La « soif de l’or » au coeur du procès du rapt Veyrac
La journée d’hier était consacrée aux plaidoiries des parties civiles. Les avocats de la femme d’affaires niçoise et de sa famille ont dénoncé le mensonge permanent des accusés
Q «uand on n’admet pas la moindre once de vérité, il est toujours difficile de se défendre. » Me Guy Alias, du barreau de Marseille, a dénoncé le règne du mensonge après trois semaines d’audience dans le procès des ravisseurs de Jacqueline Veyrac, aux assises des Alpes-Maritimes.
La parole était, hier, aux parties civiles. Trois avocats. Trois visions identiques du calvaire enduré par la femme d’affaires, 76 ans au moment des faits. « Les conditions dans lesquelles elle a été séquestrée sont abominables. Elle aurait pu mourir d’une crise cardiaque, d’une émotion pareille, d’une peur pareille. [...] Et tout cela n’est dû qu’à la bêtise et à l’absence totale d’empathie », a cinglé d’une voix calme Me Luc Febbraro, du barreau de Marseille.
Enlèvement « d’une chose »
«Lasoifdel’or.» C’est ainsi que l’avocat de Jacqueline Veyrac a résumé le mobile. Il ne croit pas à un simple désir de vengeance. «Lasoif de l’or chez ces gens-là est telle, a-t-il plaidé en désignant les accusés, qu’elle finit par anesthésier ce qui leur reste de retenue, de morale, de lucidité. On a tellement envie de croire qu’on va s’enrichir par millions d’euros que ça vous tire par la manche, ça vous harcèle jour et nuit. »
Me Benjamin Taïeb a dénoncé l’équipe des « déménageurs » : les gros bras chargés de l’enlèvement,
Me Luc Febbraro, avocat de Jacqueline Veyrac (à droite), a plaidé hier avec ses confrères de la partie civile.
plus préoccupés selon lui par la camionnette, les couvertures, le serflex, que par ce qu’ils transportaient : un être humain. « On a l’impression qu’on a enlevé une chose. » Malgré le fait qu’il ait parlé, Philip Dutton – qualifié de « Rambo » – n’a pas été épargné, soupçonné d’édulcorer le scénario pour minimiser son rôle. « Il faut être très prudent avec ses déclarations. » Pour la partie civile, le rôle de Luc Goursolas, le paparazzi, a également été déterminant. «À partir du moment où il entre en piste, tout va très vite. »
« Coïncidences fâcheuses »
Complice ou pas complice ? Me Luc Febbraro penche pour la première hypothèse. « Je ne suis pas resté insensible au récit de sa vie, de ses malheurs, au drame de sa gamine […]. J’aimerais le croire, mais je ne peux pas. Il y a des coïncidences extrêmement fâcheuses. La balise qui passe à un rythme supérieur le lundi 24, la téléphonie qui s’agite le matin des faits. » Pour l’avocat, Goursolas a joué un rôle actif. Lundi, pour l’ultime semaine du procès, le tribunal entendra les réquisitions de l’avocate générale, Annie BrunetFuster.
Verdict attendu jeudi.