Attentat du 14 juillet 2016 : « Nous réclamons justice »
Des membres de l’association Promenade des Anges ont été reçus par la juge Chantal Russo en charge de l’instruction sur le volet sécurité. Des avancées et des regrets
Ils devaient être reçus le 20 novembre dans le cadre de l’instruction relative au dispositif de sécurité du 14 juillet 2016, mais l’audition - promise depuis février - avait été reportée. Alors, vendredi, ils avaient la boule au ventre qu’on leur dise, une fois encore, « c’est annulé »...
Mais non : quatre des huit coprésidents de Promenade des Anges ont bien été reçus par la juge Chantal Russo et par les deux autres magistrates co-saisies. « Nous allons enfin avoir accès au dossier », souffle Thierry Vimal, président de l’association créée au lendemain de l’attaque terroriste qui a fait 86 morts, près de 500 blessés et des milliers de personnes traumatisées. Anne Gourvès précise : « Il aura fallu attendre quand même quatre ans et demi pour pouvoir obtenir les pièces de l’instruction ! »
« On ne lâchera pas »
Lors de l’audition qui a duré quatre heures, l’association Promenade des Anges a eu le sentiment d’être « écoutée », dit Thierry Vimal, très éprouvé, « c’était vraiment dense ».
Une nouvelle épreuve qui n’entache pas leur détermination à faire éclater la vérité : « Nous sommes usés, fatigués, mais on ne lâchera pas. On le doit aux victimes, à nos proches, aux enfants blessés, à ceux qui ont perdu un papa ou une maman. On le doit aux personnes traumatisées. On doit pouvoir savoir quelles ont été les failles et connaître les responsables. » Celui qui a repris le flambeau de l’association, avec d’autres proches de victimes, est soulagé que la justice ait pris le temps de les entendre, mais il déplore : « Nous voulions une réunion des parties civiles, comme ça a été le cas dans le volet terroriste, mais elle ne pourra pas avoir lieu. » Les parties civiles sont 165 dans ce volet sécurité. Anne Gourvès ajoute : « On nous a expliqué que c’était une question de budget et de logistique, que c’était impossible en Province. » De quoi les rendre amers : « En fait, on nous dit clairement qu’on ne veut pas financer une instruction qui pourrait, peut-être, mettre en cause l’État ou des élus locaux. Les victimes étrangères ne comprennent pas et se demandent si la justice est vraiment indépendante en France. Elles se disent qu’il y a peut-être des pressions politiques. »
Anne Gourvès grince : «Ça peut finir en incident diplomatique. »