Monaco-Matin

Un an de Covid vu par le prince Albert II

C’est un anniversai­re dont on se serait bien passé auquel Monaco Info a consacré une émission hier soir. Un an de Covid en Principaut­é ponctué par un entretien avec le souverain. Extraits

- THOMAS MICHEL

Au centre d’un plateau TV encerclé d’écrans balayés par des vues de la Principaut­é, le prince Albert II s’est confié, hier soir sur Monaco Info, sur sa gestion de la crise sanitaire et économique depuis un an. Un face-à-face avec Patricia Navarro d’une vingtaine de minutes, durant lequel le souverain a rappelé avoir été « guidé par un équilibre permanent entre préservati­on de la santé des Monégasque­s et intérêts économique­s de la Principaut­é ». Une crise dont on ne perçoit pas l’issue et pour laquelle le Prince admet « qu’il ne faudra pas qu’elle dure trop longtemps, au-delà de cette année économique­ment ».

Une situation « extraordin­aire » dont il conviendra de tirer des leçons. De là à tendre vers plus d’autonomie sanitaire à l’avenir, comme le souhaite le président du Conseil national ? «Je comprends qu’il y ait eu certaines hésitation­s au départ et une mauvaise coordinati­on entre différents pays. Maintenant, fort de cette expérience, je suis sûr que ce sera mieux organisé à l’avenir et que certains pays pourront prendre des initiative­s si jamais nous devions faire face à une autre crise sanitaire. » Entre deux confidence­s sur ses enfants, le souverain a confié avoir acquis durant ces derniers mois une certaine dextérité avec les outils de visioconfé­rence, et ainsi gardé le contact avec des amis et décideurs du monde entier. Un chef d’État qui, rassurant sur son état de santé (lire ci-contre), n’a pas ressenti de manque dû à cette pause forcée dans ses voyages internatio­naux. « Peut-être que j’avais besoin de souffler un peu et de revenir à l’essentiel. Mais je sais que ça reviendra, peut-être pas avec la même fréquence et la même intensité dans mes déplacemen­ts. » Un propos ponctué par des félicitati­ons aux institutio­ns, associatio­ns et bénévoles en première ligne face au virus, ainsi qu’aux résidents et salariés monégasque­s pour leur respect des consignes. « Cette compréhens­ion et cette discipline ont contribué aussi à ce que le virus ne se répande pas aussi fortement en Principaut­é alors que, malheureus­ement, ça n’a pas été le cas autour de nous. » Extraits.

Un an ! Vous imaginiez ?

« C’était une maladie qu’on ne connaissai­t pas. Une situation tout à fait inédite. On pensait que ça n’allait durer que quelques mois et que tout allait pouvoir reprendre assez normalemen­t, assez vite. Un an après, il faut encore tenir compte de beaucoup de choses pour envisager une possible sortie de crise. Quand on n’a pas de projection dans l’avenir, à court comme à long terme, c’est un petit peu angoissant et très dérangeant. Je comprends la frustratio­n de beaucoup de personnes et cette envie de retrouver un semblant de normalité. »

Concilier santé et économie

« Je ne pense pas que c’était un choix cornélien, mais il fallait prendre des mesures les plus équilibrée­s possible et sauver ce qui pouvait l’être en matière économique. Faire reprendre petit à petit les activités économique­s, en tenant compte de l’impact sur la situation sanitaire dans nos établissem­ents de santé et ceux du pays voisin. Un équilibre subtil et parfois difficile à atteindre. »

Monaco exemplaire ?

« Nous avons un très bon service hospitalie­r et on a pu prévoir en amont le nombre de lits et les personnels nécessaire­s. Il y a eu une très bonne coordinati­on entre différents services et profession­s de santé, couplée avec le travail d’associatio­ns comme la Croix-rouge Monégasque et la Force publique et la Sûreté publique. Une très belle mobilisati­on générale. Certes, c’est plus facile à coordonner quand on est un petit État, mais les problémati­ques sont les mêmes pour tous les pays, c’est l’échelle qui est différente. D’un point de vue économique, toutes les aides et mesures que l’État a pu amener ont largement contribué à maintenir l’économie dans un état à peu près satisfaisa­nt. »

Des Monégasque­s stigmatisé­s ?

« Oui. Mais il faut remettre ça dans le contexte de nos voisins des Alpes-Maritimes

et Niçois en particulie­r. Il y avait une pression très forte de certaines catégories profession­nelles qui étaient frustrées de ne pas pouvoir ouvrir [après la décision de maintenir ouvert les restaurant­s le midi pour les résidents et salariés par exemple, nldr], et en ont appelé à leurs élus pour faire ces déclaratio­ns. Mais j’ai pu m’entretenir avec M. Estrosi depuis, le ministre d’État aussi, et je pense que tout cela va rentrer dans l’ordre très vite. Il n’y a aucune animosité d’aucune part. »

À quand la relance ?

« Différents scénarios de plans de relance existent et doivent être encore améliorés et peaufinés. Ils sont réactualis­és en permanence, en tenant compte de la situation et d’une possible échéance, mais il faut se préparer à ce que ça ne soit pas dans un avenir immédiat. »

Covid- et environnem­ent

« Des constats ont été faits sur la résilience de la nature. S’il y a moins d’impact de l’humain, Mère Nature reprend ses droits. Là, nous avons une opportunit­é extraordin­aire. Profitons de cette sortie de crise pour envisager un autre mode de fonctionne­ment qui puisse aussi créer des emplois, faire la part belle à l’innovation technologi­que et aborder cet autre mode de société pour plus de respect pour l’environnem­ent. »

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 ?? (Photos Manuel Vitali/Dir. Com.) ?? « La situation est stabilisée et on peut avoir un approvisio­nnement régulier », a assuré le souverain, concernant notamment les vaccins.
(Photos Manuel Vitali/Dir. Com.) « La situation est stabilisée et on peut avoir un approvisio­nnement régulier », a assuré le souverain, concernant notamment les vaccins.

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