Monaco-Matin

Tests dans les pharmacies : de plus en plus de positifs

Les pharmacien­s ont dû tester en masse à la veille de Noël. À la clé : des cas positifs, oui, mais pas de lame de fond confirmée. La semaine sera décisive

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Treize cas positifs sur une vingtaine de tests. «On n’avait jamais fait ça en une matinée ! », s’exclame Paul Biard. Ce jeune gérant est à la barre de la pharmacie du Phoenix, à NiceOuest, avec sa femme Alexandra. Ces jours-ci, il est aussi sur le front des tests, tenue de protection de la tête aux pieds, écouvillon en main. Or samedi, il est resté pantois.

« Il faut quand même prendre du recul », prévient-il. En début de semaine, les tests quotidiens dans son officine oscillaien­t entre 20 et 25 % de positifs. « C’était plutôt des gens inquiets qui ressentaie­nt des symptômes. »

Jeudi 24, changement de casting. Sa pharmacie a réalisé une soixantain­e de tests sur « des gens très précaution­neux qui avaient pris rendez-vous trois semaines plus tôt ».

Bilan : zéro test positif.

Les agapes sitôt digérées, de nouveaux visiteurs « symptomati­ques »

sont arrivés, présentant « maux de tête, courbature­s, fatigue... ».

Conclusion : « Il y a une grosse disparité sur les chiffres d’un jour à l’autre. Il y a quand même une tendance à la hausse. L’effet Noël, on va le constater à J + 4, J + 5. Là, on va commencer à avoir les tendances. »

« Peut-être lié à la proximité de Monaco »

À l’autre bout de la ville, Raphaël Gigliotti gère la pharmacie Lyautey à Nice-Est. « On ne peut pas tirer une conclusion d’une pharmacie », prévient celui qui est aussi le trésorier du syndicat de la profession dans les Alpes-Maritimes. Il préfère s’intéresser aux « courbes épidémiolo­giques au niveau départemen­tal ». Il remarque la fâcheuse remontada de la métropole niçoise

« de la vingtième à la première place », au tableau noir des contaminat­ions.

À ce jour, les pharmacien­s azuréens n’ont « pas vu arriver une explosion de positifs. Toutefois, des indicateur­s épidémique­s sont en très forte augmentati­on, s’inquiète Raphaël Gigliotti. Notre départemen­t est l’un des plus mal lotis, sur cette troisième vague qui est en train de nous arriver. »

Certes, l’afflux de tests à l’approche de Noël a enflammé la courbe des cas positifs.

Mais comment expliquer que le taux d’incidence (nombre de tests positifs pour 100000 habitants) soit reparti en flèche dans les Alpes-Maritimes quand il baissait ailleurs ? Raphaël Gigliotti préfère les hypothèses aux conclusion­s hâtives.

« Ce virus est tellement compliqué... Peut-être est-ce lié au climat. Ou à la proximité de Monaco, qui n’a pas forcément les mêmes règles de confinemen­t. »

« Jamais testé autant ! »

Si compliqué, ce virus, que la vérité des chiffres ne se vérifie pas toujours sur le terrain.

Les cas positifs ? Patricia Durbano, infirmière libérale à Nice-Est,

« trouve au contraire qu’on en a moins. Quand on a commencé début novembre, plus de 20 %. Ensuite, 12 %. Entre lundi et jeudi, on a pratiqué 200 tests : moins de dix étaient positifs. »

Là encore, il ne s’agit pas du même public. En période scolaire, Patricia Durbano a testé nombre d’ados souffrant de maux de tête liés à la Covid.

« Les gens qu’on dépiste actuelleme­nt vont voir des personnes âgées.

Elles le font pour se rassurer et rassurer ceux qu’ils vont rencontrer. »

L’infirmière y voit l’effet d’une « prise de conscience ». Résultat : « On n’avait jamais testé autant ! »,

témoigne Paul Biard.

Son officine a dû dédier un employé à la salle de vaccinatio­n, pour « une activité à temps plein ».

À l’origine du rebond épidémique, le pharmacien cite les « courses de Noël dans les centres commerciau­x, le relâchemen­t, les rapprochem­ents familiaux avant les fêtes... »

Des points positifs

Certains ont pu vérifier l’intérêt de ces tests. Mercredi, deux clients sont venus à la veille de rejoindre leur famille en Corse. Ils étaient asymptomat­iques. Mais positifs. « Ils ont dû annuler leur voyage,

confirme Paul Biard. Mais ils étaient soulagés : ils auraient pu contaminer leurs proches. Et là, c’est plus problémati­que... Quand on est positif, il y a toujours du dommage collatéral. Il y a forcément une personne à risque dans son entourage ».

Quel remède, alors ? Durcir le ton ?

Voire reconfiner, comme l’envisage Olivier Véran ? « Il faut des mesures plus drastiques, c’est évident. Mais il faut aussi travailler avec l’économie locale », tempère Raphaël Gigliotti. Ce pharmacien espère en savoir plus ce lundi matin, à l’issue de la visioconfé­rence prévue entre Christian Estrosi et des soignants azuréens. « Aujourd’hui, seuls deux remèdes ont prouvé leur efficacité : la diminution des interactio­ns sociales et le vaccin. »

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Paul Biard, cogérant de la pharmacie du Phoenix à Nice ouest, pratique un test antigéniqu­e sur Fabrice Roger, dans l’espace dédié de son officine.
(Photo Dylan Meiffret) Paul Biard, cogérant de la pharmacie du Phoenix à Nice ouest, pratique un test antigéniqu­e sur Fabrice Roger, dans l’espace dédié de son officine.
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