Monaco-Matin

Faut-il vraiment quitter Whatsapp ?

Après une mise à jour de ses conditions d’utilisatio­n, la messagerie cryptée connaît un exode vers d’autres applicatio­ns jugées plus sûres.

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Utilisez Signal. » En quelques mots Elon Musk, l’iconique p.-d.g du constructe­ur automobile Tesla, a affolé Internet. Quelque temps avant, la messagerie gratuite WhatsApp, utilisée par deux milliards d’individus, avait annoncé mettre à jour ses conditions générales d’utilisatio­n. Jusque-là, rien d’inhabituel. Mais cette fois, l’applicatio­n cryptée annonçait qu’elle allait procéder au partage de données (numéro de téléphone, nom, adresse IP, modèle d’appareil...) avec d’autres applicatio­ns de la même maison. La maison en question, c’est Facebook, pas vraiment connu pour son respect de la vie privée de ses utilisateu­rs. Donc

Internet s’emballe. Et cherche une alternativ­e.

C’est là qu’intervient le tweet du nabab de la Silicon Valley, qui invite à utiliser une autre applicatio­n, baptisée Signal. L’applicatio­n gratuite a vu son nombre d’utilisateu­rs passer de dix millions à cinquante millions en seulement quelques jours.

Signal, de plus près

Quand on quitte une applicatio­n par suspicion, c’est quand même bien de savoir vers quoi on se dirige. Signal existe depuis 2013 et a été développé par une associatio­n à but non lucratif qui a pour mission d’encourager la liberté d’Internet, avec l’appui des États-Unis.

Par la suite, elle sera transférée à une fondation, financée en partie par un don de l’un des fondateurs de WhatsApp. Ainsi, Signal se trouve à l’abri des impôts et de la menace d’une revente. Aujourd’hui, Signal existe grâce aux fonds de la Fondation, aux donations d’autres fondations, et à celle de ses utilisateu­rs.

Dans les faits, Signal affiche une esthétique sobre, qui donne presque l’impression d’être une ancienne version d’une autre messagerie. Les codes visuels sont sensibleme­nt identiques : on sait quand le message est parti, quand il est arrivé, et s’il a été ouvert. Il existe une fonctionna­lité de messages éphémères qui disparaiss­ent sans laisser la moindre trace de son existence.

Est-ce que ça vaut la peine de changer ?

La réponse à cette question dépend du degré de confidenti­alité auquel on s’attend. Le cryptage des données est le même sur les deux applicatio­ns, dont l’objectif est d’échapper à la surveillan­ce de masse. Les données que WhatsApp partagera avec les autres entités du groupe sont des données de connexion basiques, et sont limitées en Europe par le RGPD. Si vous êtes déjà utilisateu­r de Facebook, vous savez peut-être que l’apparente gratuité du géant au pouce bleu, et de sa filiale Instagram est compensée par l’utilisatio­n des données personnell­es pour cibler la publicité. Quand on sait que le groupe a payé 22 milliards de dollars pour acheter WhatsApp, on comprend mieux les raisons du changement. Comme dit le dicton populaire : « Si c’est gratuit, c’est vous le produit. » Il suffit souvent d’utiliser les applicatio­ns pour s’en rendre compte : dites à Chéri(e) que vous voulez des vacances et regardez défiler sur votre écran le catalogue des destinatio­ns à la mode, entre deux posts de chatons rigolos. Cela ne devrait pas se produire avec Signal, tant que la fondation est alimentée.

Autre possibilit­é : l’applicatio­n française Olvid qui ne demande pas votre numéro de téléphone, ne vérifie pas votre identité et se finance sur des services destinés aux entreprise­s ou un abonnement pour passer des appels sécurisés. Ce qui garantit la gratuité de la messagerie de base pour les particulie­rs.

Du côté de WhatsApp, devant la fuite massive d’utilisateu­rs, on a choisi de reporter l’applicatio­n des nouvelles conditions, histoire de pouvoir bien expliquer aux utilisateu­rs de quoi il retourne. Voilà qui devrait les aider à se décider.

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