Monaco-Matin

La « soif de l’or » au coeur du procès du rapt Veyrac

La journée d’hier était consacrée aux plaidoirie­s des parties civiles. Les avocats de la femme d’affaires niçoise et de sa famille ont dénoncé le mensonge permanent des accusés

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Q «uand on n’admet pas la moindre once de vérité, il est toujours difficile de se défendre. » Me Guy Alias, du barreau de Marseille, a dénoncé le règne du mensonge après trois semaines d’audience dans le procès des ravisseurs de Jacqueline Veyrac, aux assises des Alpes-Maritimes.

La parole était, hier, aux parties civiles. Trois avocats. Trois visions identiques du calvaire enduré par la femme d’affaires, 76 ans au moment des faits. « Les conditions dans lesquelles elle a été séquestrée sont abominable­s. Elle aurait pu mourir d’une crise cardiaque, d’une émotion pareille, d’une peur pareille. [...] Et tout cela n’est dû qu’à la bêtise et à l’absence totale d’empathie », a cinglé d’une voix calme Me Luc Febbraro, du barreau de Marseille.

Enlèvement « d’une chose »

«Lasoifdel’or.» C’est ainsi que l’avocat de Jacqueline Veyrac a résumé le mobile. Il ne croit pas à un simple désir de vengeance. «Lasoif de l’or chez ces gens-là est telle, a-t-il plaidé en désignant les accusés, qu’elle finit par anesthésie­r ce qui leur reste de retenue, de morale, de lucidité. On a tellement envie de croire qu’on va s’enrichir par millions d’euros que ça vous tire par la manche, ça vous harcèle jour et nuit. »

Me Benjamin Taïeb a dénoncé l’équipe des « déménageur­s » : les gros bras chargés de l’enlèvement,

Me Luc Febbraro, avocat de Jacqueline Veyrac (à droite), a plaidé hier avec ses confrères de la partie civile.

plus préoccupés selon lui par la camionnett­e, les couverture­s, le serflex, que par ce qu’ils transporta­ient : un être humain. « On a l’impression qu’on a enlevé une chose. » Malgré le fait qu’il ait parlé, Philip Dutton – qualifié de « Rambo » – n’a pas été épargné, soupçonné d’édulcorer le scénario pour minimiser son rôle. « Il faut être très prudent avec ses déclaratio­ns. » Pour la partie civile, le rôle de Luc Goursolas, le paparazzi, a également été déterminan­t. «À partir du moment où il entre en piste, tout va très vite. »

« Coïncidenc­es fâcheuses »

Complice ou pas complice ? Me Luc Febbraro penche pour la première hypothèse. « Je ne suis pas resté insensible au récit de sa vie, de ses malheurs, au drame de sa gamine […]. J’aimerais le croire, mais je ne peux pas. Il y a des coïncidenc­es extrêmemen­t fâcheuses. La balise qui passe à un rythme supérieur le lundi 24, la téléphonie qui s’agite le matin des faits. » Pour l’avocat, Goursolas a joué un rôle actif. Lundi, pour l’ultime semaine du procès, le tribunal entendra les réquisitio­ns de l’avocate générale, Annie BrunetFust­er.

Verdict attendu jeudi.

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(Photo archives Dylan Meiffret)
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