Tests dans les pharmacies : de plus en plus de positifs
Les pharmaciens ont dû tester en masse à la veille de Noël. À la clé : des cas positifs, oui, mais pas de lame de fond confirmée. La semaine sera décisive
Treize cas positifs sur une vingtaine de tests. «On n’avait jamais fait ça en une matinée ! », s’exclame Paul Biard. Ce jeune gérant est à la barre de la pharmacie du Phoenix, à NiceOuest, avec sa femme Alexandra. Ces jours-ci, il est aussi sur le front des tests, tenue de protection de la tête aux pieds, écouvillon en main. Or samedi, il est resté pantois.
« Il faut quand même prendre du recul », prévient-il. En début de semaine, les tests quotidiens dans son officine oscillaient entre 20 et 25 % de positifs. « C’était plutôt des gens inquiets qui ressentaient des symptômes. »
Jeudi 24, changement de casting. Sa pharmacie a réalisé une soixantaine de tests sur « des gens très précautionneux qui avaient pris rendez-vous trois semaines plus tôt ».
Bilan : zéro test positif.
Les agapes sitôt digérées, de nouveaux visiteurs « symptomatiques »
sont arrivés, présentant « maux de tête, courbatures, fatigue... ».
Conclusion : « Il y a une grosse disparité sur les chiffres d’un jour à l’autre. Il y a quand même une tendance à la hausse. L’effet Noël, on va le constater à J + 4, J + 5. Là, on va commencer à avoir les tendances. »
« Peut-être lié à la proximité de Monaco »
À l’autre bout de la ville, Raphaël Gigliotti gère la pharmacie Lyautey à Nice-Est. « On ne peut pas tirer une conclusion d’une pharmacie », prévient celui qui est aussi le trésorier du syndicat de la profession dans les Alpes-Maritimes. Il préfère s’intéresser aux « courbes épidémiologiques au niveau départemental ». Il remarque la fâcheuse remontada de la métropole niçoise
« de la vingtième à la première place », au tableau noir des contaminations.
À ce jour, les pharmaciens azuréens n’ont « pas vu arriver une explosion de positifs. Toutefois, des indicateurs épidémiques sont en très forte augmentation, s’inquiète Raphaël Gigliotti. Notre département est l’un des plus mal lotis, sur cette troisième vague qui est en train de nous arriver. »
Certes, l’afflux de tests à l’approche de Noël a enflammé la courbe des cas positifs.
Mais comment expliquer que le taux d’incidence (nombre de tests positifs pour 100000 habitants) soit reparti en flèche dans les Alpes-Maritimes quand il baissait ailleurs ? Raphaël Gigliotti préfère les hypothèses aux conclusions hâtives.
« Ce virus est tellement compliqué... Peut-être est-ce lié au climat. Ou à la proximité de Monaco, qui n’a pas forcément les mêmes règles de confinement. »
« Jamais testé autant ! »
Si compliqué, ce virus, que la vérité des chiffres ne se vérifie pas toujours sur le terrain.
Les cas positifs ? Patricia Durbano, infirmière libérale à Nice-Est,
« trouve au contraire qu’on en a moins. Quand on a commencé début novembre, plus de 20 %. Ensuite, 12 %. Entre lundi et jeudi, on a pratiqué 200 tests : moins de dix étaient positifs. »
Là encore, il ne s’agit pas du même public. En période scolaire, Patricia Durbano a testé nombre d’ados souffrant de maux de tête liés à la Covid.
« Les gens qu’on dépiste actuellement vont voir des personnes âgées.
Elles le font pour se rassurer et rassurer ceux qu’ils vont rencontrer. »
L’infirmière y voit l’effet d’une « prise de conscience ». Résultat : « On n’avait jamais testé autant ! »,
témoigne Paul Biard.
Son officine a dû dédier un employé à la salle de vaccination, pour « une activité à temps plein ».
À l’origine du rebond épidémique, le pharmacien cite les « courses de Noël dans les centres commerciaux, le relâchement, les rapprochements familiaux avant les fêtes... »
Des points positifs
Certains ont pu vérifier l’intérêt de ces tests. Mercredi, deux clients sont venus à la veille de rejoindre leur famille en Corse. Ils étaient asymptomatiques. Mais positifs. « Ils ont dû annuler leur voyage,
confirme Paul Biard. Mais ils étaient soulagés : ils auraient pu contaminer leurs proches. Et là, c’est plus problématique... Quand on est positif, il y a toujours du dommage collatéral. Il y a forcément une personne à risque dans son entourage ».
Quel remède, alors ? Durcir le ton ?
Voire reconfiner, comme l’envisage Olivier Véran ? « Il faut des mesures plus drastiques, c’est évident. Mais il faut aussi travailler avec l’économie locale », tempère Raphaël Gigliotti. Ce pharmacien espère en savoir plus ce lundi matin, à l’issue de la visioconférence prévue entre Christian Estrosi et des soignants azuréens. « Aujourd’hui, seuls deux remèdes ont prouvé leur efficacité : la diminution des interactions sociales et le vaccin. »