L’Enfant des camps
Francine Christophe avec Pierre Marlière. Éditions Grasset. 128 pages. 12,90 €.
Un texte court, un peu plus de cent pages, mais percutant. Il a fallu du temps avant que les mots ne sortent. C’était tellement horrible. Car comme elle l’écrit
« mon enfance s’est achevée alors qu’elle avait à peine commencé ». Elle a huit ans et demi mais, en juillet , elle est arrêtée avec sa mère. Puis déportée. L’enfer commence par un interrogatoire de la Gestapo puis elle est envoyée dans un camp, puis dans un autre puis encore un autre... en France d’abord et en mai elle arrive au camp de concentration de Bergen-Belsen. L’arrivée : «La douche de désinfection. Des heures durant à attendre que l’eau coule, nus devant des soldats hilares. » L’eau coule d’abord brûlante puis glacée, sous les coups de bâton si on bouge. Humiliations, brimades, tout pour faire comprendre à ces Juifs qu’ils sont « comme des otages, des pièces à échanger » .Et ça continue, elle raconte tout ou presque : « Les nazis pouvaient faire de nous ce qu’ils voulaient, nos bourreaux n’avaient de compte à rendre à personne. » Son père aussi est déporté, plusieurs fois.
À Lübeck au final. Et pourtant, lui, elle et sa mère vont s’en sortir. Mais dans quel état ! Aujourd’hui, Francine peut enfin en parler. Alors elle va dans les collèges, les lycées, a écrit ce livre. Car, évidemment, il ne faut jamais oublier ce que fut la Shoah. Jamais. Et toujours cette question qui revient sans cesse : comment des hommes ont-ils pu faire cela ?
La photo de Francine Christophe est extraite du documentaire de Julien Johan et Michèle Durren, écrit avec la collaboration de Manon Pignot.