Dans l’intimité de Domi
Après son décès brutal en novembre, son livre Christophe Dominici, Bleu à l’âme a été réédité. Un témoignage bouleversant enrichi par son papa et ses amis du rugby.
Trois mois et demi, déjà ! C’était le 24 novembre. À Paris. Au parc Saint-Cloud. Et personne ne peut encore expliquer la trajectoire mortelle de Christophe Dominici (48 ans). Rien n’accrédite à ce jour la thèse du suicide avancée un peu hâtivement par les médias, thèse d’ailleurs immédiatement réfutée par sa famille.
Et il y a fort à parier qu’on ne sache jamais ce qu’il s’est vraiment passé au sommet de cette funeste friche. Comme Jeannot et Nicole ses parents, sa compagne Loretta, ses filles Kiara et Mya, ses amis, et tous ceux qui l’ont aimé d’une façon ou d’une autre, personne ne pourra l’oublier vraiment… Non, personne ici n’oubliera jamais le minot, bien de chez nous, « monté à la capitale » pour devenir un géant parmi les plus grands, les incroyables succès de cette « crevette » corso-varoise au pays des malabars...
Un stade portera bientôt son nom dans la capitale, un trophée va être créé pour saluer sa mémoire, des gens continueront de lui rendre visite au cimetière de la Ritorte à Hyères, où il repose désormais avec sa soeur Pascale. Et l’on racontera encore longtemps l’histoire de ce jeune homme au coeur meurtri, qui a su changer le plomb en or pour tutoyer les sommets rugbystisques et forcer l’admiration de tous avant de tirer sa révérence prématurément pour aller rejoindre et peutêtre même danser avec les étoiles.
Admiration et affection
Une histoire déjà couchée en grande partie sur papier par Christophe en 2007 et rééditée aujourd’hui, enrichie d’une émouvante lettre que lui adresse son papa au-delà des cieux et des témoignages fraternels de Yann Delaigue, Fabien Galthié, Max Guazzini et Bernard Laporte.
Christophe Dominici, Bleu à l’âme (2021), retrace toujours sa vie, son oeuvre, ses succès, explique aussi ses doutes et ses fragilités et finalement nous aide à mieux comprendre son destin brisé (1). Ce livre se veut aussi un hommage bouleversant à l’homme et au joueur d’exception (2). Dans une longue lettre à son fils, Jeannot – qui ne vit plus que dans son souvenir et «essaie aujourd’hui d’apprécier tout ce qui est positif : un hommage, mot gentil un sourire », pour dépasser son chagrin – raconte son Christophe, avec émotion et pudeur. Loretta, sa compagne nous ouvre également les pages d’un album photos,
Christophe Dominici : une trajectoire aussi glorieuse que tragique qui restera dans la mémoire collective...
et ses compagnons de route rugbystique témoignent de leur admiration et de leur affection, de tout ce que Christophe, dont la générosité pouvait être débordante, leur a apporté. Pour son père, cela ne fait aucun doute : « C’est l’échec du projet de reprise du club de rugby de Béziers qui lui a fait le plus mal. Il ne l’a pas vu venir. Il s’est senti trahi et sali. ». Mais aujourd’hui
Jeannot préfère regarder devant lui et imaginer son fils prodigue «en paix» pour essayer de trouver un sens à sa cruelle absence : «Aujourd’hui, mon Christ, mon chéri, tu n’es plus là physiquement parmi nous quand tous les objets, les sons, les discussions ne parlent que de toi. Mais je me dis que tu es paisible, tu te reposes enfin, tu ne souffres plus. Même si elle est totalement irrationnelle, je m’accroche à cette pensée. Quoi faire d’autre ? ». Jeannot ton papa qui t’aime signe-t-il à la fin comme pour souligner que ce sera désormais immuable et pour l’éternité.
1. Édition Le Cherche Midi. Prix 18,90 euros.
2. L’ailier de poche formé à La Valette puis au Rugby Club Toulonnais aura finalement remporté cinq boucliers de Brennus avec le Stade français, deux grands chelems avec les Bleus (67 sélections), disputé deux finales de coupe d’Europe, mais aussi participé à trois coupes du monde...