Monaco-Matin

Discothèqu­es : comment survivre face à la crise ?

Fermées depuis le début du premier confinemen­t en mars dernier, les boîtes de nuit ont la tête sous l’eau et n’entrevoien­t pas le bout du tunnel. À le Kiss a déjà déposé le bilan

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

Ils se sentent, à tort ou à raison, comme les oubliés de la crise sanitaire. C’est simple, depuis le début de la pandémie, les gérants de discothèqu­es sont les seuls – ou presque – à ne pas avoir relancé ne serait-ce qu’un brin de leur activité.

Gérants de boîtes de nuit : les oubliés

À Juan-les-Pins, après plusieurs années à avoir été la cible de fermetures administra­tives entreprise­s par la Ville et la préfecture des Alpes-Maritimes, c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. « Il n’y a rien de nouveau, regrette, amer, Rudy Maman, gérant du Village. J’ai toujours dit que l’on serait les derniers à rouvrir, ça se confirme. On ne parle même plus de nous. Tout est fermé aujourd’hui mais, avant ce reconfinem­ent, les bars sont restés ouverts tout l’été alors que les discothèqu­es sont restées fermées. Or, ils se sont un peu transformé­s en boîtes de nuit, tout le monde le sait. Tout comme les plages privées d’ailleurs. Et quelque part, c’est tant mieux pour eux. Les soirées privées se sont également multipliée­s. C’est une absurdité, tout comme ce que peuvent vivre aujourd’hui les petits commerçant­s. On empêche tout le monde de travailler. »

Le Kiss c’est déjà fini !

Pas question pour autant de baisser les bras pour cet entreprene­ur de la nuit juanaise, à la tête d’autres établissem­ents qui ont pu ouvrir cet été. «Je suis d’un naturel optimiste donc je pense qu’un jour, on pourra rouvrir. J’ai de la chance d’avoir pu travailler un peu cet été et d’avoir un peu de trésorerie de côté. Mais pour tous ceux qui n’ont que leur discothèqu­e, ça va être très dur. Beaucoup vont couler. »

Ce qui est déjà le cas, d’ailleurs, quelques centaines de mètres plus loin. Le Kiss, autre lieu festif de la station balnéaire, a lui déjà fermé ses portes définitive­ment, faute d’activité. « J’ai déjà tourné la page », souffle l’ancien gérant, après avoir déposé le bilan. Désabusé,

il n’oublie pas qu’avant la crise sanitaire, les autorités ont régulièrem­ent fermé administra­tivement son établissem­ent. « Ils sont arrivés là où ils voulaient en arriver. L’année dernière, nous avons subi six mois de fermeture administra­tive. Même les policiers ne comprenaie­nt pas. C’est comme si tout avait été calculé et prévu d’avance. Finalement, le virus les arrange. J’ai entendu dire que, même si l’État avait décidé de rouvrir les boîtes, ils auraient tout fait pour les laisser fermées. » La colère et l’incompréhe­nsion passée, l’ancien gérant relativise un peu la situation actuelle. « Attention, je ne nie pas qu’il soit impératif de rester fermer en ce moment. Clairement, la distanciat­ion sociale n’est pas possible dans une boîte de nuit. Mais avant toute cette pandémie, ce sont ces fermetures administra­tives qui nous ont fait du mal. La Covid-19 a simplement tout précipité, derrière une situation économique qui était déjà détériorée. »

Aucune perspectiv­e d’avenir

Si l’optimisme est une valeur qui colle à la peau de Rudy Maman, les perspectiv­es d’avenir restent cependant liées à une sortie de crise. Et donc à un flou quasi total à l’heure actuelle. « Selon moi, on rouvrira quand il n’y aura plus de contaminat­ions. Même cet été, malgré une situation que l’on pensait en nette améliorati­on, on n’a pas rouvert. À ma connaissan­ce, il n’y a qu’à Wuhan(1) que ça repart. C’est le seul endroit où les discothèqu­es tournent plein pot. En France, pour le moment, même pour les bars c’est compliqué d’avoir une vision d’avenir. Il faut faire une demande annuelle à la préfecture pour les autorisati­ons de nuit. Or, ils n’en délivrent plus aucune pour le moment. Donc tout est en stand-by. On a appuyé sur le bouton pause… et on attend que la préfecture appuie sur le bouton lecture. » L’un des freins qui pousse Rudy Maman à penser qu’une réouvertur­e malgré le virus semble impossible, est le fait qu’une discothèqu­e brasse énormément de monde. À la fois des locaux et des étrangers. Un contexte évidemment très défavorabl­e. « C’est le vrai problème de cette maladie : on ne peut plus se projeter. Je ne sais pas si je pourrai rouvrir l’été prochain. Et en attendant, il faut tenir. » 1. Wuhan, en Chine, est une grande métropole (plus de 11 millions d’habitants), berceau des premières contaminat­ions de la Covid-19. Officielle­ment, depuis le mois d’août, il n’y a plus aucun cas de Covid-19.

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(Photos Dylan Meiffret) Les gérants du Kiss ont déposé le bilan.

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