OPÉRATION SPORT FÉMININ TOUJOURS
« Notre combat est quotidien » Nodjialem Myaro, présidente de la Ligue féminine de handball, promeut la pratique sportive des femmes et sa mise en lumière à travers sa passion. Explications avec l’ex-joueuse tricolore
Il suffit d’un coup d’oeil sur son CV pour être saisi de vertige. Elle a tutoyé les sommets dans son sport en tant que joueuse professionnelle et elle continue de gravir les cimes du handball français comme dirigeante. Nodjialem Myaro, présidente de la Ligue féminine de handball (LFH) et vice-présidente de la Fédération française de handball (FFHB) depuis 2013, se bat au quotidien pour développer sa passion. Notamment en entraînant la pratique des femmes, professionnelles ou non, dans son ascension. À 44 ans, l’ancienne Niçoise (lire cidessous) n’a pas attendu cette semaine spéciale dédiée à l’opération Sport féminin toujours (1), organisée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en partenariat avec le ministère des Sports, pour s’engager. En tête de cordée.
Que représente pour vous Sport féminin toujours ?
Une mise en lumière du sport féminin dans sa globalité.
Cela aide à augmenter sa visibilité. Et ça représente une prise de conscience, une considération puis une volonté de nous accompagner. Ce qui s’avère très positif. Même si on garde toujours un sentiment un peu contrasté de se dire qu’il faut devoir passer par ce genre d’opérations pour gagner en notoriété. Apparemment, c’est le chemin à suivre. Depuis que cela existe, il y a une augmentation de la visibilité du sport féminin. Un peu comme un moteur, un accélérateur pour faire bouger les choses.
Des actions ont-elles été prévues au niveau de la LFH ?
De notre côté, nous faisons en sorte de ne pas attendre cette semaine-là pour nous engager.
Notre combat est quotidien. Nous construisons par exemple régulièrement une histoire en parlant des matches de LFH avec la mise en place de reportages inside pour éclairer la vie des clubs, des joueuses, des dirigeants...
Cette année, l’accent a été mis sur l’impact de la crise sanitaire au sein du sport féminin. Et le handball n’a pas été épargné...
En généralité, le sport féminin demeure beaucoup plus fragile que le sport masculin. Le handball n’a pas échappé à cette règle. Nous sommes très touchés.
Le huis clos a de grosses conséquences économiques sur les clubs de LFH. On va vraiment commencer à rentrer dans le dur. On ne sait pas quand nous allons pouvoir renouer avec le public. Le sponsoring connaît
aussi des difficultés et nous ignorons comment les entreprises vont réagir à l’avenir. Y aura-t-il un impact sur la masse salariale des clubs ? Sur le renouvellement des équipes ? Nous voilà confrontés à plusieurs inconnues.
Craignez-vous une descente aux enfers pour les clubs ?
La saison dernière, nous sommes passés de à clubs pour gagner en visibilité, étendre un peu plus notre championnat au niveau national et aussi pour protéger les deux derniers [aucune des douze équipes de LFH n’a été rétrogradée en , Ndlr]. Mais si ça continue, l’équilibre économique entier de certains clubs pourrait être remis en question avec cette crise tandis que d’autres pourraient effectuer des réajustements pour s’adapter. Pour autant, l’objectif final est de repartir à l’an prochain. Les clubs auront alors survécu même si les années à venir risquent d’être également difficiles. Mais, là encore, nous les soutiendrons.
Pourtant, depuis sa création en , la LFH a progressé. Votre regard sur son évolution ?
Les clubs se sont mieux structurés notamment grâce à un accompagnement avec un cahier des charges qui a permis de cadrer les choses sur le plan administratif, au niveau des salariés, de la visibilité... Sans oublier le récent naming du championnat : la Ligue Butagaz Énergie [en ] .Une première dans l’histoire du sport collectif féminin français. Et de manière locale, les clubs se sont eux aussi affirmés. Mais il reste une marge de progression pour certains. Comme pour la LFH d’ailleurs. Sportivement, notre ligue s’avère attractive, avec un très bon niveau et des équipes européennes.
Le retrait de BeIn Sports et l’arrivée de Sport en France (chaîne du CNOSF) n’ont-ils pas fragilisé la visibilité de la LFH ?
Nous avons réussi à rebondir avec Sport en France. On valorise les clubs en grandissant ensemble. Il s’agit d’un propulseur différent d’un seul canal. Cela nous pousse aussi à travailler pour attirer un autre public via les réseaux sociaux. Les clubs s’en servent aussi pour diffuser leurs rencontres. L’idée est bonne. Maintenant, il ne faut pas oublier que l’on parle d’un produit. La LFH contribue financièrement, avec Sport en France, à la diffusion des matches. Voilà la différence avec les garçons qui profitent des droits télé. Ça reste hallucinant...
En Paca, la Ligue compte trois clubs dans l’élite : Toulon/SaintCyr, Nice et Plan-de-Cuques. Votre sentiment sur cette terre de handball féminin ?
Il s’agit un peu de trois générations. Toulon/Saint-Cyr qui est à ce niveau-là depuis longtemps. Nice qui s’est structuré un peu après. Et Plan-de-Cuques, un club qui revient sur le devant de la scène en première division. C’est formidable de voir autant d’acteurs du handball féminin sur une seule et même région. Un secteur géographique vraiment dynamique pourvu aussi d’un vivier de joueuses intéressantes pour la formation. Pour nous, c’est une très très bonne chose. 1. Jusqu’au 24 janvier, avec le secrétariat d’État chargé del’ÉgalitéentrelesfemmesetleshommesetdelaLutte contre les discriminations, cette opération incite les médias à consacrer plus de sujets liés au sport féminin.