Monaco lance le sprint final
Tchouaméni suspendu et blessé à la cheville pour plusieurs jours, Eliot Matazo pourrait prendre la relève dans l’entrejeu face aux Lorrains. L’investissement du Belge est loué par Kovac
Remplacer Tchouaméni n’est pas une mince affaire. Dans l’entrejeu, l’international Espoirs impressionne, marque et en impose. Cette saison, le milieu aux 29 titularisations pèse 2 buts, 2 passes et demeure le meilleur récupérateur de L1 en 2021. Le talent est certain, il s’est même étoffé ces derniers mois, mais il n’est pas un bouclier infaillible. L’ex-Bordelais est suspendu cet après-midi contre Metz et il vient de contracter une blessure à la cheville qui va le tenir éloigné des terrains quelques jours (lire ci-dessous). Les Monégasques s’apprêtent à affronter deux fois les Grenats en trois jours, et le joueur de 21 ans devrait manquer les deux rencontres (en L1 aujourd’hui donc et mardi en huitième de la Coupe de France), obligeant l’ASM à dégoter un remplaçant. A l’orée du sprint final, décisif pour le podium et le titre, Niko Kovac pourrait sortir Matazo de son chapeau pour suppléer le natif de Rouen, dans un samedi à la dramaturgie folle puisqu’il mettra aussi Paris, Lille et Lyon sur le pré. Rien d’autre que les trois premiers.
Kovac :
« C’est un phénomène »
Fabregas et Luis sont d’autres options dont le technicien croate dispose, mais quand Fofana ou Tchouaméni n’étaient pas de la partie récemment, c’est le Belge de 19 ans qui fila au front. Ce fut le cas contre Saint-Etienne en décembre ou en Coupe devant Nice en mars. Il pourrait donc tenir la corde face à Metz, candidat à l’Europe. Recruté à Anderlecht en 2018, le Bruxellois d’origine congolaise a fait ses premiers pas en L1 fin septembre et traverse une saison charnière de sa jeune carrière. « Eliot est dans mes plans, a indiqué Kovac cette semaine. Il est une option pour samedi (aujourd’hui, NDLR) .Ilaété très bon contre Nice en Coupe et m’a montré qu’il était capable d’évoluer à ce niveau. Il n’a pas beaucoup joué mais c’est un phénomène. Il est parfois déçu de ne pas entrer, mais son attitude dans le travail est fantastique. Je n’ai pas peur de l’aligner. Je crois en lui. » Le regard attendri de son entraîneur, Matazo a tout fait pour l’obtenir. Sur le Rocher, il s’est forgé l’image d’un garçon solaire, attachant et bosseur. Entouré de sa mère et de deux de ses trois soeurs, il ne vit que pour le football. Il décortique ses matchs à la vidéo et dévore la Ligue des champions pour s’inspirer des meilleurs.
Surnommé Mavuba
Un état d’esprit façonné par les galères de l’existence. A peine arrivé à La Turbie, opéré d’une déformation de la hanche, il se voit écarté des terrains pendant huit mois mais serre les dents. « Le plus dur, c’est que ça ne s’arrêtait jamais. Les médecins disaient qu’il en avait pour deux mois, puis trois, cinq, huit…, rembobine un proche. Cette période a été compliquée mais ça l’a forgé. Il aime d’ailleurs lire de plus en plus de biographies de sportifs. La dernière, c’était sur Kobe Bryant, sa
mentalité et sa façon d’être. »
Des lectures qui l’ont également aidé à remonter la pente après son expulsion sévère survenue contre les Verts, fin 2020, soir d’une première titularisation en L1. « Après le match, je lui avais envoyé un message, confessait Youssouf Fofana, jeudi. Il était déçu, son geste ne valait pas une expulsion mais il n’était pas plus dégoûté que ça. Il a continué à travailler pour gratter du temps de jeu. »
Son profil lui offre un surnom. « On l’appelle Rio, révèle Fofana. Ila des similitudes avec Mavuba : sa capacité à répéter les efforts, son dynamisme sur les dix-vingt premiers mètres. Il est toujours placé au bon endroit. » Son déficit de taille (1,75 m) est « un détail » dixit Fofana. Ce qui ne l’est pas, en revanche, ce sont les axes de progression de l’ex-capitaine des U16 belges. « Il peut donner plus sur les transitions défensives, les contre-efforts. A la perte de balle, il n’est pas toujours assez réactif et il en est conscient, liste un proche. Il doit aussi améliorer la prise d’informations avant de recevoir le ballon pour ne pas être surpris par le retour d’un joueur dans son dos. »
Pour mieux lire le jeu, il copie Fabregas, pas le plus mauvais des professeurs. Ne lui reste plus qu’à réciter sa leçon face aux Lorrains.