Monaco-Matin

Antoine Zeghdar : un bleu, au coeur rouge et blanc

Brillant espoir du rugby français, Antoine Zeghdar a toujours gardé les pieds sur terre. Enfant de la Principaut­é et fier de l’être, l’internatio­nal tricolore n’a jamais oublié ses origines

- TOM EVELEIGH monaco@nicematin.fr

De Toulon à Oyonnax, en passant par l’équipe de France à sept, Antoine Zeghdar ne cesse de s’affirmer au haut niveau. Auteur d’une saison impression­nante en ProD2, il a gagné la confiance de son coach et voit plus loin. Depuis son départ du nid, l’ancien joueur de la Principaut­é s’est donc fait un nom dans l’élite du rugby français. Avec les qualificat­ions aux Jeux Olympiques qui se dérouleron­t dans son pays natal le 19 juin prochain, l’occasion est parfaite pour l’internatio­nal bleu de retrouver ses terres.

«Làoùtout a commencé »

Antoine n’a plus joué pour le club monégasque depuis ses quatorze ans, mais l’ASM Rugby représente bien plus qu’une simple équipe formatrice. Malgré son ascension fulgurante, le jeune joueur est resté fidèle à son club de coeur. « C’est là où tout a commencé », affirme le grand gaillard. « Je suis très attaché à ma ville. C’est là où je suis né et j’espère pouvoir y retourner après ma carrière ». Pour celui qui est devenu incontourn­able dans le collectif d’Oyonnax, Monaco restera à jamais son premier amour. Si le centre du club de l’Ain gravit les échelons loin de chez lui, l’équipe de la Principaut­é n’est jamais oubliée.

« J’essaye de suivre les résultats et de revenir quand je peux. C’est aussi un moyen pour moi de recharger les batteries ». En ricanant, le jeune homme se remémore tous les bons moments passés au stade de Cap-d’Ail, ancien domicile du club de la Principaut­é. « Au-delà des titres, mon temps à Monaco fait partie de mes meilleurs souvenirs dans le rugby. Je jouais pour l’amusement », admet-il.

Entre le centre de formation à Hyères, les espoirs à Toulon ou encore son premier contrat profession­nel, tout s’est enchaîné rapidement. Ce retour à la maison au mois de juin est donc très attendu. « Je suis parti tôt de Monaco pour suivre mes rêves de devenir rugbyman. L’idée de maintenant revenir et représente­r la France à sept c’est juste incroyable. J’espère de tout coeur être sélectionn­é ! »

« La famille, c’est mon point d’attache »

Installé dans son appartemen­t oyonnaxien, le jeune athlète a bien du mal à cacher ses émotions. À plus de 580 km de chez lui, la nostalgie est évidemment au rendez-vous. « C’est très dur de ne pas voir sa famille pendant plusieurs mois. Ce sont mes piliers, mon point d’attache », confie-t-il. Ému, la voix tremblante, Antoine revient sur cette relation fusionnell­e entre lui et son père. « On s’appelle régulièrem­ent. Que ce soit avant ou après chaque match, c’est devenu un genre de rituel. Il m’aide à rester concentré sur mes objectifs. » En quittant le cocon familial à l’âge de quinze ans, Antoine a vécu « la période la plus compliquée » de sa vie. Face au mal du pays, ses parents se sont alors transformé­s en confidents. Un rôle qu’ils continuent d’endosser même six ans après. « Il a eu une baisse de régime il y a quelques jours et on en a parlé au téléphone », révèle son père Salim Zeghdar. « Dès qu’il a une fracture du mental, je suis là pour l’aider ».

Si c’est souvent dur de garder le moral, tous ces sacrifices n’ont qu’accentué le lien puissant entre Antoine et sa famille. Et pour Salim, ces années de galère en valaient bien la peine. «Jesuis fier de ce qu’il est devenu. On l’est tous. Même s’il n’avait pas eu cette carrière, ce n’est pas grave. On voit son bonheur sur le terrain et ça c’est la plus belle des récompense­s ».

Les pieds sur terre

Du haut de son mètre quatre-vingt-dix-huit et ses 103 kg, Antoine a peut-être un gabarit imposant, mais c’est « un grand gentil » selon ses proches. Humble et réservé, le passionné du ballon ovale a bien gardé les pieds sur terre. « Je remercie tous ceux qui m’ont aidé à travers les années. Je suis chanceux d’avoir eu un très bon entourage à mes débuts. Et sans eux, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. » Alors que beaucoup prennent facilement le boulard à son âge, Antoine préfère rester modeste. Selon le père de famille, cela fait partie de son éducation. «Onluia toujours inculqué qu’il ne fallait jamais mentir à soimême. C’est notre règle d’or. Je ne suis peut-être pas le plus objectif, mais c’est un garçon avec un bon fond ». Baigné dans le monde du rugby à haut niveau depuis son adolescenc­e, il a souvent eu du mal à jongler entre sa vie sociale et sa vie de rugbyman. Il était pourtant inenvisage­able de perdre de vue ses copains d’enfance.

« On est resté en contact malgré son emploi du temps chargé », affirme son meilleur ami, Ian-Soren Cabioch. « On se parle tous les jours sur les réseaux sociaux et il nous envoie régulièrem­ent des messages pour prendre de nos nouvelles. C’est le même gamin que j’ai toujours connu ».

 ?? (Photos Dir. Com. / Michael Alesi et DR) ?? Antoine Zeghdar (à droite) a rendu visite aux enfants de l’ASM Rugby en mars dernier
(Photos Dir. Com. / Michael Alesi et DR) Antoine Zeghdar (à droite) a rendu visite aux enfants de l’ASM Rugby en mars dernier

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