L’infirmière était violente avec une centenaire
Tribunal correctionnel Au moment d’administrer des médicaments à une dame de 101 ans et face à son refus, la soignante s’était mise en colère. La scène avait été enregistrée par une auxiliaire de vie
Une infirmière libérale de Beausoleil a comparu une seconde fois devant le tribunal correctionnel pour des faits de violences verbales sur personne vulnérable. À l’audience du 30 novembre dernier, le jugement avait été justement reporté afin d’écouter un enregistrement audio révélé et capté par une auxiliaire de vie avec son téléphone portable. Un témoignage édifiant, particulièrement instructif pour comprendre le comportement inapproprié de la soignante le 14 décembre 2019. Ses propos arrogants et autoritaires, vociférés pendant vingt-cinq minutes sur la bande-son diffusée dans le prétoire, ont démontré son irritabilité pour une unique raison : la malade, décédée le 13 juin dernier à 102 ans, refusait de prendre ses médicaments.
« Avalez ces médicaments ou je vous les mets dans la bouche ! »
Dans ce dialogue de sourds, où alternent en permanence injonction, sommation, intimidation, complainte, peur, rejet, on éprouve à la fois de l’horreur pour la quadragénaire et une pitié excessive, presque de la faiblesse, pour la centenaire. « Avalez ces médicaments ou je vous les mets dans la bouche ! Obéissez-moi ! Vous ne m’écoutez pas ! Je ne bougerais pas tant que vous ne les avez pas pris ! saisit-on au passage d’une part. Laissez-moi tranquille ! Arrêtez ! Non, non et non, je ne les prendrai pas ! perçoit-on en réponse sur le ton du gémissement. Doit-on observer qu’il n’est pas toujours facile de composer avec des personnes très âgées en proie à des phénomènes de régression à la fois psychiques et intellectuels, entraînés par la sénescence ?
Même si on ressent de l’exaspération vis-à-vis de ces aînés, il faut être patient, les respecter. Dans cette optique, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle, visiblement choqué, à l’intention de faire réagir la prévenue. Il s’enquiert de ce qu’elle éprouve face à son comportement avec le recul. « Cela me désole d’entendre ce que j’ai fait, confesse l’infirmière. J’étais fatiguée. C’est la première fois que cette dame était dans un tel état »... Le premier substitut Cyrielle Colle prend le relais et rappelle à voix intense que la soignante a disjoncté au bout de trois minutes.
Deux mois de prison avec sursis
« Pourtant cette personne ni ne vous agresse, ni s’oppose. Et vous continuez de hurler. Votre comportement est inacceptable. Sans l’enregistrement, on n’aurait jamais cru qu’une victime pouvait subir autant de violences. Vous présentez soixante attestations de patients confiants qui louent vos compétences. Mais votre moralité était inadaptée pour la centenaire. La forcer jusqu’à mettre les médicaments dans la bouche : c’est dangereux. La menacer de l’attacher au lit : c’est de la maltraitance. C’est inacceptable ! On est sur des faits graves. Quatre mois d’emprisonnement assortis du sursis est une peine adaptée ».
Le tribunal a reconnu la prévenue coupable et l’a condamnée à deux mois d’emprisonnement avec sursis. En revanche, la décision n’apparaîtra pas sur son casier judiciaire afin de ne pas assombrir l’avenir professionnel de l’infirmière.