Monaco-Matin

« Le premier contrat est rempli »

Au sein de la FT Racing Academy fondée fin 2019 avec l’ami Sam Thomas, Marc Fontan a pris sous son aile quatre apprentis pilotes, dont le Varois Alexis Boudin, vice-champion d’emblée

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Il y a quarante ans, il marquait de son empreinte le palmarès des  Heures du Mans avant de coiffer la première couronne de champion du monde d’endurance, le tout en compagnie d’un certain Hervé Moineau. Aujourd’hui, il sillonne toujours les circuits. La casquette de guide a remplacé le casque du chasseur de chrono. Voilà douze mois, Marc Fontan s’est lancé un nouveau challenge. Top départ pour la FT Racing Academy, une pépinière que l’ancien pilote vivant à Villeneuve-Loubet codirige avec son compère varois Sam Thomas. Détection, formation, progressio­n : tels sont les mots-clés d’une structure dont la trajectoir­e a débuté sur les pistes du championna­t de France Supersport . En enchaînant les podiums d’entrée, s’il vous plaît !

Marc, comment a germé l’idée de mettre en piste la FT Racing Academy l’an dernier ?

Après les arrêts successifs de la Dark Dog Academy et du Moto Tour, avec Sam, on s’est posé la question. Faut-il couper le contact ? Réflexion faite, nous trouvions dommage de tourner la page alors que l’on a encore la pêche. La moto, vous savez, c’est passionnel. Une flamme que vous gardez à vie. En voyant tous ces jeunes pilotes partir très tôt en Espagne, l’envie de créer un team français dédié à la détection et à la formation a vite mûri. Au début, on lorgnait le Mondial  Supersport. Une marche un peu trop haute d’emblée, sans doute. Mieux vaut éviter de mettre la charrue avant les boeufs. Alors cap sur le championna­t de France, avec l’aide de la FFM et en partenaria­t avec Yamaha. Chez nous, il y a

Vous appliquez la même méthode qu’à l’époque des Laconi, Jacque et Gimbert, lorsque vous dirigiez l’équipe de France vitesse ?

Oui, sauf que là, nous partons du bas de la pyramide. Pour la saison , on a sélectionn­é quatre jeunes de  ans et plus possédant un certain potentiel. On estime qu’ils sont capables de progresser au sein de notre structure. Savoir accélérer et freiner fort, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Pour gravir les échelons, il faut acquérir une sensibilit­é technique, avoir le goût du travail, réflechir sans cesse à tout ce qu’il est possible d’améliorer. Avec Sam et les ingénieurs de la FT Racing, nous leur inculquons ce savoir-faire. On les épaule, on les guide, voilà !

Rallye de Monza : Stéphane À  ans, il négociait là son cinquième rallye. Le premier « taille Mondial » après un apprentiss­age à l’échelon régional jalonné de trois podiums dont une victoire sur les pentes du haut pays niçois, en  et . Stéphane Richelmi n’oubliera pas de sitôt ce Rallye de Monza.

Une expérience de dingue », résume le pistard monégasque qui ne s’attendait pas à prendre un tel bain de boue et de neige en l’espace de trois jours. « Les cadors du WRC l’ont eux-mêmes reconnu : que ce soit dans l’enceinte du circuit ou dans les montagnes de la étape, on a eu des conditions extrêmes. » Au volant d’une Volkswagen Polo R qu’il découvrait en compagnie de Romain Haut

Labourdett­e, le champion du monde d’endurance  (catégorie LM P) a plutôt bien mené sa barque : du scratch et de la classe RC malgré

«Le coronaviru­s vous a mis beaucoup de bâtons dans les roues ?

Pas mal, quand même. D’abord, la phase de préparatio­n, ô combien importante, a été stoppée net par le confinemen­t, au printemps, moins de deux mois après notre première séance d’essais. Ensuite, si le championna­t est parvenu à éviter le couperet de l’annulation, son format très compact n’a pas facilité la tâche de nos pilotes. Les manches s’enchaînaie­nt presque sans relâche. Impossible de caser un roulage ici ou là entre deux week-ends de course comme en temps normal, quand il n’y a qu’une échéance par mois.

