Monaco-Matin

SUR M, SON AUTRE BÉBÉ

- Ce dimanche, à 23 h 10, Enquête exclusive sera consacrée à Didier Raoult. PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr Pour accéder à Neo : https://linktr.ee/neo.tv/

On ne présente plus Bernard de La Villardièr­e, l’homme qui incarne Enquête exclusive sur M6. Les chemises blanches du présentate­ur ont bravé tous les dangers du monde mais c’est en patron de presse 2.0 qu’il a surpris son public, en cette fin d’année, avec le lancement de Neo, une plateforme média 100 % vidéo sur Internet et les réseaux sociaux.

Pourquoi Neo et pourquoi maintenant ?

J’y réfléchis depuis plus d’un an car je consomme beaucoup de médias sur Internet, comme tout le monde. J’avais d’ailleurs participé il y a quinze ans au lancemet d’une plateforme Internet gratuite, mais le modèle de Mediapart a prouvé que le modèle payant était le plus viable. Ca me titillait de me relancer et dès que j’ai pu m’associer à des gens fiables comme Stéphane Simon ou Sami Biasoni, on a pu lancer le projet.

À qui s’adresse Neo ?

On voit que les production­s vidéos sont omniprésen­tes dans notre matière de consommer l’informatio­n. C’est donc un média moderne, tourné vers les jeunes, à contrecour­ant de ce que peuvent proposer Konbini ou Brut qui, parfois, sont dans l’autoflagél­ation à la française. On souhaite redonner la parole aux territoire­s, être proches des gens qui innovent, qui créent, qui apportent des solutions sans être conservate­urs. C’est un peu à l’image du titre de l’émission de France TV Des racines et des ailes, sans être le  h de Jean-Pierre Pernaut.

Qu’est-ce qui vous plaît dans Enquête exclusive ?

Cette capacité à innover, à trouver des angles alors qu’elle est ouverte à  % vers l’internatio­nal. C’est aussi une forme de récit qui correspond à la manière qu’a M de construire sa grille de programme. On est encore surpris par la réussite de l’émission. Ça tient peut-être aussi à la personnali­té de son présentate­ur. (rires)

Avez-vous déjà craint pour votre propre sécurité ?

Oui, j’ai pensé à ma vie, surtout après coup. Il y a une forme d’inconscien­ce, de naïveté, mais aussi d’adrénaline quand on est sur le terrain. C’est presque une drogue. Mais je dois avouer qu’une fois au Nigéria, sur les traces de Boko Haram et notamment sur la découverte d’un charnier, on s’est aventuré un moment loin de notre escorte militaire pour recueillir des témoignage­s, on s’est mis en danger et notre escorte militaire n’a pas trop apprécié cet écart. On fait aussi cette

Votre cible privilégié­e est plutôt jeune ?

Oui, même si on cherchera aussi à intéresser les plus âgés. On souhaite être intergénér­ationnel. On fonctionne avec une dizaine de journalist­es et des pigistes. La crise sanitaire a renforcé le positionne­ment de certains sur la nécessité de consommer du local et le made in France. Il faut se réappropri­er une forme de savoirfair­e à la française, arrêter de consommer ce qui est produit ailleurs. On va essayer de montrer toutes les bonnes initiative­s locales. émission pour ça, pour aller là où peu de gens vont. On vient de faire le Mexique, le cartel de Sinaloa, ça vous marque.

Qu’allons nous voir en  sur Enquête exclusive ?

On a toujours une dizaine de projets en préparatio­n, on est aussi dépendant des visas, des ouvertures des frontières. On aimerait finir un sujet sur le Pakistan mais c’est un pays délicat pour les journalist­es français. Sinon, un sujet sur les prisons du Salvador de très haute qualité pour débuter l’année . Et on a aussi des sujets d’actualité comme un portrait de Didier Raoult, quelque chose sur le conflit dans le Haut-Karabagh, un film sur la politique écologique en Nouvelle-Zélande ou encore un reportage dans une communauté de centenaire­s au Costa Rica. Celui-ci, c’est pour que je puisse me projeter dans trente ans, je prends des notes. (rires)

C’est une forme de journalism­e positif ?

On veut apporter des solutions quand ça ne va pas et pas seulement dénoncer les dérives. Montrer ce qui ne marche pas, ok, mais donner des solutions pour améliorer les choses dans la foulée. On veut de la bienveilla­nce, il y a de nombreux Français, des invisibles, qui ont permis à la France de tenir bon en , ils bossent et ne se laissent pas aller à la sinistrose. On a la sensation qu’il y a un créneau à occuper sur ce secteur sans se positionne­r en censeur ou père la morale.

ENQUÊTE EXCLUSIVE

La vidéo est-elle le contenu de demain ?

Les jeunes regardent de moins en moins la télévision en direct sauf M et Enquête exclusive. (rires) Ils se tournent de moins en moins vers les médias classiques, comme la presse écrite aussi. La moyenne d’âge du  h de JeanPierre Pernaut était de - ans par exemple. Il faut réussir à la capter autrement et les vidéos, qui sont des formats adaptés aux smartphone­s, aux transports en commun, sont une passerelle nécessaire. La souplesse de cette plateforme va nous permettre de produire des contenus.

Quel sera votre modèle économique ?

Comme les autres, on va faire du brand content, c’est-à-dire du contenu pour des marques tout en produisant, dans une rédaction étanche, des contenus vidéos. On sera des apporteurs de solutions.

Vous voilà patron de presse en quelque sorte...

À terme, oui. (rires) Mais c’est un petit laboratoir­e pour le moment, c’est un bébé qui débute même si on a fait plus de deux millions de vues avec une quarantain­e de vidéos depuis notre lancement, fin novembre. Ce n’est pas évident, c’est une vraie usine à gaz au début. Même quand vous vous adossez à des produits modernes comme de la vidéo numérique, rien ne remplace l’oeil humain dans la recherche et la vérificati­on des informatio­ns. C’est un média qui aura de la chair et une âme. Cela fait quinze ans que je fais le tour du monde et je me suis rendu compte à quel point mon pays n’était pas si mal, au final. Il y a un décalage entre les ressources françaises et le pessimisme ambiant. Je veux tordre le cou à cette image négative de notre pays. Neo sert à ça, à montrer la France du bon côté.

‘‘ C’est un média qui aura de la chair et une âme”

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