Monaco-Matin

Douanier, il vient parler de son métier aux collégiens

Raphaël Schneider, douanier à Menton, a parlé engagement et citoyennet­é avec des collégiens de l’établissem­ent Vento. Arrivé « la fleur au fusil », il a été touché par l’attention des élèves

- ALICE PATALACCI menton@nicematin.fr

Je ne savais vraiment pas comment ça allait se passer », rigole Raphaël Schneider, douanier à Menton, pompier volontaire à Breil et réserviste pour la Marine nationale.

Une personne plutôt habituée aux situations les plus délicates, mais qui s’est lancée un nouveau défi le mois dernier : aller parler engagement à une classe de collégiens de l’établissem­ent Vento de Menton.

« Et je suis arrivé la fleur au fusil », complète-t-il.

Des élèves attentifs

« Il est venu en uniforme, ça a marqué les élèves », se souvient Clémence Carles, conseillèr­e principale d’éducation. « On avait prévu deux heures d’interventi­on sur la citoyennet­é et le vivre-ensemble, en ayant peur que ce soit un peu trop. Mais il a su intéresser toute la classe, et même susciter quelques vocations », glisse-t-elle.

Raphaël a effectivem­ent senti les élèves à l’écoute.

« Surtout quand je parlais de douanes, de pompiers et d’armes aux garçons. Les filles, elles, étaient intéressée­s par tout », commence-t-il par se souvenir.

Le sujet de l’engagement reste assez difficile à aborder et le douanier a préféré le prendre au sens large. « Je leur ai expliqué que, quand on commence quelque chose, il faut le finir. Et, surtout, le faire avec le coeur ».

Le « vilain petit canard » familial

Raphaël n’était pas forcément destiné à être douanier. Ni pompier, ni militaire.

Il a commencé par des études d’histoire, un début de carrière comme professeur vacataire, avant de se rendre compte que ça ne lui plaisait pas tant que ça.

« Mon ex-femme a passé le concours des douanes. J’ai trouvé ça intéressan­t, donc je lui ai embrayé le pas en 2002. Aujourd’hui, j’adore ce que je fais », précise-t-il. Et il honore là une longue tradition familiale car, depuis son arrièregra­nd-père, la plupart des garçons travaillen­t dans l’armée.

« Avec le concours des douanes, j’étais un peu le vilain petit canard de la famille.

Donc j’ai ajouté l’uniforme de pompier volontaire, puis celui de réserviste pour la Marine nationale », dit-il avec humour. « J’ai rejoint l’armée en 2006, où je suis instructeu­r préparateu­r militaire. Je forme des jeunes qui voudraient rejoindre l’armée à des savoirs de base et je leur transmets des valeurs ».

Quatre ans plus tard, en 2010, un collègue douanier le fait rentrer chez les pompiers volontaire­s de Breil. « Je n’aurais pas osé y aller seul, je prenais les pompiers pour des surhommes », rigole-t-il. « Aujourd’hui, mes trois carrières se complètent et je suis ravi ».

Des histoires de douanier

Malgré un CV et un quotidien bien rempli, Raphaël était particuliè­rement fier d’avoir animé cet échange avec les collégiens mentonnais. « Ça me permet de parler de sujets que je n’aborde pas avec mes collègues, de raconter mes meilleures affaires à la douane… Et, si ça peut leur apprendre quelque chose ou leur ouvrir des perspectiv­es, c’est encore mieux », ajoute-t-il. Écouter le douanier parler de ses plus belles saisies est d’ailleurs une partie qui a grandement intéressé les élèves, qui « avaient l’impression de vivre ce qu’ils voient dans les reportages ». Et Raphaël de tenir son auditoire en haleine en parlant de la prise d’1,5 tonne de cannabis, de la saisie d’une quinzaine d’armes de poing ou la découverte d’une camionnett­e abritant deux lionnes, un caïman et 15 dingos.

« Ce genre d’interventi­on est intéressan­te car ça leur permet de voir qu’il y a quelqu’un sous l’uniforme. Une personne comme une autre, qui a sa vie de famille et ses problèmes personnels. Ils voient le pompier autrement qu’au volant de son camion, ou le douanier d’une façon différente qu’au péage de La Turbie », explique-t-il.

En tout cas, même s’il peut passer du temps au péage de La Turbie, Raphaël aime vraiment son métier.

« Tout est possible »

« Je sais quand je commence, jamais quand je finis, ni ce que je vais faire de ma journée. Pour moi, un bon douanier est un chasseur qui a envie d’aller au fond des choses. Et de travailler en équipe », résume-t-il.

Après l’uniforme de douanier, celui de pompier volontaire : Raphaël en a profité pour parler de sa semaine passée à Breil, pour aider les sinistrés dans l’urgence. « On allait voir si les gens allaient bien, notamment dans les maisons isolées et les hameaux, les rassurer, aider à l’évacuation si besoin. Il a aussi fallu nettoyer, distribuer de l’eau, de la nourriture et, malheureus­ement, compter les disparus », détaille-t-il. Il a d’ailleurs été impression­né par la solidarité des bénévoles qui sont venus spontanéme­nt et en nombre pour aider, ainsi que la générosité des donateurs. « J’ai aussi trouvé l’appareil étatique impression­nant et efficace. Beaucoup de choses sont maintenant accessible­s, alors qu’on est en pleine montagne », souligne-t-il. Et d’achever : « J’espère que j’aurais montré à ces jeunes que tout est possible et qu’on peut avoir la carrière qu’on souhaite ».

‘‘ Pour moi un bon douanier est un chasseur ”

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(Photo Jean-François Ottonello) Passionné, Raphaël Schneider aurait paraît-il déjà suscité quelques vocations.

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