Quid de l’épreuve de sélection pour la saison  prévue en novembre ?

Elle a été reportée. Là aussi, on s’adapte. Nous avons un rail percuté le vendredi et environ ’’’ perdue en visitant les bas-côtés le samedi. « À la fin, on m’a balancé que j’étais prêt pour partir à l’assaut du Monte-Carlo. Si je rêve de relever ce défi un jour, pas sûr que ce soit ma prochaine course. Les automatism­es du pilotage en mode rallye commencent à rentrer, certes. En revanche, je peine à accepter l’idée de lâcher des secondes, reçu des dossiers, des demandes. Les jeunes postulants doivent s’armer de patience. Si la situation le permet, on les réunira sur le circuit du Luc entre la semaine prochaine et la trêve des confiseurs.

Le bilan  est-il à la hauteur de vos attentes ?

On peut dire que le premier perdre du temps, ici ou là. » Dimanche soir, Stéphane Richelmi a en tout cas refermé cette parenthèse italienne avec une certitude confortée : « Plus que jamais, je respecte les pilotes de rallye. Discipline très exigeante où il y a beaucoup de paramètres à gérer. Moi, je n’ai pas peur de vous le dire : le circuit, c’est plus confortabl­e ! »

G. L. contrat est rempli, oui. Les quatre membres de la FT Racing Academy ont tous progressé. Ils terminent dans le top . On totalise pas moins de  podiums. Notre pilote féminine, Line Vieillard, a montré l’exemple en finissant e de la course d’ouverture, à Magny-Cours. Hélas, la suite fut plus compliquée à cause d’une blessure, mais elle termine la saison de belle manière à Nogaro (deux fois e, ndlr). En l’espace de trois mois, ils ont acquis les atouts pour aller plus loin, plus haut.

Le meilleur élément est Varois et il a pris le train en marche...

Oui, Alexis Boudin vit à Saint-Mandrier. À  ans, il restait sur une mauvaise expérience en Espagne au guidon d’une Pré-Moto. De quoi songer à tout arrêter. Nous sommes entrés en contact par l’intermédia­ire du Moto Club Zone Rouge du Luc. Comme une place venait de se libérer chez nous, il a remplacé au pied levé un pilote parti pour raisons personnell­es dès la e étape, sur le circuit Carole. Franchemen­t, je ne m’attendais pas à le voir enquiller les podiums de la sorte. Parce qu’il débarquait sans le moindre repère, avec le moral dans les chaussette­s, qui plus est. Alexis s’est montré brillant. Il a surpris beaucoup de monde, nous y compris.

Le voilà vice-champion de France Supersport . Et maintenant ?

‘‘ Ils ont tous acquis les atouts pour aller plus loin, plus haut ”

On a envie d’aller plus loin avec lui. Il le mérite. En , le mieux serait qu’il rempile au même niveau pour une saison complète, cette fois, avec comme objectif de confirmer en décrochant le titre haut la main. Ensuite, il pourrait enclencher la vitesse supérieure dans les rangs de la Coupe d’Europe FIM Yamaha R bLU cRU. Un tremplin qui lui permettrai­t de disputer certaines manches du World SSP.

Malgré le contexte actuel et les perspectiv­es incertaine­s, le championna­t du monde Supersport  reste dans le viseur de la FT Racing Academy ?

Absolument ! L’an prochain, nous rempilons dans l’Hexagone avec Alexis, Line, Lucas Sassone et le petit nouveau de  ou  ans qui sera bientôt sélectionn­é. Mais on garde à l’esprit cette volonté initiale d’accompagne­r plus haut ceux qui ont une vraie chance de percer.

C’est notre ambition.

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(Photopress) Marc Fontan : « On a envie d’aller plus loin avec Alexis Boudin (ci-dessus au guidon de sa Yamaha R). Il le mérite. »
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