Monaco-Matin

« Ils ne remplacent pas une prise de sang, mais permettent rapidement de lever un doute »

Cyril Colombani, Président de l’Union nationale des pharmacien­s d’officine dans le 06

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC

Cyril Colombani, qui exerce à Roquebrune-Cap-Martin, se dit favorable au principe de l’autotest. Mais il veut attirer l’attention sur les modalités d’utilisatio­n, dont dépendent le suivi et la prise en charge des patients positifs et de leurs cas contact.

Comment fonctionne l’autotest ?

C’est le même principe que pour les dizaines de tests rapides d’orientatio­n diagnostiq­ue que nous connaisson­s. Ils ne remplacent pas une prise de sang, mais permettent rapidement de lever un doute. À ceci près qu’ici, avec un écouvillon à passer dans le nez, la fiabilité du test dépend aussi de la qualité du prélèvemen­t. Ensuite, un réactif et un signe un petit trait ou un rond - pour une réponse en une à deux minutes. Mais quel qu’il soit, un test n’est utile que si le résultat entraîne une modificati­on du comporteme­nt ou un changement thérapeuti­que. Ici, ce qui est important, c’est que le résultat, s’il est positif, soit validé par un test nasopharyn­gé. À titre personnel, je suis un peu inquiet. Un an après le premier confinemen­t, nous sommes tous fatigués, nous en avons tous marre, les efforts que l’on nous demande sont de plus en plus difficiles à accepter et j’ai peur que l’autotest ne donne un faux sentiment de sécurité.

Mais le résultat sera fiable ?

Ce n’est pas parce que le résultat est négatif sur l’instant que,  heures après, on ne peut pas être positif. C’est un point que beaucoup ont du mal à comprendre. On peut se trouver dans la période d’incubation et être contagieux. De la même façon que nous devons rappeler aux patients vaccinés qu’ils doivent tout de même porter le masque, respecter les gestes barrières.

Où et comment doit-il être vendu ?

L’autotest se réalise en autonomie, à domicile. Sans la parole d’un profession­nel de santé pour rappeler qu’il faut faire attention. J’espère que ce dispositif va favoriser la réouvertur­e des lieux culturels ou des restaurant­s. Les gens prendront l’habitude de les utiliser, par exemple avant de rencontrer des membres fragiles de leur famille.

De même, nous avons tous des réunions sur le mode présentiel, pour lesquelles l’autotest sera une facilité.

Mais pour moi, il doit être vendu en pharmacie. Car il faut des conseils, pas seulement des produits.

Quand les pharmacien­s en disposeron­t-ils ?

Nous recevons tous des bons de commande avec une possibilit­é de livraison sous  heures Pour l’instant, nous attendons la liste des autotests validés. Mais une autre question à se poser concerne la façon dont le résultat sera exploité. Aujourd’hui, en cas de test positif, quel que soit le profession­nel de santé, médecin, laboratoir­e, pharmacien, infirmer, l’informatio­n est enregistré­e dans un logiciel qui permet de suivre l’évolution du virus. La Haute autorité de santé a demandé qu’il y ait un moyen fiable de lire le test. Pour l’instant, on ne sait pas.

Vous doutez de la discipline des « autotestés » ?

Il ne faut pas oublier que l’on n’est pas pestiféré, quand on est Covid +. Par contre, il faut se mettre en sécurité, s’isoler et permettre le traçage des contacts. En conclusion, je suis favorable à l’autotest, à condition que l’on ne puisse pas cacher un résultat positif. Or, nous avons constaté ici, à la pharmacie, des comporteme­nts inquiétant­s. Des gens qui ne voulaient pas être déclarés, d’autres qui nous avaient donné une fausse identité, d’autres encore que j’ai vus, deux ou trois jours après un test positif, à leur poste de travail. Tout cela pour ne pas être confinés, pour garder leur liberté.

Nous ne sommes pas là pour faire la police, mais j’ai eu des discussion­s houleuses avec quelques patients. Nous sommes beaucoup à respecter la loi, ennuyés par le petit nombre qui s’y soustrait. La nature humaine est ainsi faite.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco