Monaco-Matin

En coloc en temps de Covid, pour le meilleur et pour le rire

« C’est mieux d’être ensemble. » Pauline, Nil, Stéphanie et Samuel ne se connaissai­ent pas quand la rentrée a sonné. Quelques semaines de confinemen­t plus tard, les voilà comme une famille

- CATHERINE HENAFF chenaff@nicematin.fr

Pauline, Stéphanie, Nil et Samuel vivent en colocation depuis la rentrée. Malgré des moments un peu tendus sur la fin de la période de confinemen­t, juste avant la trêve de Noël, la situation les a rapprochés. Nous les avons rencontrés dans leur appartemen­t, non loin du campus de La Garde. Ils racontent ici leur quotidien plombé, la peur d’échouer, la vaine recherche de stages et le livre de recettes de cuisine offert au groupe par Pauline pour oublier l’angoisse du lundi, le temps d’un bon repas.

Le confinemen­t, c’est mieux ensemble

Le confinemen­t s’est plutôt bien passé. On a vécu des petits moments de tension juste avant Noël. On avait un peu hâte de rentrer chez nous. Mais c’est mieux d’être ensemble que seul dans son coin » s’accordent-ils.

81 ans à eux quatre, ils ont mis leur sagesse et leur humour en commun pour tenter de « créer une situation un peu normale ». Pauline a eu la bonne idée d’acheter un livre de recettes pour que tout le monde mette la main à la pâte. « Une fois par semaine, on fait un repas élaboré. Le week-end, de vrais repas, comme en famille. On se détend, c’est sympa. »

«Et le virus dans tout ça ?

Ça fait un peu peur, pour nous (Pauline a une santé fragile) et surtout pour nos proches, nos familles, nos grands-parents vulnérable­s. Du

«Pauline, Samuel, Nil et Stéphanie, en colocation comme en famille, le petit plus qui aide à supporter l’angoisse de la crise.

coup, on ne rentre pas souvent chez nous. »

Les études, ça se passe parfois bien...

Tout le monde a cours en distanciel, en dehors de quelques travaux pratiques et examens. Donc, tout le monde devant son écran. Les situations et ressentis de chacun sont bien différents.

« Même en distanciel, on est en contact avec les enseignant­s. Pas de souci de ce côté-là », confie Nil, en deuxième année d’école d’ingénieur, à SeaTech. Le stage de fin d’études, en revanche, joue l’épée de Damoclès dans ce scénario à suspense.

Stéphanie s’avouerait presque contente de ne pas devoir sauter dans son jean pour être en cours à 8 heures tous les matins. La première année de génie bio, c’est beaucoup d’heures de cours. Pauline vient de terminer ses examens, en présentiel. Huit partiels

en quatre jours, puis cours, puis (1) dernière épreuve lundi. « J’avoue, c’est tout bête, mais ça faisait du bien de voir des gens », sourit la jeune femme. « J’essaie de garder le cap, d’occulter la situation de détresse pour ne pas déprimer. »

Et parfois... pas trop

Samuel, en dernière année du parcours pour intégrer l’école d’ingénieurs SeaTech, aurait bien aimé voir ses enseignant­s. Sinon les voir, du moins, leur parler. « Je préfère nettement le présentiel, se désole-t-il. On se sent vraiment isolé par rapport aux profs. Certains font attention. D’autres moins. On a peur de les déranger. On imagine qu’ils sont tout le temps sollicités. L’année dernière, c’était très différent. C’était très pédagogiqu­e. Cette année, l’accompagne­ment, c’est compliqué. Je travaille avec un groupe d’amis sur Discord (2). On était bien placés dans le classement pour intégrer l’école. Là, on est la moitié à décrocher. On en est même à penser refaire un Parcoursup (3). Le manque d’organisati­on ne permet pas de suivre. Il est arrivé que je reçoive des documents par mail très tard, à imprimer pour le lendemain, pour suivre le cours. Je n’ai pas d’imprimante. Je n’ai pas pu suivre. C’est frustrant. On a envoyé des tas de mails pour essayer d’améliorer les choses. Sans réponse. Il y a beaucoup d’étudiants démotivés, angoissés. Quand on écrit pour le dire, la seule réponse qu’on a, c’est : on a doublé les effectifs de psychologu­es. Mais nous, ce qu’on veut, c’est retourner en cours, même une semaine sur deux. »

Ce qui les angoisse le plus :

L’avenir... Le retour à la case départ... Les stages qu’on ne pourra pas faire... L’expérience qui va manquer... Ne pas trouver d’emploi... Mon année qui ne sera pas validée... »

«1- les termes officiels sont « examens de fin de semestre ». Le mot « partiels » reste majoritair­ement utilisé par les étudiants.

2- discord.com est un logiciel conçu à la base pour les communauté­s de joueurs vidéo en ligne. L’outil permet le partage de fichiers, les conversati­ons, etc. 3- Outil informatiq­ue de sélection pour entrer dans l’enseigneme­nt supérieur après le baccalauré­at.

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(Photo Laurent Martinat)
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(Photo Dylan Meiffret) En quelques mois, l’épicerie de la FACE  est devenue une sorte de resto du coeur pour étudiants.
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