Deal ou no deal ?
Un tout petit répit. Certes, le Brexit, c’est-à-dire le divorce officiel entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, date de l’année dernière. Une période de transition avait toutefois été prévue jusqu’au décembre . Nous y sommes. A vingt jours de la rupture fixée, le Premier ministre anglais, le bouillant
« Bojo », spécialiste du coup de poker, annonçait déjà urbi et orbi le « no deal », c’est-à-dire la sortie définitive et sans accord commercial de la Grande-Bretagne hors de la famille européenne. Mais il a tout de même accepté, in extremis, en milieu d’après-midi, que les négociateurs poursuivent leurs discussions. Deal ou no deal, cette affaire nous concerne tous. On parle tant du Brexit, depuis quatre ans, sans que rien ne bouge, que cette affaire semble n’intéresser que quelques diplomates dont c’est le métier. Du coup, aucun Français, ou presque, ne se sent concerné par les palabres entre Londres et Bruxelles. C’est un tort. Et la volonté du Royaume-Uni de reprendre sa liberté aura des conséquences qui sont loin d’être anodines. En réalité, c’est bien toute une série de changements concrets, difficiles, auxquels un éventuel Brexit exposera tous les Européens.
D’abord, un bouleversement de tout le trafic aérien et du transport routier entre l’île et le continent. Si les frontières, avec toutes leurs paperasses, s’appliquent entre l’Angleterre et la France, on imagine déjà la cohorte des camions de tous pays et de toutes contenances qui seront condamnés à attendre, près de Calais ou de Boulogne, avec leur cargaison, périssable ou pas, l’autorisation de poursuivre leur chemin vers Londres. On imagine aussi sans difficulté à quel point le sort des Français qui, depuis des années ont fait leur vie en Angleterre, va se compliquer. Comme celui des Anglais qui ont choisi, depuis longtemps, une villégiature en Dordogne ou près de Florence. Et puis il y a surtout, donc, les pêcheurs français, directement impliqués, qui seraient accueillis de belle façon par la Royal Navy, qui a déjà dépêché sur zone quatre navires de guerre, s’ils espéraient trouver du poisson dans leurs lieux de pêche habituels. Le rétablissement des droits de douane, en revanche pénaliserait les exportations anglaises et renchérirait les coûts d’une grande partie de leur alimentation importée.
Tel est le pari de Boris Johnson. Pari fou, pari génial ? Le royaume de sa majesté verrat-il son économie bondir, ou souffrira-t-il au contraire de cette rupture programmée ?
En tout cas, dans l’immédiat, si le Premier ministre anglais refuse tout geste d’accord, il devra assumer la responsabilité d’un grand désordre en ces temps déjà bouleversés.
« Tel est le pari de Boris Johnson. Pari fou, pari génial ? Le royaume de sa majesté verra-t-il son économie bondir, ou souffrira-t-il au contraire de cette rupture programmée ? »