Var : un corps découpé dans une valise
Roger Haerter a été reconnu coupable, en juillet dernier, d’avoir tué et démembré Hakim Ouadi fin 2016 dans le Var. Malgré ses dénégations à la barre, il avait été condamné à 25 ans de réclusion
Ils ont bouleversé l’opinion publique, soulevé l’indignation ou provoqué l’effroi... Faits divers ou procès, tous ont marqué notre actualité et nos esprits, dans les Alpes-Maritimes et le Var. Voici le premier volet de cette série que nous vous proposons de retrouver chaque jour durant la dernière semaine de l’année .
Devant une cour d’assises, en cas de crime de sang, l’expérience montre qu’audelà du fait de donner la mort et de la manière de le faire, le sort réservé à la dépouille a une influence significative sur la dureté de la peine. Toute atteinte macabre portée à la victime post-mortem semble considérée comme une circonstance aggravante au moment de décider du nombre d’années de prison. Roger Haerter, un Toulonnais de 45 ans, était jugé en juillet dernier pour avoir tué un de ses amis à coups d’objet contondant sur la tête, d’avoir ensuite découpé son corps en morceaux pour le mettre dans une valise et des sacs, avant d’y mettre le feu, le 26 décembre 2016 à La Valettedu-Var. En état récidive légale, il encourrait la perpétuité, ce qu’avait d’ailleurs requis l’avocat général. Il avait finalement été condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Selon l’accusé, la mort de
Hakim Ouadi, 31 ans, qu’il avait connu en détention, serait le résultat d’un accident domestique malencontreux. La victime, qui serait venue à son domicile pour l’aider, aurait glissé dans le bac à douche de la salle d’eau et sa tête se serait cognée deux fois contre la céramique, avant de pousser son dernier soupir.
La thèse de l’accusé jugée « rocambolesque »
Roger Haerter, alors en permission de sortie, aurait « eu peur d’avoir des ennuis », raison pour laquelle il n’a pas appelé les secours. Il aurait demandé à un dealer connu en prison de l’aider à sortir le corps de son appartement. Pendant qu’il était sorti de la salle d’eau, celuici avait, de sa propre initiative, découpé le corps à la scie à bois et l’avait emballé sans l’en avertir dans des sacs et une valise, le mettant devant le fait accompli. Il s’était alors débarrassé des restes sur un parking du Pradet et y avait mis le feu. Une thèse « rocambolesque, invraisemblable, une pure invention » pour l’avocat général Elisabeth Liard. Selon elle, et les enquêteurs, les deux hommes, incarcérés ensemble par le passé à La Farlède, étaient en relation au sujet d’une voiture d’occasion qu’Hakim Ouadi voulait acheter par l’intermédiaire de son ami. L’expert en informatique, qui a examiné le matériel multimédia de la victime, y a trouvé toute une série de messages échangés entre Roger Haerter et Hakim Ouadi du 8 au 23 décembre 2016. Le premier y proposait au second d’acheter d’occasion un 4x4 de luxe, côté 63 000 euros, au prix défiant toute concurrence de 20 000 euros, le propriétaire ayant une dette envers lui. Dans le dernier message, Hakim Ouadi s’était déclaré très intéressé par cette affaire « de rêve » et Roger Haerter lui avait annoncé qu’ils auraient rendez-vous le 26 décembre avec le vendeur. Ce que l’accusé a confirmé dans le box. Mais il n’y a dans le dossier aucune preuve de l’existence de cette voiture...
Un mobile crapuleux pour l’accusation
« Selon ses proches, Hakim Ouadi a 7000 euros sur lui quand il monte dans la voiture de M. Haerter, persuadé que la vente aura lieu ce jourlà, a développé Me Hychem Mejeri, représentant les parties civiles, lors de sa plaidoirie. Et quand il se rend compte que rien ne va se faire, il y a une dispute et il se fait tuer. »
Malgré les défenses de Mes Muriel Gestas et Virginie Pin, qui contestaient aussi bien l’intention homicide que le mobile avancé par l’accusation - « vous n’avez pas d’armes du crime, vous ne savez pas comment M. Ouadi est mort, ni pourquoi » - les jurés rendaient un verdict de meurtre en récidive légale, condamnant Roger Haerter à vingt-cinq ans de réclusion criminelle.