« Un savoir-faire unique en France »
Renaud Muselier, président de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur
Vous voulez faire de la Région un avantposte de la lutte contre le virus. Le dépistage dans les eaux usées est un élément clé de votre stratégie ?
On a pu constater dans le cas de la Covid- que le bataillon des marins-pompiers de Marseille s’était spécialisé dans le dépistage sur les zones grand public, c’est-à-dire les distributeurs de billets, les boutons d’ascenseur, etc. En faisant des recherches, ils ont mis en place un dispositif qui fait en sorte qu’en prélevant les eaux usées d’un territoire, ils savent que le virus est là et comment il prospère. Au début, cette démarche nous avait rendus un peu sceptiques. Mais on a constaté que cela se fait en Australie, en Hollande et également, avec une autre logique, sur Paris. Ce processus a été vérifié et amplifié avec l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) de Marseille. On sait donc que quand on dépiste la Covid dans les eaux usées, on peut remonter jusqu’à un quartier, un pâté de maisons ou un Ehpad.
À quel niveau s’effectuent les prélèvements ?
Dans le grand collecteur qui va se jeter dans la station d’épuration et ensuite, on remonte vers les canaux. Si tout est vert, bien sûr, pas besoin de remonter. On peut, par exemple, s’intéresser à l’égout d’une zone d’activité. Et si on trouve du positif, dépister la totalité des salariés de cette zone. C’est très impressionnant parce que la précision peut aller jusqu’à l’appartement. Je suis fier de ce savoir-faire et l’idée maintenant est de cartographier toute la région : Digne, Briançon, Toulon, Nice, etc., ce qui représente tout de même % de la totalité de la population régionale.
Quelle suite est donnée aux résultats des prélèvements ?
On tient au courant l’Agence Régionale de Santé, on prévient le président de la Métropole ou le maire qui a donné accès aux prélèvements et il lui appartient de trouver les moyens pour courir devant le virus plutôt que derrière.
Combien de prélèvements est-on en mesure de réaliser ?
On en fait autant que l’on veut. Les marinspompiers apprennent aux métropoles, qui fonctionnent souvent en régie, à effectuer les prélèvements. Après, tout est transmis pour analyse aux marins-pompiers, parce qu’encore une fois, ce sont eux qui ont le savoir-faire et il est unique en France. L’expertise est donc faite sur Marseille [Ndlr, à Nice, elle est opérée localement], on verra ensuite comment la délocaliser.
Pour vous, plus que jamais, la lutte anti-Covid doit s’intensifier en Paca ?
Je pars du principe qu’il faut que l’on prenne notre destin en main et éviter les soubresauts de décisions centralisées. Vous le savez, je suis médecin et la priorité pour moi est au sanitaire. Je suis président de la Région et toutes les régions ne peuvent pas êtres traitées de la même manière. On nous donne en permanence des courbes anxiogènes sur la circulation du virus quand ça monte qui entraînent un sentiment de dangerosité et donc on nous confine. Mais l’inverse ne se fait pas.
Deux mots sur la vaccination : vous citez l’Allemagne en référence. C’est l’exemple à suivre chez nous ?
Il faut se servir de cet exemple. En Allemagne, l’État fédéral finance les vaccins et les Länder s’occupent de l’organisation, notamment la mise en place de centres de vaccination. Il leur appartient de se procurer et de financer les accessoires nécessaires à la mise en oeuvre professionnelle des vaccinations, comme les seringues, les aiguilles ou encore les désinfectants et une aide des médecins locaux est prévue en cas de besoin. Et puis, le gouvernement fédéral prévoit une vaccination en trois phases – une pour les personnes prioritaires, une ouverture aux autres populations et enfin une prise en main par les professionnels de santé –, ce qui me semble être une bonne chose.