Racontent leur vécu Léa, avocate niçoise : « On paye très cher le confinement d’avril »
Léa Charamnac, avocate niçoise, quatre ans de barre, s’était engagée dans la grève de sa profession, hostile au projet de réforme du régime de retraite. Un mouvement dur, paralysant pour une machine judiciaire déjà encombrée. La colère à peine retombée, l’épidémie a pris le relais. « Le début d’année 2020 a été très compliqué », se souvient la jeune femme. Un euphémisme.
Chiffre d’affaires en chute de plus de %
En avril, elle demande l’aide gouvernementale, son chiffre d’affaires ayant chuté de plus de 50 %. « La justice était alors complètement à l’arrêt. Il a alors fallu s’adapter très rapidement. » Tout le monde y a mis du sien à écouter la juriste. « Le bâtonnier Troin a été très réactif alors que les retards dans les procédures se sont accumulés. Une catastrophe pour certains justiciables, d’autant plus qu’ils étaient tenus à distance des audiences. » Devant le juge aux affaires familiales, les clients des avocats ne sont pas admis. Au pénal, nombre d’affaires sont classées sans suite ou réorientées. Au civil, la procédure sans audience est créée. Des pis-aller à écouter les professionnels du droit mais qui permettent à la justice d’être rendue malgré tout pour les affaires les plus urgentes.
« Certains dossiers sont actuellement reprogrammés en 2022. C’est parfois difficile de l’expliquer à nos clients qui ne comprennent pas toujours. » La conséquence est aussi un manque à gagner pour la jeune avocate qui ne peut facturer son travail tant que la procédure n’est allée à son terme. Et aucune juridiction n’échappe à ces retards accumulés « On paye encore les effets du premier confinement », souligne Me Charamnac. « Une cliente, victime de violences conjugales, a attendu un an que son ex-conjoint soit jugé ce mercredi [lire aujourd’hui, ndrl]. Et J’ai eu cette date parce que j’ai beaucoup insisté. »
« Les délais pour les justiciables sont devenus parfois catastrophiques », déplore Me Charamnac.