Monaco-Matin

Société générale/Crédit du Nord : une fusion et  agences en moins

Les deux banques ont annoncé la création d’un nouvel ensemble fort de dix millions de clients. Un tournant qui s’accompagne de fermetures mais « sans départs contraints »

-

Confronté à un environnem­ent en profonde mutation, le groupe bancaire Société Générale a officialis­é hier le projet de fusion de ses deux réseaux de détail en France, Société générale et Crédit du Nord, en vue de créer une nouvelle banque forte de près de dix millions de clients.

Le projet va passer par la fermeture de 600 agences mais « il n’y aura aucun licencieme­nt, aucun départ

contraint », a assuré Sébastien Proto, directeur général adjoint du groupe, estimant que les départs naturels ces prochaines années permettron­t de mener à bien le projet tout en continuant à recruter.

Les syndicats très inquiets

Les syndicats craignent eux de nombreuses suppressio­ns d’emplois, en raison des doublons entre les deux structures. La CFDT du Crédit du Nord estime « entre 5 000 et 7 000 » le nombre d’emplois menacés par cette opération et déplore l’absence du chiffrage de « l’impact social » du côté de la direction.

À l’issue d’un week-end de consultati­on des conseils d’administra­tion concernés, le groupe au logo rouge et noir a décidé que les deux réseaux ne feraient plus qu’un à compter du premier semestre 2023. Cette décision intervient après une étude sur le sujet lancée mi-septembre. Le groupe entend préserver la même empreinte territoria­le tout en réduisant le nombre d’agences - dans une même ville. Il passera ainsi d’environ 2 100 agences à fin 2020 à environ 1 500 à fin 2025.

Transforma­tion des comporteme­nts des clients

« Notre objectif est d’anticiper l’évolution des comporteme­nts des clients dans les années qui viennent dans un environnem­ent pour les banques de détail qui évolue très vite et très profondéme­nt », souligne M. Proto. Le groupe anticipe une accélérati­on de cette évolution au sortir de la crise sanitaire, avec un recours accru aux services en ligne et des attentes encore plus fortes de réactivité et d’immédiatet­é dans les services bancaires.

Le groupe bancaire a accusé une perte de plus d’un milliard d’euros au premier semestre sous l’effet de la crise de la Covid-19, avant de se reprendre en partie au troisième trimestre.

Dans ce contexte, il a annoncé au cours de l’été la nomination d’une nouvelle équipe de direction sous la houlette du directeur général Frédéric Oudéa, en vue de préparer son futur plan stratégiqu­e qui doit notamment permettre de réduire ses coûts. La fusion des deux réseaux bancaires constitue l’une des premières réalisatio­ns concrètes de la nouvelle équipe.

Faire face aux « startups »

La Société générale espère aussi faire des économies « grâce à des investisse­ments informatiq­ues concentrés sur un seul système et non plus sur deux ». La question des investisse­ments informatiq­ues est actuelleme­nt cruciale pour les groupes bancaires, confrontés à l’émergence de jeunes pousses très innovantes (comme Revolut ou N26 par exemple) et aux ambitions des géants technologi­ques américains ou asiatiques qui multiplien­t les incursions dans le secteur financier.

La facture à régler pour mener à bien le projet est quant à elle estimée entre 700 et 800 millions d’euros, qui seront payés l’an prochain pour l’essentiel.

 ?? (Photo AFP) ?? Jusqu’à présent, le groupe Société générale avait organisé son activité de détail en France sur trois réseaux, profitant chacun d’un large niveau d’autonomie : le réseau sous son nom, celui du Crédit du Nord et la banque en ligne Boursorama.
(Photo AFP) Jusqu’à présent, le groupe Société générale avait organisé son activité de détail en France sur trois réseaux, profitant chacun d’un large niveau d’autonomie : le réseau sous son nom, celui du Crédit du Nord et la banque en ligne Boursorama.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco