Monaco-Matin

Le Bic cristal révolution dans l’écriture

Bon marché, de bonne qualité et capable d’écrire deux kilomètres : c’est en 1950 que le premier Bic Cristal fait son apparition. Il sera suivi d’autres modèles tout aussi révolution­naires.

- La France qui bouge, K. MICHEL kmichel@nicematin.fr

Regardez combien je suis un homme du peuple, j’écris avec un stylo Bic ! » avait coutume de dire le candidat Bolsonaro durant la campagne électorale qui devait le mener à la présidence du Brésil. Okay, l’exemple n’est pas le plus sympa qui soit… mais le plus récent en tout cas, pour illustrer la révolution Bic à travers les âges et l’image populaire du stylo-bille inventé dans les années cinquante par le Français Marcel Bich. Capable d’écrire deux kilomètres (c’est ce que dit la pub !), il s’en vendrait deux cents à la seconde dans le monde. Un record de longévité pour un stylo en plastique, jetable et bon marché donc… que l’on a tous passé sous la semelle de sa chaussure un jour où l’encre refusait de sortir… Vous vous en souvenez ? D’origine italienne, Marcel Bich, dit « le baron Bich » travaille dans une entreprise de fabricatio­n d’encre pour les stylos à plume. Et décide de lancer sa propre entreprise de fabricatio­n de plumes. Il s’associe avec un camarade, Édouard Buffard. Les deux hommes mettent toutes leurs économies dans un atelier de trois cents mètres carrés, à Clichy. PPA (pour porte-plume, porte-mines et accessoire­s) naît en 1945.

L’idée du stylo-bille lui vient, dit-on, en 1948 dans son jardin : «En voyant une brouette et la roue qui l’entraînait, il a imaginé le fameux roulement », expliquait il y a deux ans, Benoit Marotte, directeur général de Bic sur l’antenne d’Europe 1 (1). Sauf que l’idée a déjà été déposée par un industriel hongrois installé en Argentine, László Bíró. Mais tout ne fonctionne pas super bien pour lui. La bille ne roule pas assez, l’encre coule… Le Baron Bich rachète le brevet et perfection­ne le système. Le stylo à bille Bic – nom raccourci du baron – est né. « Le challenge à l’époque, était d’inventer un produit qui marche bien, longtemps et qui soit abordable », rappelait encore Benoit Marotte. Le premier Bic cristal sort en 1950, pour un prix de 50 centimes de franc de l’époque. Il a été vendu à plus de 100 millions d’exemplaire­s quatre ans après sa création, et est déjà présent dans quelques pays d’Europe.

Mais le baron ambitionne de révolution­ner le monde scolaire. Le ministère de l’Éducation nationale lui offre cette opportunit­é sur un plateau en publiant en 1965, un décret autorisant l’entrée officielle du stylo-bille dans les écoles. Car jusque-là, les écoliers maniaient une plume Sergent Major pour apprendre les rudiments de la calligraph­ie. Les anciens bureaux d’école étaient frappés de ce trou rond, si caractéris­tique pour porter l’encrier dans lequel les scolaires plongeaien­t leur stylo-plume régulièrem­ent. Le stylo à bille devient un véritable confort dans l’apprentiss­age… Et marque depuis, les plus belles heures d’apprentiss­age de l’écriture. La révolution du stylo à bille conforte aussi son image avec son logo, pensé par Raymond Savignac, un affichiste alors très réputé sur la place publique. Ce petit bonhomme planté droit comme un i à côté du nom est aussi reconnaiss­able dans la conscience populaire que la gamme de stylos à laquelle il est associé. Les modes se succèdent, les concurrent­s – Reynolds, Paper Mate entre autres – lancent leurs gammes mais le Bic reste indétrônab­le. D’autant qu’au fil des ans, le cristal se décline en rouge, vert, bleu et noir. Se renouvelle d’abord avec le M10 premier stylo-bille rétractabl­e en 1956… Et le stylo quatre couleurs enfin, qui réunit quatre sources d’encre dans le même étui ! Une véritable révolution dans les années soixante-dix tout en rondeur et en bruit, si caractéris­tique lors du changement de couleurs. Ça aussi, vous vous souvenez ?

Le  couleurs en série limitée

Devenu iconique, le quatre couleurs se décline désormais en éditions limitées : ballerines, mariages, chatons... et même une édion spéciale pour les personnels soignants (un coffret acheté, 1 euro reversé

(2) à la Fondation des Hôpitaux de Paris). Et encore en une collection version (très) haut de gamme en partenaria­t avec la maison de joaillerie Tourmaire : le stylo est coulé dans le bronze et doré à l’or 24 carats. Pour la somme modique de… 290 euros ! L’entreprise a également fait évoluer le capuchon de son cristal (percé d’un trou), comme la petite tête en boule de son quatre couleurs (devenue creuse) pour éviter les étouffemen­ts en cas de machouilla­ge ! Parce que les capuchons, la petite boule, on sait tous comment ça finit aussi non ? Aujourd’hui, le groupe Bic c’est aussi les rasoirs jetables, des briquets. Notez que, toujours selon Benoit Marotte en 2018, le marché français représenta­it seulement 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise (deuxième marché dans le monde après les États-Unis) mais 50 % de la production mondiale sort des usines françaises.

En voyant la roue d’une brouette tourner, le Baron Bich eut l’idée…

1. Dans

2. Uniquement sur leur site. en 2018.

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