Un an de Covid vu par le prince Albert II
C’est un anniversaire dont on se serait bien passé auquel Monaco Info a consacré une émission hier soir. Un an de Covid en Principauté ponctué par un entretien avec le souverain. Extraits
Au centre d’un plateau TV encerclé d’écrans balayés par des vues de la Principauté, le prince Albert II s’est confié, hier soir sur Monaco Info, sur sa gestion de la crise sanitaire et économique depuis un an. Un face-à-face avec Patricia Navarro d’une vingtaine de minutes, durant lequel le souverain a rappelé avoir été « guidé par un équilibre permanent entre préservation de la santé des Monégasques et intérêts économiques de la Principauté ». Une crise dont on ne perçoit pas l’issue et pour laquelle le Prince admet « qu’il ne faudra pas qu’elle dure trop longtemps, au-delà de cette année économiquement ».
Une situation « extraordinaire » dont il conviendra de tirer des leçons. De là à tendre vers plus d’autonomie sanitaire à l’avenir, comme le souhaite le président du Conseil national ? «Je comprends qu’il y ait eu certaines hésitations au départ et une mauvaise coordination entre différents pays. Maintenant, fort de cette expérience, je suis sûr que ce sera mieux organisé à l’avenir et que certains pays pourront prendre des initiatives si jamais nous devions faire face à une autre crise sanitaire. » Entre deux confidences sur ses enfants, le souverain a confié avoir acquis durant ces derniers mois une certaine dextérité avec les outils de visioconférence, et ainsi gardé le contact avec des amis et décideurs du monde entier. Un chef d’État qui, rassurant sur son état de santé (lire ci-contre), n’a pas ressenti de manque dû à cette pause forcée dans ses voyages internationaux. « Peut-être que j’avais besoin de souffler un peu et de revenir à l’essentiel. Mais je sais que ça reviendra, peut-être pas avec la même fréquence et la même intensité dans mes déplacements. » Un propos ponctué par des félicitations aux institutions, associations et bénévoles en première ligne face au virus, ainsi qu’aux résidents et salariés monégasques pour leur respect des consignes. « Cette compréhension et cette discipline ont contribué aussi à ce que le virus ne se répande pas aussi fortement en Principauté alors que, malheureusement, ça n’a pas été le cas autour de nous. » Extraits.
Un an ! Vous imaginiez ?
« C’était une maladie qu’on ne connaissait pas. Une situation tout à fait inédite. On pensait que ça n’allait durer que quelques mois et que tout allait pouvoir reprendre assez normalement, assez vite. Un an après, il faut encore tenir compte de beaucoup de choses pour envisager une possible sortie de crise. Quand on n’a pas de projection dans l’avenir, à court comme à long terme, c’est un petit peu angoissant et très dérangeant. Je comprends la frustration de beaucoup de personnes et cette envie de retrouver un semblant de normalité. »
Concilier santé et économie
« Je ne pense pas que c’était un choix cornélien, mais il fallait prendre des mesures les plus équilibrées possible et sauver ce qui pouvait l’être en matière économique. Faire reprendre petit à petit les activités économiques, en tenant compte de l’impact sur la situation sanitaire dans nos établissements de santé et ceux du pays voisin. Un équilibre subtil et parfois difficile à atteindre. »
Monaco exemplaire ?
« Nous avons un très bon service hospitalier et on a pu prévoir en amont le nombre de lits et les personnels nécessaires. Il y a eu une très bonne coordination entre différents services et professions de santé, couplée avec le travail d’associations comme la Croix-rouge Monégasque et la Force publique et la Sûreté publique. Une très belle mobilisation générale. Certes, c’est plus facile à coordonner quand on est un petit État, mais les problématiques sont les mêmes pour tous les pays, c’est l’échelle qui est différente. D’un point de vue économique, toutes les aides et mesures que l’État a pu amener ont largement contribué à maintenir l’économie dans un état à peu près satisfaisant. »
Des Monégasques stigmatisés ?
« Oui. Mais il faut remettre ça dans le contexte de nos voisins des Alpes-Maritimes
et Niçois en particulier. Il y avait une pression très forte de certaines catégories professionnelles qui étaient frustrées de ne pas pouvoir ouvrir [après la décision de maintenir ouvert les restaurants le midi pour les résidents et salariés par exemple, nldr], et en ont appelé à leurs élus pour faire ces déclarations. Mais j’ai pu m’entretenir avec M. Estrosi depuis, le ministre d’État aussi, et je pense que tout cela va rentrer dans l’ordre très vite. Il n’y a aucune animosité d’aucune part. »
À quand la relance ?
« Différents scénarios de plans de relance existent et doivent être encore améliorés et peaufinés. Ils sont réactualisés en permanence, en tenant compte de la situation et d’une possible échéance, mais il faut se préparer à ce que ça ne soit pas dans un avenir immédiat. »
Covid- et environnement
« Des constats ont été faits sur la résilience de la nature. S’il y a moins d’impact de l’humain, Mère Nature reprend ses droits. Là, nous avons une opportunité extraordinaire. Profitons de cette sortie de crise pour envisager un autre mode de fonctionnement qui puisse aussi créer des emplois, faire la part belle à l’innovation technologique et aborder cet autre mode de société pour plus de respect pour l’environnement. »