Fallait-il fermer les facs ?
Sous le titre « N’ajoutons pas à une crise sanitaire, une crise étudiante », Jeanick Brisswalter, le président de l’Université Nice Côte d’Azur (1) avait demandé fin novembre à Emmanuel Macron de pouvoir rouvrir les universités dès le début du mois de janvier afin d’éviter que le « spleen » économique et psychologique estudiant ne devienne une pandémie incontrôlable.
La réponse du gouvernement fut négative. A Nice, tout en respectant les consignes sanitaires les plus strictes, on s’y était préparé. Rouvrir à une jauge de 50 %, en alternance de présentiel : soit une demi-journée sur deux (afin d’éviter la pause méridienne - repas de midi - qui, sur les campus comme partout, seraient l’une des voies préférés de propagation du virus), soit une semaine sur deux comme c’est le cas pour les lycéens.
A Nice, le président de l’université avait planché sur ce protocole qui aurait pu permettre un retour de 30 à 40 % des effectifs étudiants en alternance : « Nous disposons en effet de grands amphis de 200 à 600 places qui nous auraient permis de mettre en place des cours en présentiel à demi-jauge, voire d’accueillir plusieurs groupes de filières différentes dans ces grands espaces où il est aisé de faire respecter la distanciation sociale .»
Ces élites qui ne sont pas allées à la fac...
Aujourd’hui, seules les séances de travaux pratiques et des groupes de dix étudiantsdécrocheurs peuvent ou pourront sous peu retrouver le chemin des cours. Pour autant, à Nice, on travaille sur l’option désormais d’un retour à demi-jauge avec pour objectif, fixé par Jeanick Brisswalter, d’être opérationnel au plus tard le 1er ou le 8 mars.
En attendant, la décision de reconfiner les universités malgré ces propositions alternatives continue de faire grincer des dents. Notamment dans les rangs du syndicat étudiant majoritaire FACE 06. « Les élèves de classes préparatoires qui sont aussi des étudiants ont eu droit de continuer en alternance leur scolarité, comme les lycéens. Y a-t-il moins de danger de contamination dans ces lycées qui hébergent les classes préparatoires où la population est très concentrée que sur nos campus qui disposent de grands amphis et d’espace ?». Pourquoi une telle différence de traitement ? Sous couvert d’anonymat, l’ancien doyen d’un des plus gros campus de l’université de Nice a sa petite idée : « Il ne faut voir là une volonté discriminatoire de la part de ceux qui nous gouvernent, mais une méconnaissance de la réalité de la vie universitaire. Et oui, la plupart ne sont jamais allés en fac ; ils sortent tous de grandes écoles. »
(1) Le communiqué de l‘UDICE était co signé par les présidents des Universités d’Aix Marseille université, Sorbonne université, l’université de Paris sciences et lettres, l’université de Paris, l’université Lyon 1, l’université Côte d’Azur, l’université de Bordeaux, l’université de Strasbourg, l’université de Grenoble Alpes et l’université Paris-Saclay