Ivre, elle malmène des pompiers et un policier
Une administratrice de sociétés avait beaucoup trop bu ce 4 juin 2020 au Quai des Artistes. Et l’amende est salée : 5 000 euros
Son débordement d’outrages immondes était-il destiné à insulter ou plutôt à soulager une âpre rancoeur éprouvée par une quinquagénaire britannique depuis sa jeunesse ? Seul le livre bleu rigoureux du code monégasque pouvait aider à la vérité.
À l’écoute des invectives mortifiantes et des violences de la prévenue envers deux pompiers et un policier, le tribunal correctionnel a prononcé une peine de 5 000 euros d’amende, une contravention à 45 euros et le versement de 500 euros pour chaque partie civile.
Peut-être les juges ont-ils perçu une perfide imagination à travers la dureté de caractère de cette administratrice de plusieurs sociétés en Principauté ?
Coups de pied et crachat
Pourtant, à la barre, cette femme n’exprime que des regrets et ne conteste pas plus les faits, malgré sa mémoire défaillante sur la soirée du 4 juin 2020.
Ce soir-là, au Quai des Artistes, elle boit beaucoup au point de s’endormir à sa table, assommée par la boisson vers 1 h 40. Le chef barman croit alors à un malaise à cause de la quantité d’alcool ingurgitée. Et il alerte les services de secours.
Quand deux sapeurspompiers et un policier arrivent pour lui venir en aide, ils se font copieusement insulter, menacer. Furieuse, la prévenue distribue même des coups de pied et n’hésite pas non plus à leur cracher dessus.
Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle veut connaître la version des fonctionnaires assermentés.
« Cette personne refusait de décliner son identité, certifient les deux pompiers présents à l’audience. Puis ce sont des outrages et des menaces en permanence dès que nous avons installé cette dame sur le brancard et jusqu’à l’hôpital. »
« Je voulais décompresser »
La parole est à la prévenue pour expliquer son comportement. « Alcoolisée, j’ai paniqué quand j’ai aperçu ces deux hommes venir vers moi masqués. Jeune, j’ai été agressée sauvagement en Irlande. Ces images de peur
sont revenues dans ma tête. Quant au crachat, il a peut-être été causé par des spasmes et des sécrétions car je suis asthmatique. Je n’étais plus sortie depuis le mois de mars à cause du confinement. Je voulais décompresser. J’ai entrepris depuis une démarche thérapeutique… » Conseil des parties civiles, Me Hervé Campana va être bref, mais cassant. « Ceux que je défends sont amenés à intervenir la nuit et ils sont habitués aux cas les plus durs. Mais les accuser de viol, cela ne passe pas. Il y a une limite. Pensez aussi au crachat et ses conséquences en période de Covid-19. Chaque pompier
sollicite la somme de 500 euros. »
Pour le premier substitut Cyrielle Colle la prévenue a dérapé au lieu de se calmer. « Elle n’a blessé personne. Mails il faut sanctionner son comportement. Prenez en compte ses profonds regrets et sa volonté de thérapie. » Elle requiert alors la peine d’amende de 15 000 euros, plus 45 euros de contravention. « Car on ne traite pas les services de sécurité de cette manière. »
Le tribunal s’en tiendra aux peines mentionnées plus haut.