Monaco-Matin

Des bougies pour rallumer la flamme de la COP

De membres du collectif des citoyens pour le climat se sont réunis samedi pour une action symbolique visant à rappeler que le combat reste d’actualité cinq ans après l’Accord de Paris

- ALICE ROUSSELOT

Cinq ans après l’Accord de Paris, que reste-t-il des engagement­s pris par 195 États en faveur de l’environnem­ent ? Pas grand-chose, jugent la plupart des écolos français. Pour cette date anniversai­re, ils étaient donc nombreux, dans le pays, à se mobiliser en vue de remettre l’accent sur la nécessité à agir. Vite.

À la tombée de la nuit, samedi, des membres du collectif des citoyens pour le climat de Menton et de la Riviera française se sont ainsi réunis pour une opération intitulée « Rallumons les lumières à Menton ». Bravant le vent, la dizaine de participan­ts s’est efforcée d’allumer des bougies dessinant le texte « Climat #1,5 °C » – référence à la promesse de maintenir l’augmentati­on globale des températur­es sous la barre des 1,5 °C.

Lente prise de conscience

« C’est aussi difficile que la lutte pour le climat », ironise une femme alors que les chauffe-plats retombent un à un dans la pénombre, sans pour autant abandonner son combat du soir.

Parmi les participan­ts, Yvette explique se préoccuper du climat depuis maintenant 40 ans. « À l’époque, c’était mon fils – écolo à 15 ans – qui m’avait conduite à m’y intéresser. Mais depuis, les choses n’ont pas tellement évolué. Les évolutions sont toujours lentes. » Celle qui vit l’hiver à Menton garde malgré tout espoir. Pour elle, le changement se fera à échelle individuel­le. Et une prise de conscience semble être en oeuvre. « J’ai l’impression que la crise de la Covid aide. Pas tant pour le lien entre l’environnem­ent et l’épidémie mais parce qu’avec le confinemen­t, les gens ont le temps de réfléchir. Ça les force à s’arrêter dans l’hyperactiv­ité ambiante. »

À quelques pas, un jeune homme se montre plus inquiet. « C’est à nous de faire bouger les choses, et cela devient urgent. Des amis à moi n’en ont rien à faire de ces questions-là… c’est dramatique », souffle-t-il.

Organisate­ur des différente­s marches pour le climat sur le territoire, Laurent Lanquar Castiel veut quant à lui relancer le combat citoyen. « C’est difficile de se réunir, de faire des choses dans le contexte actuel, les mobilisati­ons ont pris du plomb dans l’aile en un an. Alors cet anniversai­re, c’est d’une certaine manière le réveil après 9 mois de confinemen­t. Il faut montrer notre déterminat­ion », expose-t-il. Tout en continuant à allumer des bougies récalcitra­ntes. De son point de vue, les conséquenc­es du dérèglemen­t climatique sont bien présentes. En témoignent les récents événements sur le territoire de la Carf. « On nous dit que la tempête Alex est exceptionn­elle. Sauf qu’on nous disait pareil pour les intempérie­s à l’ouest du départemen­t en 2015, pour la mini tornade à Nice, pour la tempête Adrian à Menton et les éboulement­s à Sospel en 2018. Tous les ans une autre partie du territoire est touchée. L’exceptionn­el devient quotidien », résume-t-il. Pointant du doigt une double difficulté géographiq­ue : aux risques associés au littoral s’ajoute ici la rudesse du milieu montagnard. Rappelant que les solutions pour freiner la chute en matière d’environnem­ent sont connues : construire des logements économes en énergie, développer les transports en commun… «On attend aujourd’hui les financemen­ts pour la ligne ferroviair­e Nice-BreilCuneo. Quand on l’appelait la “Ligne de vie” il y a encore cinq ans on nous prenait pour des fous. Après la tempête Alex, la première idée formulée a été de refaire le tunnel de Tende sur son emprise actuelle. Alors que des photos qui ressortent montrent qu’en 1993 on savait mettre des voitures sur les trains… », poursuit-il. Conscient que sans action – urgente – à échelle internatio­nale, les migrants climatique­s seront de plus en plus nombreux à se présenter à la frontière.

Dépasser le « blabla »

« Nous avons de plus en plus le sentiment que les citoyens y croient mais pas le gouverneme­nt. Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a un réel problème autour du climat. Mais il n’y a que les citoyens qui font quelque chose, grince Géraldine, l’une des porte-parole – avec Laurent Lanquar – du collectif écologiste candidat aux dernières élections municipale­s à Menton. L’accord de Paris c’était du blabla. Il faut des actes, au lieu de ça le gouverneme­nt réprime les mobilisati­ons… » Mais à l’image de leur déterminat­ion à allumer des bougies en dépit de circonstan­ces défavorabl­es, les citoyens entendent bien ne rien lâcher sur le sujet.

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Les citoyens demandent que les engagement­s pris en  soient tenus.
(Photo Cyril Dodergny) Les citoyens demandent que les engagement­s pris en  soient tenus.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco