Une jeunesse à haut risque
Depuis un mois, les incidents qui mettent en cause des mineurs se multiplient : bagarres, coups de couteau, meurtre avec préméditation… Sous pression en raison de la crise sanitaire, les adolescents seraient-ils en train de disjoncter ?
Ces dernières semaines, des faits d’une rare violence dont sont victimes ou auteurs de tout jeunes adolescents sont en recrudescence. Il y a quelques jours, la France découvrait le visage triste d’Alisha. La collégienne de 14 ans aux lunettes rondes à très fine monture est décédée par noyade, frappée et poussée dans la Seine par deux camarades de classe à Argenteuil, dans le Val d’Oise.
« Liée au confinement »
Un drame qui fait écho au décès de deux adolescents de 14 ans, poignardés lors d’une rixe entre bandes rivales le 21 février à Saint-Chéron et le 22 à Boussy-Saint-Antoine, dans l’Essonne. Mi-janvier, Yurij, un collégien de 15 ans, a passé plusieurs jours dans le coma après avoir été lynché en plein Paris par une bande d’adolescents. Dans les Alpes-Maritimes, c’est un Niçois de 16 ans qui a été poignardé, jeudi, pour un motif qui n’a pas encore été clairement établi.
Dans une moindre mesure, mais tout aussi choquant, la violente bagarre qui a opposé, mi-février, deux élèves du collège René-Cassin à Tourrette-Levens, au cours de laquelle une enseignante, qui tentait de les séparer, a eu le nez cassé. Les élèves ont continué à se porter des coups alors que l’enseignante était à terre, blessée. A Menton, un élève a récemment créé l’émoi en venant au collège avec un pistolet factice. Qu’elles conduisent à la mort ou non, ces violences perpétrées par des adolescents sur d’autres adolescents ou sur des adultes interpellent. Pour Erik de Brun, du syndicat d’enseignants FSU, cette « escalade de violence est liée au confinement ».
L’adolescence, période à haut risque
Selon l’organisation mondiale de la Santé (OMS), « l’adolescence est une période de préparation à l’âge adulte au cours de laquelle ont lieu des étapes clés du développement. (...) Si l’adolescence est un moment de croissance et de potentiel exceptionnel, c’est également un moment où les risques sont importants et au cours duquel le contexte social peut exercer une influence déterminante. » Ces adolescents, privés de liberté en raison des restrictions de déplacement (couvre-feu à 18 heures, confinement le week-end), soumis au stress devant une société chamboulée à l’avenir incertain, seraient-ils en train de disjoncter à un âge où ils sont particulièrement vulnérables ? Depuis le début de la crise sanitaire, il y a un an, de nombreux faits de violences impliquant des mineurs, sont à déplorer. La plupart commis en dehors de l’école. Aurait-on franchi un cap avec des passages à l’acte dans l’enceinte d’un établissement scolaire, supposé représenter l’ordre et la discipline ?