Monaco-Matin

Losing Alice le savoir-faire israélien

Présenté lors de CanneSérie­s en octobre, le programme israélien débarque sur Apple TV et confirme le talent unique des créations de l’état hébreu en matière de séries.

- Losing Alice, sur Apple TV. MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr disponible à partir de demain,

Assez incroyable de se dire qu’un pays de moins de neuf millions d’habitants soit capable de sortir, tous les ans, des séries qui influencen­t autant le monde. Bienvenue en Israël qui, à partir de demain propose sur Apple TV, Losing Alice, un programme dont les deux premiers épisodes avaient été présentés en exclusivit­é lors de CanneSérie­s en octobre dernier. Avant ça, la série israélienn­e Téhéran avait déjà fait son petit effet sur la même plateforme en fin d’année dernière.

Mais Israël et les séries, c’est surtout Fauda, When Heroes Fly, Our Boys, Hatufim, The Spy, Hostages, False Flag, mais aussi Kvodo dont Your Honor, diffusé sur Canal+ à partir du 28 janvier et Un homme d’honneur qui arrive sur TF1 sont des adaptation­s.

Israël reste donc une source d’inspiratio­n pour tout le monde et

Losing Alice pourrait suivre cette voie sacrée. Justement, de quoi parle la nouvelle série portée par l’actrice Ayelet Zurer que l’on avait déjà vue dans Hostages mais aussi à l’affiche de Munich, Anges et démons ou Man of Steel ?

Un drôle de jeu entre deux femmes

Ayelet Zurer est Alice, une réalisatri­ce en panne d’inspiratio­n après avoir été une figure de proue du cinéma israélien en proposant des films novateurs, notamment sur le désir féminin, une sorte d’Erika Lust en quelque sorte. Elle a cinquante ans, se pose beaucoup de questions sur sa vie, sur son corps, sur son couple, sur son avenir profession­nel. Et puis voilà qu’un jour, dans un train, elle rencontre une jeune fille au look moderne qui semble la reconnaîtr­e. « Vous êtes Alice, non ? Vos films ont modelé ma vision de la féminité. De la sexualité. Sans vous, je n’aurais jamais su qu’une femme pouvait agir ainsi. Qu’elle y avait droit. » Voilà Alice bouleversé­e, chamboulée, perturbée par cette jeune fille qui lui propose de réaliser un film à partir de son scénario, un thriller érotique.

Alors qu’elle s’est lancée, majoritair­ement pour des raisons alimentair­es, dans la réalisatio­n de spots publicitai­res pour des produits laitiers tout en s’occupant de ses enfants, Alice se plonge dans la lecture de ce scénario. Elle en est toute retournée. Pis, elle se retrouve presque attirée physiqueme­nt par Sophie, divinement jouée par Lihi Kornowski, sans vraiment savoir pourquoi.

Losing Alice parle du vide du processus créatif

Sophie est tout ce qu’Alice n’est plus, elle est jeune, sexy, pétillante, inspirée, inspirante, libre. Alors se met en place un drôle de jeu entre Alice et Sophie, fait de jalousie, de regards, de non-dits, de mensonges et surtout de désir. Sans oublier que le mari d’Alice est un acteur populaire. Il trouve Sophie brillante, surtout depuis qu’il a reçu son scénario. Au fond, Losing Alice raconte le processus difficile de la création. Cette angoisse de la page blanche ou l’immense difficulté de celui qui n’est plus quand il a été. Si douée et si adulée, Alice se retrouve aujourd’hui dans la peau d’une mère de famille qui vit au milieu des jouets de ses enfants dans une maison qu’elle déteste et qui semble l’emprisonne­r. Un abandon que l’on voit jusque dans ses habits difformes. Mais plus elle se rapproche de Sophie, plus elle se met en danger, plus elle retrouve son inspiratio­n, plus elle reprend confiance en elle, en son corps, en sa sexualité. Se brûler pour ranimer sa flamme. Cette série de huit épisodes fonctionne comme un parfait thriller psychologi­co-érotique.

On est rapidement happé par la détresse d’Alice mais aussi par ses interrogat­ions.

Cela confirme surtout le talent israélien pour les séries, et ce peu importe le sujet abordé. Un sans-faute encore une fois.

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