Deux jeunes interpellés avec de la résine (de cannabis)
L’interdit attire, c’est connu. Alors une jeunesse, éprise de délectation morose, veut aussi planer avec l’usage de substances illicites pour fuir les bouleversements de la crise sanitaire. Était-ce pour rejoindre les paradis factices que deux jeunes gens se sont fait interpeller en Principauté avec de la résine de cannabis ?
La réponse est occultée par l’absence des prévenus devant le tribunal correctionnel. On s’en tiendra aux indices confiants révélés par le président Florestan Bellinzona
(*) à l’audience. Et on peut d’ores et déjà en conclure que ces individus s’adonnent à une consommation journalière nocive pour leur santé .
Neuf mentions au casier judiciaire
La première affaire concerne un résident des Hauts-de-France, âgé de 26 ans. S’il n’est peut-être pas écrivain, le Nordiste fait tout de même partie du vaste « Club des haschischins », cher à Théophile Gauthier. En vacances à Mandelieu, il a poussé sa curiosité touristique jusqu’à Monaco, où il a été contrôlé au Grimaldi Forum avec 3,10 grammes d’herbe. « Ce n’est pas un toxicomane novice, précise le président. Il a un casier judiciaire long comme le bras. Neuf mentions, ont sanctionné de multiples infractions : stupéfiants, outrages, dégradations, menaces de mort, refus d’obtempérer, ivresse. »
Comme sa présence à la barre fait défaut, le premier substitut Cyrielle Colle ironise sur la raison. « Le prévenu n’a pas pu venir ce jour car il n’avait pas d’argent pour payer son billet de train. S’il avait consacré moins d’argent à la drogue, il aurait pu financer son déplacement en Principauté. C’est un délinquant désagréable. Je propose une amende de 600 euros ».
« Deux fumettes par jour »
Après en avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public. Le prochain dossier met en cause un manoeuvre de 19 ans. Il est question d’un contrôle à la gare SNCF le 1er mars 2020. Interrogé par les policiers, le jeune homme assure qu’il ne possède aucune substance prohibée sur lui. « Pourtant, les policiers trouvent dans ses poches 4,5 grammes de shit, souligne le magistrat. Conduit dans les locaux de la Sûreté publique pour lui notifier la condamnation, l’intéressé a déclaré qu’il allait beaucoup mieux sur le plan de son addiction aux stupéfiants. Des six à huit joints quotidiens, il est passé à deux fumettes par jour...» La représentante du parquet réclame une amende 1 000 euros. Le tribunal a ramené la somme à 800 euros. En poursuivant inlassablement cette lutte coercitive, la justice monégasque, opposée à toutes visions de légalisation, fera-t-elle régner un jour la paix des drogues ?