Monaco-Matin

« Il avait retrouvé la liberté et son fils : son combat était terminé »

Me François Saint-Pierre, avocat de Maurice Agnelet

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Me François Saint-Pierre a défendu avec Me Katia Gabriel l’ancien avocat niçois, condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d’Agnès Le Roux. Il réagit à sa disparitio­n, rendue publique hier soir, pour Nice-Matin. Me SaintPierr­e se dit toujours persuadé de son innocence.

Que savez-vous des circonstan­ces de sa mort ?

Maurice Agnelet a été libéré au mois de décembre, à la condition de résider chez son fils Thomas, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Il a dû subir plusieurs journées de confinemen­t assez strict, en raison du Covid, avant de résider chez lui. Et le  janvier, Thomas l’a retrouvé mort, dans son lit. Il a été victime d’un arrêt cardiaque dans la nuit.

Est-ce lié à la dégradatio­n de son état de santé en détention ?

Maurice Agnelet avait beaucoup décliné ces derniers temps. Sur un plan physiologi­que, c’était un homme âgé. Sur un plan mental, il allait de plus en plus mal. Je regrette vraiment que la justice ait tant tardé à le libérer. Elle aurait pu le faire beaucoup plus tôt. Il aura purgé presque douze ans de prison de sa peine, ce qui est beaucoup ! Je remercie vraiment la juge d’applicatio­n des peines et l’agent de probation de la prison de Caen de s’être si bien occupés de lui. C’est une question de dignité. La dignité, c’est de ne pas laisser un vieil homme mourir en prison ! Il a ainsi pu mourir chez son fils Thomas, la liberté retrouvée... pour quelques jours seulement.

L’ampleur de cette affaire a-t-elle freiné sa libération ?

Certaineme­nt. Et je ne peux que le regretter. Oui, la justice l’a condamné. Mais je ne croirai jamais dans le récit qu’a fait son fils aîné, Guillaume, à la cour d’assises de Rennes. Je n’imagine toujours pas Maurice Agnelet assassiner de sang-froid Agnès Le Roux. C’est ma conviction.

Que signifie la mort de Maurice Agnelet, après plus de quarante ans de saga judiciaire ?

Pourquoi donc cette affaire aura-t-elle duré  ans ? Ce sont les lenteurs de la justice. C’est ainsi. Et ces très longues affaires produisent des effets très graves sur toutes les personnes qui les subissent. La mort de Maurice Agnelet conclut cette très longue histoire judiciaire.

Est-ce véritablem­ent le point final, ou peut-il y avoir encore Me François Saint-Pierre avec Maurice Le Roux, en  à Rennes, lors de son procès devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine.

‘‘

Sa mort conclut cette très longue histoire judiciaire ”

un rebondisse­ment ?

Non, je ne le pense pas. Sauf à ce que, par le plus grand des hasards, on retrouve un jour des objets, des ossements, et que l’ADN parle. Cela remettrait alors en cause la version de Guillaume. Mais pour moi, le dossier est clos.

Sa famille est-elle toujours ce « champ de ruines » que l’on a décrit ?

Sa famille se résumait, ces derniers temps, à Thomas Agnelet. Il a souhaité porter son père jusqu’à au jour de sa mort. Maurice Agnelet n’avait plus d’autre contact avec personne – et certaineme­nt pas avec Guillaume Agnelet. C’était un homme seul. Hormis la main tendue de son fils Thomas.

Vous sembliez craindre cette issue rapide ?

C’est tout à fait exact. La liberté retrouvée, la fatigue du voyage, l’émotion de se retrouver chez son fils, face à l’océan... Pour lui, le combat était terminé. Il avait retrouvé la liberté et son fils.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco