ont joué le jeu, sur les chefs contactés, seuls deux n’ont pas souhaité participer. »

Le deuxième, Cuites, sorti début novembre, sur une idée de Human Humans et du chef Arnaud Jourdan (d’Arles), regroupe soixante « recettes faciles pour lendemains difficiles », présentées par de grands cuisiniers. « Là, j’ai eu plus de refus, certains

‘‘ La cuisine, est un langage universel, terre à terre, généreux”

‘‘ Je préfère toujours les cuisines régionales”

ne cuisinaien­t pas énormément mais ils voyageaien­t beaucoup et m’ont toujours habituée à goûter plein de choses différente­s et toutes les cuisines locales. Je préfère toujours les cuisines régionales d’ailleurs, aux plats uniformisé­s. »

Et la cuisine du sud, est-ce qu’elle y reste attachée ? « Ah oui, je cherche de la farine de pois chiche quand je suis à Los Angeles pour faire de la socca… Je garde en mémoire celle du Vieux-Nice, ou les fruits et légumes du marché Forville à Cannes, les petits farcis ou la tourte de blettes ! »

Pour l’instant, Victoire Loup est à Paris, en attendant que la situation s’améliore. Et ? «J’aieuilya quelques jours une idée pour un troisième livre, mais je ne peux pas encore en parler ! » ont été de mauvaise foi !, plaisante la Cannoise. C’est amusant parce qu’il y a plusieurs écoles pour les lendemains de cuites. On a des gros plats réconforta­nts ou des bouillons très fins, c’est très varié et on s’est beaucoup amusé à faire ce livre. Ce que je préfère, moi ? Je ne sais pas, je bois très rarement à outrance… Un dal, un curry de lentilles corail peutêtre ? Mais les lendemains de soirées, souvent, je mange les restes ! » Ici, on découvre la « tarte du lendemain » du grand pâtissier Philippe Conticini, la galette complète et oignons de l’étoilé breton Bertrand Larcher ou le croustilla­nt d’oeuf de poule, fricassée de champignon­s et artichauts du doublement étoilé Michel Roth (Président Wilson , Genève).

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