Brexit : poker perdant
C’est la fin de partie. Le décembre, l’infernal poker du Brexit s’achèvera et nul ne peut dire, à cette heure, si l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni trouveront un accord ou s’ils se tourneront définitivement le dos. Inutile, d’ailleurs, de tenter un pronostic sur les conversations en cours pour surmonter les blocages (notamment sur les zones de pêche, la concurrence et le règlement des différends), ce type de discussion au couteau réserve toujours des surprises de dernière heure. Un grand pessimisme règne sur l’issue finale, néanmoins elle n’est pas tout à fait écrite. Chaque joueur masquera son jeu le plus longtemps possible pour obtenir le maximum d’avantages si compromis, au bout du compte, il y avait. Une chose est, cependant, acquise : l’UE et la Grande Bretagne sortiront affaiblies de cette confrontation. L’Europe, d’abord, parce que, pour la première fois de son Histoire, elle va perdre un de ses membres. Et pas des moindres ! Certes, les Britanniques ont été des empêcheurs de tourner en rond depuis leur entrée dans l’Union en . On comprend donc que certains se réjouissent de leur départ. Il n’empêche, il donne un coup d’arrêt à cette patiente construction et intervient, hélas, au moment ou deux pays, la Pologne et la Hongrie, en contestent les principes fondamentaux. L’accumulation des difficultés, en général, ne permet guère de progresser. Elles risquent même d’aggraver les tensions au sein de l’Union. Mais le Royaume-Uni a, semble-t-il, beaucoup plus à perdre dans ce divorce avec ou sans consentement mutuel. Certes, la Grande Bretagne, en étant le premier pays au monde à lancer cette semaine une campagne de vaccination contre la covid-, peut arguer qu’elle agit vite car libérée des contraintes bruxelloises. Pour autant, le bilan de Boris Johnson, le Premier ministre anglais, face à la pandémie, est le plus désastreux en Europe avec déjà plus de morts. Ajoutons qu’en sortant de l’UE, le Royaume-Uni a vu son économie partir en vrille : tous les chiffres y sont dans le rouge mais la situation deviendra pire si la sortie définitive se fait sans accord. Près de la moitié des exportations britanniques ne sont-elles pas à destination de l’Union ! Sans oublier un risque de désagrégation car l’Écosse entend, elle, rester dans l’Europe. Et bien d’autres difficultés à venir, en particulier entre l’Irlande et l’Ulster. Boris Johnson semble se comporter aujourd’hui comme un enfant jouant avec des allumettes. Il veut mettre le feu dans la maison Europe, et nul doute que son comportement y attise des foyers préoccupants, reste qu’il court surtout le risque d’embraser tout simplement son pays. On connaît la résilience anglaise mais Londres, cette fois, court de grands périls.
L’Union européenne et la Grande Bretagne sortiront affaiblies de cette confrontation