Comment la Covid a obligé les pompiers à s’adapter
La vaccination des sapeurs-pompiers de plus de 50 ans a débuté au Sdis 06. Une nouveauté de plus. Depuis neuf mois, ses troupes ont dû repenser leurs interventions et la vie en caserne
Même pas mal ! L’adjudant-chef Fabien Lévêque, 50 ans, vient de recevoir sous nos yeux sa dose de vaccin antiCovid. Première impression :
« Une injection indolore. » Il est chargé de la prévention à la caserne Magnan à Nice. Normal que ce sapeur-pompier donne l’exemple. «Sion peut contribuer à arrêter cette pandémie au plus vite, ça fait aussi partie de nos missions du service public... »
Les soldats du feu partent en campagne pour la vaccination. À leur tour. Depuis vendredi, le Sdis 06 a entrepris de protéger les sapeurspompiers de plus de 50 ans qui le souhaitent. Déjà 300 vaccinés sur 880 candidats potentiels. Bientôt 360.
« C’est une réussite, souligne Michaël Boué, infirmier-chef du Sdis 06. Se faire vacciner, c’est une sécurité pour nous, même si ça ne nous dispense pas des gestes barrières. »
Depuis neuf mois en effet, la pandémie a chamboulé, aussi, le quotidien des pompiers azuréens.
D’un côté, elle a fait chuter le nombre d’interventions : 96 000 l’an passé, contre 110 000 en 2019. De l’autre, elle ne les a pas épargnés. Depuis le début de la crise, 250 des 4 000 pompiers azuréens ont été testés positifs.
Ambulance Covid
« Il a fallu se réorganiser, témoigne le colonel René Dies, directeur du Sdis 06. Ona même inventé ce qu’on appelle dans notre jargon des « VSAV Covid ». » Autrement dit, des ambulances équipées spécialement pour secourir les victimes positives et accélérer le protocole de désinfection.
Bien sûr, il a fallu adopter le masque, obligatoire dans le fourgon comme dans la rue. Mais la Covid a « aussi un impact sur la préparation opérationnelle. On a dû limiter les manoeuvres, ce travail de préparation un peu mis de côté avec cette crise », regrette le lieutenant-colonel Olivier Pauletti, chef de la compagnie de Nice. Et puis, la Covid a « complètement modifié la vie en caserne » : masque, distanciation, gel, nettoyage régulier des poignées... Certes, les pompiers étaient rompus à certains protocoles d’habillage. Pour les patients atteints de tuberculose, par exemple. « Simplement, au lieu de le faire trois fois par mois, ils le font trois fois par jour », remarque Michaël Boué. Les malaises cardiaques, eux, requièrent un luxe de précautions supplémentaires. « On a renforcé les insufflateurs avec un filtre pour ces particules aériennes. Et on les tient à quatre mains pour renforcer l’étanchéité. »
« Message positif »
Pour autant, le capitaine Patrice Alberti admet : « Quand on est en intervention sur un incendie, on a d’autres choses à penser qu’au coronavirus. »
À 54 ans, l’adjoint au chef de compagnie de Nice s’est fait vacciner hier soir. Il a ainsi imité le lieutenant-colonel Olivier Riquier, 51 ans, premier pompier azuréen vacciné. « En tant que directeur opérationnel du Sdis, je suis venu montrer aux pompiers qu’il n’y avait aucun risque à se faire vacciner ! »
Donner l’exemple. Aux siens comme aux autres. C’est le « message positif à la population » qu’espère passer le président du Sdis, CharlesAnge Ginésy. Benoît Huber, nouveau directeur de cabinet du préfet des A.-M., acquiesce. « Les sapeurs-pompiers jouissent d’une notoriété méritée. Les voir se jeter sur cette vaccination, c’est un excellent message. »