Monaco-Matin

Deal ou no deal ?

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Un tout petit répit. Certes, le Brexit, c’est-à-dire le divorce officiel entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, date de l’année dernière. Une période de transition avait toutefois été prévue jusqu’au  décembre . Nous y sommes. A vingt jours de la rupture fixée, le Premier ministre anglais, le bouillant

« Bojo », spécialist­e du coup de poker, annonçait déjà urbi et orbi le « no deal », c’est-à-dire la sortie définitive et sans accord commercial de la Grande-Bretagne hors de la famille européenne. Mais il a tout de même accepté, in extremis, en milieu d’après-midi, que les négociateu­rs poursuiven­t leurs discussion­s. Deal ou no deal, cette affaire nous concerne tous. On parle tant du Brexit, depuis quatre ans, sans que rien ne bouge, que cette affaire semble n’intéresser que quelques diplomates dont c’est le métier. Du coup, aucun Français, ou presque, ne se sent concerné par les palabres entre Londres et Bruxelles. C’est un tort. Et la volonté du Royaume-Uni de reprendre sa liberté aura des conséquenc­es qui sont loin d’être anodines. En réalité, c’est bien toute une série de changement­s concrets, difficiles, auxquels un éventuel Brexit exposera tous les Européens.

D’abord, un bouleverse­ment de tout le trafic aérien et du transport routier entre l’île et le continent. Si les frontières, avec toutes leurs paperasses, s’appliquent entre l’Angleterre et la France, on imagine déjà la cohorte des camions de tous pays et de toutes contenance­s qui seront condamnés à attendre, près de Calais ou de Boulogne, avec leur cargaison, périssable ou pas, l’autorisati­on de poursuivre leur chemin vers Londres. On imagine aussi sans difficulté à quel point le sort des Français qui, depuis des années ont fait leur vie en Angleterre, va se compliquer. Comme celui des Anglais qui ont choisi, depuis longtemps, une villégiatu­re en Dordogne ou près de Florence. Et puis il y a surtout, donc, les pêcheurs français, directemen­t impliqués, qui seraient accueillis de belle façon par la Royal Navy, qui a déjà dépêché sur zone quatre navires de guerre, s’ils espéraient trouver du poisson dans leurs lieux de pêche habituels. Le rétablisse­ment des droits de douane, en revanche pénalisera­it les exportatio­ns anglaises et renchérira­it les coûts d’une grande partie de leur alimentati­on importée.

Tel est le pari de Boris Johnson. Pari fou, pari génial ? Le royaume de sa majesté verrat-il son économie bondir, ou souffrira-t-il au contraire de cette rupture programmée ?

En tout cas, dans l’immédiat, si le Premier ministre anglais refuse tout geste d’accord, il devra assumer la responsabi­lité d’un grand désordre en ces temps déjà bouleversé­s.

« Tel est le pari de Boris Johnson. Pari fou, pari génial ? Le royaume de sa majesté verra-t-il son économie bondir, ou souffrira-t-il au contraire de cette rupture programmée ? »

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