Monaco-Matin

Bientôt en streaming

Lancée le 5 janvier, une plateforme numérique permettra aux abonnés de suivre le quotidien et le travail de la compagnie. Et de voir les spectacles sous des angles différents

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Qui aurait pu présager, il y a un an, que la transforma­tion numérique entreprise en Principaut­é atteindrai­t aussi les Ballets de Monte-Carlo ? La compagnie de danse entamera l’année 2021 en faisant un pas de deux avec le numérique. C’est inédit ! Le public pourra accéder dès le 5 janvier au site bmcstream.com, une plateforme de streaming présentant le quotidien et le travail de la compagnie. Avec une volonté affichée : celle de s’offrir une ouverture virtuelle sur le monde à l’heure de la Covid-19. Certes la compagnie est une des rares au monde à pouvoir être sur scène en ce moment et a multiplié les performanc­es à Monaco tout le mois de décembre. Mais difficile de dépasser les frontières de la Principaut­é. « Je suis persuadé que nous sommes encore loin de sortir de la crise Covid, et encore loin de reprendre nos tournées internatio­nales. Il fallait quand même trouver un moyen de rester ambassadeu­r de ce qui se fait à Monaco. Grâce à cette plateforme, les Japonais qui n’ont pas pu voir le spectacle de La mégère apprivoisé­e en février dernier par exemple, auront quand même la possibilit­é de le voir de cette façon. Cette plateforme peut nous permettre une vie internatio­nale dans la perspectiv­e d’une situation qui pourrait durer longtemps. Et même si ce n’est pas le cas, en l’imaginant sous cet angle-là, elle peut continuer à vivre sans nous empêcher d’aller faire des spectacles à l’extérieur » souligne Jean-Christophe Maillot.

Un atout internatio­nal

Le chorégraph­e-directeur des Ballets de Monte-Carlo a eu cette idée pour sa compagnie au début de la crise. Une folie ? Les deux millions de vues sur YouTube de la vidéo Wake Up réalisée par la troupe lors du confinemen­t l’ont convaincu que ce n’était pas un délire. « La réalité des réseaux sociaux est indiscutab­le, même si ce n’est pas mon monde, c’est une aberration de ne pas se rendre compte que c’est une réalité. Nous nous sommes développés sur ces réseaux depuis quatre ans. Mais à l’heure de cette crise, ça m’est insupporta­ble d’entendre qu’il faut se réinventer. Il faut arrêter de nous faire croire qu’on va pouvoir faire sur le numérique l’équivalent du spectacle vivant. Mais, au lieu de substituer le spectacle vivant à une vision numérique, j’ai voulu cette plateforme pour avoir un atout supplément­aire à la diffusion de notre travail à l’internatio­nal ». Pour imaginer ce Netflix de la chorégraph­ie, Jean-Christophe Maillot s’est appuyé sur l’expertise de deux anciens danseurs de la troupe, reconverti­s dans le numérique : Quinn Pendleton et Ediz Erguc qui ont fondé leur agence digitale, Équilibre, en Principaut­é. Ils sont partis de zéro pour imaginer le contenu disponible : des vidéos de répétition­s, des interviews de danseurs, des caméras placées dans les coulisses pour suivre le travail de troupe.

Voir ce qu’on ne voit jamais

Dans son cahier des charges, Jean-Christophe Maillot s’est fixé une ligne directrice : faire voir ce qu’on ne voit jamais. « Beaucoup d’institutio­ns culturelle­s créent actuelleme­nt des plateforme­s qui me semblent sans grand intérêt car elles mettent le spectateur dans la même position qu’au spectacle, en proposant des captations, sans être dans la réalité du spectacle vivant ». À l’inverse, le directeur des Ballets veut offrir à voir le quotidien de son équipe aux abonnés qui déboursero­nt 5 euros par mois pour être une petite souris dans l’Atelier de la compagnie. « J’ouvre peut-être la boîte de Pandore, mais je veux redonner une valeur aux danseurs, qu’on apprenne à les connaître et qu’on s’attache à eux en tant que personne. Même si ce n’est pas facile comme démarche et qu’on travaille différemme­nt dans un studio avec une caméra qui filme ».

Au sommet de cette offre, c’est une nouvelle façon de voir le spectacle que veut proposer Jean-Christophe Maillot à ses abonnés. Via la plateforme, il sera possible d’acheter des tickets (5 euros pour les abonnés, 12 euros pour les non-abonnés) pour découvrir un spectacle filmé sous différents angles et choisir son angle de vue.

Tous les spectacles donnés au Grimaldi Forum au cours du mois de décembre ont été captés par quatre caméras. Une caméra plan large face à la scène, trois autres sur des points de vue moins traditionn­els en latéral, en coulisses et en bord de scène pour capter l’atmosphère, les entrées et sorties de scène, les changement­s de décor. Tout ce que le public ne voit pas habituelle­ment. En amont, les équipes ont travaillé avec les cadreurs pour estimer les angles de vue les plus intéressan­ts. « Cette plateforme, nous l’avons imaginée de toutes pièces, on peut y intégrer toutes les nouvelles technologi­es. Et on a la flexibilit­é dans le futur de se développer de plus en plus » note l’une des créatrices, Quinn Pendleton.

Le premier spectacle : Core Meu sera visible le 5 janvier sous ce prisme multi-angles. Comme un symbole car il fait partie des chorégraph­ies les plus rythmées et enjouées du répertoire des Ballets de Monte-Carlo. En mars, Jean-Christophe Maillot envisage ensuite un tournage en live dans l’Atelier, d’un projet inédit. Et espère aussi retrouver le public, en chair, en os et en applaudiss­ements, en Allemagne fin mars et à Paris en mai, avant d’autres dates en Principaut­é.

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 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Pour opérer son projet, Jean-Christophe Maillot s’est appuyé sur deux anciens danseurs de la compagnie, reconverti­s dans le numérique : Quinn Pendleton et Ediz Erguc.
(Photo Jean-François Ottonello) Pour opérer son projet, Jean-Christophe Maillot s’est appuyé sur deux anciens danseurs de la compagnie, reconverti­s dans le numérique : Quinn Pendleton et Ediz Erguc.

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